Villebarou : Vicissitudes climatiques, le monde agricole ne veut plus tomber dans le panneau


“Pas de transition sous pression !” Ils et elles ont fait entendre leurs voix la semaine du 20 novembre depuis le Loir-et-Cher. En interpellant le Président de la République et le Gouvernement à leur manière … l’écriteau positionné à l’envers.
Des panneaux d’entrée de communes retournés en Loir-et-Cher ont surpris les automobilistes le 21 novembre. Certains ont cru avoir la berlue ou n’être pas assez réveillés en allant de bon matin au bureau. Qui, quoi, pourquoi ? Les mairies avaient été prévenues en amont, concernant cette action qui se voulait pacifique et sans danger. Une opération à l’initiative de la FNSEA, Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, et des Jeunes Agriculteurs de Loir-et-Cher. Les deux parties engagées ont expliqué la raison de cette fantaisie : “Alors que les agriculteurs subissent violemment le changement climatique, la réponse des pouvoirs publics est insatisfaisante et insuffisante ! Plan bio, plan protéines, plan de relance, plan fruits et légumes, plan viticulture, etc. L’accumulation de plans ces dernières années n’a pas empêché l’empilement de normes. Ces mesures sont des réponses de très court terme, ni structuration ni vision claire apportées au secteur agricole. Dans ce contexte, il serait irresponsable d’inciter des jeunes à s’installer et à reprendre des exploitations ! Les agriculteurs sont découragés et le défi de la transition apparaît de plus en plus insurmontable et loin de leurs réalités. Le message est clair : Pas de transition sous pression ! ” L’ensemble du réseau FNSEA et JA de la région Centre-Val de Loire a de fait entamé des actions de mobilisation dans la nuit du 20 au 21 novembre 2023. François-Xavier Rone, président FNSEA41, et Jeanne Hermant, présidente JA41, ont appuyé sur le cadre de ce contexte : “S’il y a bien une chose que l’agriculture française a su faire au cours des sept dernières décennies, c’est répondre présent pour relever les défis qui lui sont assignés. (…) À ce jour, la seule perspective qui nous est offerte est la surenchère normative, la surtransposition comme seule la France en a le secret. Elle s’engage sur la voie de la fiscalité écologique punitive quand l’agriculture demande des trajectoires d’accompagnement. Les niveaux d’importations alimentaires ne cessent d’augmenter et la France laisse sans réagir entrer sur le territoire européen des productions moins disantes que les nôtres sur les plans écologique et social… Nous réclamons que le Président de la République tienne sa parole, et donne à l’agriculture française les moyens, tous les moyens, d’être pleinement actrice dans les enjeux alimentaires, énergétiques et environnementaux d’avenir. La Ferme France n’en peut plus des injonctions contradictoires, des décisions court-termistes ou basées sur une idéologie qui ne prend même pas la peine d’en référer à la science, ni à la réalité de notre modèle agricole. C’est pourquoi nous appelons nos agricultrices et agriculteurs de la région Centre Val de Loire à se mobiliser, en retournant les panneaux des communes car l' »on marche sur la tête » ! Ensemble, nous portons dans les communes, devant les citoyens, notre ras-le-bol. ” Et en effet, des panneaux communaux ont été mis à l’envers ici et là localement, dans le Loir-et-Cher, à Romorantin, entre Saint-Romain-sur-Cher et Contres, à la Ferté-Imbault, à Villebarou, Danzé, Azé, etc. Et ces actions de retournement sont d’ampleur nationale, puisque des cas ont également été rapportés en Lozère, autre département rural, par nos confrères de Midi Libre, tout comme en Vendée selon le média Actu.fr, etc.

Et le glyphosate par ailleurs, on en parle…
Pendant ce temps, en parallèle à Blois, devant les grilles de la préfecture, il y a quelques semaines, fin octobre, à l’appel du collectif Action climat 41, un petit groupe d’une cinquantaine de personnes, accompagné écologiquement de Claude Gruffat, député européen, ou encore de l’adjointe au maire de Blois, Hélène Menou, a à son tour interpellé les hauts sommets de l’Élysée sur la dangerosité du glyphosate, revendiquant son interdiction par l’Union européenne, et invitant l’accompagnement des agriculteurs par les décideurs politiques pour des pratiques plus respectueuses de l’environnement. En vain. “Le 16 novembre 2023, la Commission européenne a pris la décision controversée de prolonger l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne pour les dix prochaines années, jusqu’à décembre 2033. Nous dénonçons cette décision qui suscite une profonde préoccupation, et qui est un véritable scandale à la fois sanitaire et démocratique. Nous condamnons fermement la position hypocrite du gouvernement français, et du ministre de l’agriculture, qui avait le pouvoir de voter contre, dans ce dossier. Malgré les discours et les promesses, les actions concrètes pour protéger la santé des citoyens et préserver notre environnement restent insuffisantes,” accusent les Écologistes 41, Génération.s 41, La France Insoumise 41, le Parti Communiste Français 41, et le Parti Socialiste 41. Le ministère de l’agriculture est actuellement soumis à rudes épreuves, enfin c’est le jeu… Son ministre, le Loir-et-Chérien, Marc Fesneau (MoDem), également conseiller régional dans l’opposition, n’était d’ailleurs pas présent aux Assises régionales de l’eau, un autre sujet d’importance, organisées par le Conseil régional du Centre-Val de Loire et son président, François Bonneau (PS), à Tours (37), le 7 novembre. Par souci d’agenda, du fait d’un regret quant à “la forme de la concertation” choisie, comme il l’aura confié à notre confrère de La République du Centre… ou simplement par crainte d’être trop bousculé, sous pressions ?
É.R.