Le scrutin européen aura dopé le pré carré d’Europe Écologie Les Verts. Mais après ? Les élections municipales se préparent et Charles Fournier, troisième vice-président au Conseil régional délégué à la transition écologique et citoyenne et de la coopération, dresse le panorama des possibles.
« Pour qu’un écologiste soit élu président, il faudrait que les arbres votent », affirmait en son époque Coluche. Depuis, les temps ont changé, le climat avec, et les volontés également. Même si les experts ne s’entendent pas toujours entre eux, la cécité guette celui qui ne perçoit les abrupts soubresauts du ciel. Ceci étant énoncé, après l’UE, des élections se profilant à nouveau, les Verts iront, n’iront pas ? A Blois, le parti s’organise doucement mais sûrement, en ne fermant aucune porte. Liste d’alliance ? Liste autonome ? Autre ? «La vraie interrogation est la suivante : qu’est-ce qu’on fait ? Plutôt que de se demander avec qui sommes-nous,» répond l’élu écologiste régional, Charles Fournier. « Nous demeurons modestes face au résultat du vote européen de mai. L’élection municipale est celle où les questions nationales polluent le moins. Alors l’important, encore une fois, se trouve ici : quelles réponses face à l’urgence climatique et environnementale ? Force est de constater que le citoyen est prêt au changement, l’envie est là et il semble difficile de ne pas construire avec cette voix. Il existe aussi une urgence de solidarité inhérente; les plus vulnérables vont souffrir du climat et l’écologie ne doit pas être punitive. Ce qui compte, c’est de la jouer collectif, de réunir les gens autour de cette problématique, de reconnaître la responsabilité et l’initiative citoyenne. Le challenge est passionnant. Donc, oui, nous travaillons en ce moment à l’élaboration de notre projet. Un calendrier (de réunions,etc.) est en train de se mettre en place pour la rentrée. Nous sommes ouverts au dialogue. Nous ne prétendons rien, mais c’est le moment pour un sursaut de nouveauté, de renouvellement, et c’est à l’échelle d’un territoire comme Blois que cela se joue. Pourquoi pas une gouvernance municipale la plus écologique possible ? Et surtout un pari de développement territorial sur une approche raisonnée et qualitative. Si l’on accouche d’une souris, cela ne marchera pas.»
Le fond préféré à la forme
Charles Fournier ne croit pas entre autres dans l’idée de retenues d’eau (ou « bassines » pour récupérer puis stocker l’eau de pluie) prônée par le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume. Par contre, il pense que localement, la ville de Blois pourrait créer l’exemple. «Il convient de repenser la cité sur les bénéfices. Le deuxième échangeur de l’A10 à Blois ? Cofiroute mène l’étude, ce n’est pas leur intérêt de dire non… Plutôt, réfléchissons à la manière d’organiser les transports en commun et d’autres mobilités plus douces. Comment peut-on penser que c’est trop onéreux ? Cela risque de coûter cher à notre avenir. Il faut songer au lien social et aux emplois en jeu, aux habitations à repenser, ainsi qu’aux artisans et employés à former notamment, face aux objectifs de la COP 21. Il convient de revoir notre rapport de domination avec la nature. L’écologie demeure un gros mot. Je ne crois pas au grand soir mais j’espère l’alignement des planètes. Car écologie ne veut pas dire idéologie, mais pragmatisme et cohérence. L’écologie, c’est du concret. Eau, alimentation, déplacements… Nous avons besoin d’engagements solides, de dépassement, sans postures. » Le vice-président résume en ses termes. « Ce qui m’importe, ce ne sont pas les étendards mais le fond. Je peux dire que je suis de gauche, mais laquelle ? La gauche aujourd’hui, c’est la préoccupation de l’égalité mais celle-ci n’est pas la même qu’hier. Être de gauche, c’est répondre aux vulnérabilités tout en considérant que l’écologie ne s’oppose pas au social. Revenons à des signes d’être et non d’avoir…»
Émilie Rencien
Ailleurs, sans suspense
Malik Benakcha, qui avait été désigné chef de file pour les municipales 2020 de Blois, a été investi tête de liste LR en juillet par la Commission nationale. Puis le PS a investi à son tour 34 nouvelles têtes de listes, pour des villes de plus de 9 000 habitants, dont le maire sortant à Blois, Marc Gricourt. Pendant ce temps-là, Christine Jagueneau, ex-référente de LREM 41, est sortie de son silence via les réseaux sociaux,notamment en souhaitant que le fond l’emporte sur l’étiquette, où les volontés de réussir ensemble l’emportent sur les égos.” Espérons… Les élections municipales se tiendront les 15 et 22 mars 2020.
É.R.