Dès sa réouverture, le château de Valençay proposera à ses visiteurs une exposition en trois mouvements qui se tiendra jusqu’au mois de novembre. Visite guidée dans nos colonnes, et donc un peu de patience pour voir en vrai.
En 1939, plusieurs châteaux de France avaient accueilli en leurs murs les collections du musée du Louvre pour les tenir à l’écart des bombardements. Valençay était l’une des premières destinations. La Vénus de Milo et La Victoire de Samothrace firent partie des œuvres qui trouvèrent refuge au château. Deux galeries et une pièce restituent l’exode de ces œuvres d’art de la capitale vers l’Indre. Les visiteurs trouveront cette exposition dans deux vastes galeries à travers lesquelles leurs pas les mèneront dans l’ancienne bibliothèque de Talleyrand. Florient Azoulay, artiste associé au domaine de Valençay depuis 2017 et metteur en scène qui a travaillé avec Jacques Weber ou encore Niels Arestrup, a pensé une scénographie restituant l’atmosphère de départ au Musée du Louvre et d’arrivée au château de Valençay. La perspective des couloirs présente meubles emballés, socles de statues, cadres sans peinture alignés contre les murs, comme autant de voyageurs faisant la queue pour prendre le train de l’exode. Elles auraient fait, comme la Vénus d’Ille de Prosper Mérimée, quelques pas toutes seules, animées par un instinct de préservation intrinsèque. Cette fantasmagorie de mouvements conférée aux œuvres d’art est illustrée, dans la pièce de l’ancienne bibliothèque, par une musique électro-acoustique du compositeur Olivier Innocenti. L’œuvre musicale, parsemée d’éléments orchestraux et bruitistes, tourne en boucle afin de suggérer le mouvement de va-et-vient des cargaisons venant de Paris et y retournant. Statues, peintures et caisses y jouent une pièce de théâtre sans voix grâce à la sensibilité de Florient Azoulay.
Deux statues, et plus encore
Comment les œuvres d’art ont-elles été préparées à l’époque ? L’information historique est assurée par Manon Beulay, historienne ayant consacrée ses études sur l’histoire du château de Valençay. Explications écrites illustrées par des documents tels journaux ou photographies sont présentées au public. La campagne de prospection menée par Manon Beulay a fait participer la population de Valençay. En complément de cette exposition, le château inaugure une nouvelle publication, « Le Clou de l’exposition », carnet de curiosités des expositions temporaires, imaginé par Florient Azoulay, artiste associé, Anne Gérardot chercheuse associée et ancienne directrice des archives de l’Indre et Sylvie Giroux, avec notes d’intention et photographies, offert aux visiteurs. Sylvie Giroux, directrice du domaine et à l’initiative de cette exposition, a déclaré que « le résultat obtenu est le fruit du travail de différentes personnes, des artistes aux historiens, sans oublier le personnel technique du château mais aussi les menuisiers, restaurateurs, graphistes… J’invite les visiteurs à découvrir cette exposition qui prend place dans l’un des plus charmants domaines de France pour lequel nous cultivons l’esprit du lieu. Je pense que le collectif lui a rendu hommage. Une coïncidence fait que ce thème de mouvements d’œuvres d’art a lieu en même temps que le retour de deux statues du théâtre qui viennent d’être restaurées grâce au club des grands mécènes de la Fondation du Patrimoine. Bonne visite ! » Manon Beulay tiendra une conférence intitulée « Lorsque la Vénus de Milo était à Valençay » à la Villa Stivalis de Chabris le samedi 27 novembre. Les Cahiers de Valencay sont gratuitement disponibles à l’accueil. Le numéro 3 concerne l’exil des chefs d’œuvre du Louvre. Un livre écrit par Anne Gérardot intitulé Valençay, le château Renaissance de Talleyrand vient d’être publié aux éditions Albin Michel. Vente au château ainsi que dans toutes les librairies et plateformes en ligne.
Fabien Tellier