Vierzon Plateforme Virtuo, la suite : Charles Fournier clarifie sa pensée “verte”


Le sujet, sensible dans le Berry contrairement à d’autres territoires, continue de soulever des montagnes d’émotions. La plateforme logistique n’est annoncée que pour 2023, avec 300 emplois à la clé, mais la nouvelle fait grogner et certains élus tentent de jouer les médiateurs. Parmi eux, Europe Écologie Les Verts.
Nos articles feraient-ils bouger les chaumières ? La première fois que nous avons évoqué la naissance d’une plateforme portée par la société française Virtuo Industrial Property, certains esprits auront dénoncé un écocide et accusé par ricochet l’information donnée dans nos colonnes, carrément (et faussement) qualifiée de “publi-reportage”. Alors, il était évident qu’il fallait revenir sur le thème décrié. Ce, d’autant plus que pour rappel, un collectif de citoyens, baptisé sur Facebook “Vierzon nord, hangars et tout camion, c’est NON”, s’est constitué, opposé à ce type de dossiers, composé de “citoyens vigilants de Vierzon et de ses communes limitrophes, inquiets du projet d’implantation d’un centre logistique géant au nord de Vierzon.” Ce collectif pointe en sus du doigt Virtuo et son autre réalisation à Fos-sur-Mer. Un communiqué de presse sur le site Web de Virtuo Property évoque en effet “la future plateforme logistique portuaire baptisée V PARK FOS 1 déjà en cours de construction sur le Grand Port Maritime de Marseille Fos, sur la commune de Port Saint Louis du Rhône, 13 (…) une situation géographique idéale pour la réception des pneus arrivant par bateau et la livraison sur tout le territoire français.” Le collectif précité, opposé au projet vierzonnais, en profite de facto pour épingler selon lui “cette autre plateforme destinée au stockage et à la distribution de pneus importé, alors même que les salariés de Bridgestone à Béthune vont perdre leur travail.”

Les Verts entendent et répondent
Faut-il pour autant tout mélanger ? Dans cette lutte où d’aucuns attendent des positions plus affirmées, l’élu régional EELV Charles Fournier, candidat aux élections régionales, ne peut demeurer sourd. Nous l’avions interrogé lors d’une visio conférence de campagne. L’élu avait gentiment, brièvement, répondu en distanciel, en indiquant succinctement que “sur ce genre de projets de plateforme logistique, et cela vaut également pour l’éolien et la méthanisation, il convient avant de se prononcer pour ou contre, de proposer une concertation et de regarder si valeur ajoutée il y a, ou pas, pour notre territoire.” Face au débat passionné soulevé, il était légitime de se questionner … Par conséquent, l’homme politique revient sur le sujet plus amplement. “Il est fort probable que je n’ai pas été clair dans mon expression et la citation ne restitue pas correctement ma pensée. Cela peut laisser entendre que je serais favorable à un tel projet. Ce qui n’est pas ma position actuelle,” confie Charles Fournier, précisant. “Je ne connais pas assez le dossier mais au vu des éléments que je possède, je considère légitime de l’interroger du point de vue social et écologique, comme tous les projets de cette nature. Nous ne sommes pas dans un moment où nous pourrions simplement dire « c’est bon pour l’emploi donc c’est prioritaire », nous n’avons plus cette possibilité tant les crises écologiques sont criantes et les solutions à mettre en oeuvre de plus en plus drastiques. À ce titre, nous devons absolument réussir à développer le ferroutage plutôt que d’augmenter le transport logistique en camions. La question de l’artificialisation des terres est aussi un sujet majeur, celle des émissions de gaz à effet de serre tout autant et il est également normal d’interroger la réalité sociale de ce type de projet. J’entends la préoccupation des emplois et je sais que le Vierzonnais a besoin de se construire un avenir économique tant il a été durement fragilisé. La nécessité de créer des emplois est un enjeu important mais les voies pour y parvenir ne sont plus forcément les mêmes qu’hier.” Il poursuit, prônant la concertation, refusant les stigmatisations. “Pour autant, il n’y aucune position ferme qui ne puisse être tenue et comprise, sans que soit interrogé sérieusement le projet sous toutes ses dimensions. Il n’est pas question d’être contre tout ou d’être pour tout. L’écologie est un raisonnement posé qui cherche la cohérence des décisions politiques. Si je fais un parallèle avec l’énergie, nous devons réussir la transition énergétique en nous appuyant d’abord sur la sobriété. Nous devons produire des énergies renouvelables mais tout cela ne peut se faire à n’importe quelles conditions. Ces conditions sont démocratiques (associer les habitants et les décideurs locaux, sociales (la valeur ajoutée pour les habitants) et écologiques (l’empreinte écologique) avant de n’être qu’économiques. Montrons comment dans ce type de situation il est possible de dépasser des clivages, de faire jouer l’intelligence collective et d’éviter la réduction des propos des uns et des autres, voire les caricatures.” Ce déroulé devrait ainsi avoir suffisamment clarifié, et le collectif de citoyens chevronnés appréciera assurément cette première main tendue d’écoute politisée ?

Émilie Rencien