De la Précision Moderne (PM) à Denison Hydraulics aujourd’hui Parker, histoire d’une usine qui a forgé des dizaines d’hommes et femmes au service de la justice sociale, de la liberté, de la paix…
L’histoire sociale de Vierzon est riche et elle a forgé un capital exceptionnel de luttes et de combats de salariés qui n’ont jamais abdiqué ; jamais ils n’ont cessé de croire en cette liberté pour mieux vivre. C’est pour que cette mémoire de luttes ouvrières ne s’efface, qu’un collectif de militants Cégétistes s’apprête à publier en cette mi-novembre, un numéro spécial des Cahiers de l’histoire de l’IHS-CGT région Centre : « Ils ont tracé le chemin… de la Précision Moderne à… Denison Hydraulics aujourd’hui Parker ».
Fabienne Montigny, Jacques Blondeau, Bernard Champrou avaient invité le Petit Berrichon à une avant-première de présentation de cet ouvrage dont ils sont, avec leurs copains du collectif*, les principaux auteurs. Jacques Blondeau préposé à la rédaction, nous resitue le contexte de l’implantation de l’entreprise ; parisienne de naissance et qui s’installera à Vierzon en 1936 route du Bois Blanc dans le quartier des Forges. Puis, les années s’égrènent au fil des pages dans une succession d’anecdotes, de faits historiques car on arrive au Front Populaire et ce « souffle d’espoir » qui bien évidemment va être au cœur de ce quartier des forges cité comme un « berceau de luttes ». Arrive la guerre, l’occupation, l’emprise des Allemands sur l’industrie vierzonnaise est forte notamment dans cette « PM » d’où vont sortir des canons de 105 de marine. Débute alors la longue histoire du mouvement ouvrier de la Précision Moderne, long et dur combat de dizaines de militants politiques et syndicaux qui pendant plus de soixante-quinze ans ne cesseront de se former et de former à l’action quelques-uns des plus hauts responsables de la vie économique et sociale du département du Cher. S’ensuit une longue liste de personnes qui furent des précurseurs, des acteurs de cette vie militante avec de nombreux témoignages d’une période qui aura marqué les mémoires.
L’après-guerre sera le temps des efforts pour redresser le pays. Là aussi, des figures emblématique vont apparaître dignes successeurs des Jean Andros par exemple, un précurseur qui va marquer de son empreinte la vie militante de l’entreprise. Jacques Rimbault qui travaillera à la PM de 1948 à 1954, Fernand Micouraud, personne inoubliable, militant à la PM de 1941 à 1953. Viendra le temps de Denison-Engineering ; c’est la fin de La Précision Moderne (Mai 1960). Entreprise nouvelle, productions nouvelles, nouvelles formes d’actions à mener, rien ne sera plus comme avant. De nouvelles têtes vont apparaître dans les représentations syndicales. Devenue Abex Denison, les années soixante dix commencent mal avec une dégradation de la production au second trimestre 1971. Ce sont ensuite, les premiers licenciements de 1972 et les luttes de 1973 qui permettent une élévation du salaire de 12%. 1975 verra les coupes sombres sur l’emploi à Vierzon jusqu’à ce qu’arrive fin soixante-dix et une prospérité relative. 1981 c’est l’année d’espoirs de beaucoup de français. Crise économique, grosses grèves et années de transition pour 1984-1985-1986. Août 1986, le directeur d’Abex Denison informe l’ensemble du personnel du projet de rachat par un groupe suédois ASEA au profit de sa filière Hägglunds. De nouveau, de lourds conflits voient le jour et 1989 sera le point d’orgue de l’acharnement patronal contre les militants et surtout envers les délégués syndicaux (Quatre salariés du service commercial militants CGT et très actifs) ; ce qui déclenchera des actions de soutien eu égard à l’acharnement de la direction envers ces salariés. 1993 verra le divorce entre Hägglunds et Denison et le retour de Denison Hydraulics. Soixante années parcourues au fil de ces pages dont le fil rouge est le combat de ces hommes et femmes de grande qualité qui n’ont eu de cesse que d’affirmer leurs convictions et leur dévouement à la cause de la justice sociale. Emblématique entreprise, cet ouvrage, dixit les auteurs, est dédié à celles et ceux qui doutent encore aujourd’hui que l’espoir d’une vie meilleure passe nécessairement par la lutte et la solidarité.
*Jean Pierre Soblahovsky, Jacky Nombret, Roger Ménigot, Michel Poulin, Michel Thuau, Maurice Joubert.
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