RÉAGIR Dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes qui a lieu le 25 novembre, un programme de sensibilisation sur le thème « Violences conjugales : enfants victimes aussi ! » est proposé jusqu’au 29 novembre dans tout le département, aux scolaires, aux professionnels et au grand public.
Chloé Cartier-Santino
L’ensemble des acteurs du territoire (Etat, collectivités locales, partenaires institutionnels et associatifs) se mobilise jusqu’au 29 novembre dans le cadre de la 7e édition de la « Semaine de lutte contre les violences faites aux femmes » qui se déroule dans tout le département. « On peut se féliciter car le Loir-et-Cher est le département le plus actif de la région Centre – Val de Loire dans le cadre de cette semaine, avec une vingtaine d’actions pour sensibiliser le plus grand nombre », a souligné Lisbeth Ngouanet, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité, lors de la présentation de la semaine. Afin d’attirer l’attention de l’opinion publique et des professionnels sur les enjeux particuliers des enfants victimes collatérales de violences conjugales, l’édition 2018 est consacrée à cette problématique. « Les violences intraconjugales peuvent se traduire physiquement, psychologiquement, sexuellement, mais aussi par des négligences, et les enfants les subissent aussi indirectement, en y assistant, en voyant leur mère blessée ou encore lorsque les forces de l’ordre doivent intervenir à leur domicile », a souligné Nadia Baradji, conseillère au Planning familial. En 2017, ce sont 143 enfants qui ont accompagné leur mère à l’accueil de jour Artemisia, à Blois, porté par le Planning familial. Et entre le 1er janvier et le 30 septembre 2018, il y a eu 96 enfants suivis dans le cadre de violences conjugales par l’intervenante sociale du conseil départemental de Loir-et-Cher placée auprès des forces de l’ordre.
« Réagir peut tout changer »
« En 2017, en Loir-et-Cher, plus de 370 femmes ont été repérées comme victimes de violences et plus de 200 000 au niveau national », a relevé Florence Doucet, conseillère départementale déléguée à l’enfance, la famille et aux personnes handicapées, avant d’ajouter : « Un travail est mené au quotidien, en collaboration avec les services de l’Etat et du Département ». En effet, de nombreux dispositifs ont été mis en place ces dernières années. « Au parquet de Blois, nous avons toutes les semaines des exemples de violences faites aux femmes et sur 350 personnes déférées depuis le début de l’année, un tiers des cas concernait des violences intrafamiliales », a déploré le procureur de la République, Frédéric Chevallier, avant d’insister : « Si je connais quelqu’un victime de violences, je ne peux pas le taire ». Un écho au slogan « Violences sexistes et sexuelles, réagir peut tout changer » qui accompagne la semaine de mobilisation. Le procureur a également rappelé que la loi a récemment évolué avec la prise en compte des enfants en tant que victimes dans les violences familiales. Par ailleurs, en Loir-et-Cher, un nouveau protocole départemental de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes est en cours d’élaboration. La déléguée aux droits des femmes, l’Etat, le procureur de la République et de nombreux partenaires se sont associés pour le rédiger. Objectifs : poursuivre la communication sur les dispositifs, consolider la prise en charge des femmes, mieux se coordonner avec les dispositifs s’occupant des enfants victimes de violences conjugales, développer les accompagnements des personnes les plus vulnérables mais aussi préciser et consolider certaines procédures d’accompagnement.
QUELQUES CHIFFRES
En France, 83 % des femmes ayant appelé le 3919, Violences Femmes Info, ont des enfants. Dans 93 % des cas, ces enfants sont témoins de violences et dans 21,5 % des cas, ils sont eux-mêmes maltraités.
143 000 enfants vivent dans un foyer où leur mère a déclaré être victime de violences de la part de son conjoint ou de son ex-conjoint, et 42 % ont moins de 6 ans.
En 2016 : 25 enfants mineurs sont décédés, tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple.
Sources : étude de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire, enquête de l’Insee.
LES DISPOSITIFS en Loir-et-Cher
L’Etat et ses partenaires travaillent ensemble pour mener différentes actions dans le Loir-et-Cher contre les violences faites aux femmes et de nombreux dispositifs ont été mis en place ces dernières années. Depuis 2013, le planning familial reçoit les femmes victimes et assure un suivi social approprié à l’accueil de jour Artemisia (28 rue des Ecoles, à Blois). Un poste de référente violences a été créé et confié à l’Association d’accueil de soutien et de lutte contre les détresses (ASLD), en 2013, dont la mission est de permettre une prise en charge globale dans la durée des femmes victimes de violences, avec notamment l’accès à un hébergement et à un travail, afin de les mener à l’autonomie. Par ailleurs, une intervenante sociale, salariée du Conseil départemental, assure les liaisons nécessaires à la garantie d’un traitement social adapté aux situations signalées par la police ou la gendarmerie. Sa mission étant prioritairement tournée vers l’évaluation des situations et leurs orientations vers les services compétents permet de compléter les dispositifs déjà existants par une approche sociale.
Téléphone grave danger
Le téléphone grave danger dit « TGD », a été mis en œuvre en 2015 dans le Loir-et-Cher. Ce dispositif de téléassistance dispose d’une touche préprogrammée pour joindre un service accessible 7j/7 et 24h/24. Son attribution revient au procureur de la République, en lien avec l’association d’Aide aux victimes 41 et la déléguée aux droits des femmes. Il en existe deux pour le département. Parmi les autres actions se trouvent également l’accompagnement des parcours de sortie de la prostitution dont le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF 41) est référent, l’engagement des bailleurs sociaux (Terres de Loire Habitat, Loir-et-Cher logement et Immobilière Centre Val de Loire) pour reloger les femmes victimes de violences conjugales, mais aussi une convention avec Pôle Emploi pour faciliter leur insertion professionnelle. A savoir également : une plaquette financée et réalisée par l’Etat intitulée « Vos contacts ans le Loir-et-Cher » recense les principaux partenaires associatifs et institutionnels. Elle informe aussi le public sur le 3919, Violences Femmes Info, numéro anonyme et gratuit. Elle est disponible chez les partenaires de l’Etat et en préfecture, mais aussi téléchargeable sur le site www.loir-et-cher.gouv.fr.
PROGRAMMATION variée
De nombreux évènements sont prévus dans le Loir-et-Cher jusqu’au 29 novembre, aussi bien pour les scolaires, les jeunes, le grand public et les professionnels sur le thème des violences faites aux femmes. Collégiens et lycéens seront donc sensibilisés par le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CDIFF 41) avec des interventions dans les classes, et cette année, pour la première fois, les primaires seront aussi concernés avec des CM1-CM2 de l’école Bel-Air de Blois. « Sur toutes les femmes victimes de violences, seulement 19 % porte plainte, c’est donc un véritable problème de société sur lequel la ville de Blois travaille tout au long de l’année avec des actions régulières, notamment envers les jeunes, pour favoriser l’égalité hommes/femmes », rappelle Claire Louis, conseillère municipale déléguée aux droits des femmes. Côté professionnels, des policiers municipaux de Blois suivront une formation avec l’association Aide aux victimes 41 afin de mieux comprendre les mécanismes des violences conjugales pour améliorer la prise en charge des victimes. Les organismes dédiés à l’enfance (hôpitaux, protection de l’enfance, association pour la protection de l’enfance…) sont également mobilisés. Et de nombreux rendez-vous pour le grand public sont prévus (conférences, ciné-débat, théâtre…). A noter notamment : projection-débat du film « Jusqu’à la garde » de Xavier Legrand (21 novembre à 20h30, au cinéma Les Lobis, à Blois, et le 29 novembre, à 14h, au centre hospitalier de Romorantin), pièce de théâtre « La Cave », par la compagnie du Hasard (22 novembre à 20h30, salle Jean-Claude Déret à Saint-Gervais-la-Forêt), procès fictif avec des jeunes du collège Les Provinces de Blois (26 novembre à 14h, au tribunal de grande instance, en fonction des places disponibles), démonstration de self-défense féminine à Romorantin (26 novembre à 10h30, à la Maison départementale des comités sportifs, 27 novembre à 10h30, au CCAS et le 28 novembre à 14h à l’Espace Saint-Exupéry, puis à 15h au service jeunesse « L’Atelier »).
Programme complet sur www.loir-et-cher.gouv.fr ou www.blois.fr