Xavier Jugelé, un héros des temps modernes mort pour la France


Hommage

La 248e victime injustement fauchée par de déchirantes balles. On préfèrerait ne pas plus avoir à effectuer ce décompte macabre. Le policier de 37 ans, originaire de Romorantin, est tombé sous des tirs barbares jeudi 20 avril sur la plus belle avenue du monde à Paris.

Xavier Jugelé avait profité du week-end de Pâques pour venir se ressourcer en Sologne dans un cadre familial. Quelques jours plus tard, il était cruellement assassiné sur les Champs-Élysées alors qu’il effectuait juste son travail et l’une de ses dernières missions sur la voie publique au sein de la 32e compagnie de la Direction de l’ordre public et de la circulation de la préfecture de police de Paris, en attendant de rejoindre de façon imminente la section relations internationales de la police judiciaire où il venait d’être promu. Hasard de la vie, le fonctionnaire s’était impliqué au Bataclan, d’abord le 13 novembre 2015 pour sécuriser la zone touchée par une terreur aveugle et sanglante puis le 12 novembre 2016 pour la réouverture des lieux gratifiée d’un joyeux concert de Sting tentant de panser les blessures passées. Xavier Jugelé est le sixième policier victime du terrorisme depuis 2015, meurtrissant à nouveau le département du Loir-et-Cher après la disparition des sœurs Marion et Anna Pétard-Lieffrig il y a deux ans. Un hommage national lui a été rendu mardi 25 avril à 11 heures dans la cour de la préfecture de police de Paris en présence du président de la République François Hollande et de la famille du défunt, ainsi que de nombreux hommes et femmes politiques dont le sénateur maire de Romorantin, Jeanny Lorgeoux. Derrière la tribune, face au cercueil au linceul bleu-blanc-rouge, le compagnon du disparu, Étienne Cardiles, a prononcé un discours assuré, émouvant, empreint d’amour vrai et de sincère tendresse pour celui qui partageait jusqu’ici sa vie, et surtout « sans haine » tel qu’il l’a lui-même précisé à maintes reprises. Les obsèques de Xavier Jugelé ont ensuite eu lieu à Romorantin ce mardi 25 avril dans les murs de pierre de la petite église de Lanthenay, à 17 heures. Michel Jugelé, ancien major de la base aérienne de Pruniers-en-Sologne et père du jeune capitaine, a évoqué son fils aîné «tombé sous les balles, je le dis, d’un tueur de flics !» en émettant un souhait, fort, qu’il a répété et répété. « Dans un mois, dans six mois, dans un an, j’aimerai bien qu’on n’oublie pas ce qui s’est passé ainsi que les événements antérieurs, que ça soit des policiers, des gendarmes, des civils lambda comme on le dit dans nos termes militaires. Il ne faut pas oublier ces gens-là et ne pas recracher sur tous ceux qui servent l’État. Mon fils a donné sa vie pour ça, je vous demande de ne pas l’oublier.»  Dehors, la pluie n’a cessé de battre le pavé cet après-midi-là. Les chevelures étaient trempées et les corps grelottaient, saisis par une météo printanière soudainement frisquette, mais tout ceci semblait bien dérisoire face à l’indicible froideur qui emplissait des cœurs pourtant bien en vie.

É. Rencien