Au mois de juin, le Conseil départemental de l’accès aux droits de Loir-et-Cher a interpellé les uns et les autres sur un sujet malheureusement dans l’ère du temps.
Pendant une semaine, du
25 au 29 juin, le Conseil départemental de l’accès aux droits de Loir-et-Cher proposait, à la Maison de justice et de droit de Blois (3 place Lorjou), une journée sur un type de harcèlement particulier (harcèlement numérique, au travail, scolaire, sexuel et dans le couple). Des ateliers avaient lieu le matin pour les professionnels et personnels d’associations, institutions, organismes, et d’autres l’après-midi, étaient ouverts à tout public. Le 27 juin était consacré au harcèlement scolaire, avec les interventions de Chantal Planteblat, assistante sociale et Fabienne Charlier, conseillère technique et infirmière à la direction des services départementaux de l’éducation nationale du Loir-et-Cher, ainsi que Sandrine Cariou, avocate à Blois. « Il y a encore cinq ans, le terme de harcèlement n’existait pas juridiquement au niveau scolaire », a souligné Chantal Planteblat en introduction. En effet, le délit de harcèlement existe dans la loi depuis 2014 et il y a une volonté de sensibilisation du corps enseignant, des enfants dès l’école primaire et des parents. Le harcèlement est une violence répétée (verbale, physique ou morale avec l’intention de nuire), à un ou plusieurs élèves, à l’encontre d’une victime qui ne peut pas se défendre. Cela peut partir d’une rumeur, d’un surnom donné à cause d’une différence physique ou d’autres détails sur lesquels l’agresseur s’appuie et pour lesquels la victime ne peut pas se défendre car elle est persuadée qu’elle est fautive ou elle a peur des représailles. De son côté, l’agresseur est dans une posture d’intimidation, il prend plaisir à faire mal, à manipuler en montant un groupe contre la victime… Cette dernière peut-être insultée, menacée, battue,
bousculée… Cependant, les violences physiques (coups, pincements, bousculades, enfermement…) sont plus faciles à déceler que les violences morales (insultes répétées, humiliation, discrimination, homophobie…).
Augmentation du cyber-harcèlement
Par ailleurs, le cyber-harcèlement est de plus en plus présent et les réseaux sociaux facilitent la diffusion de rumeurs, par exemple, mais aussi la publication de photos ou vidéos de manière anonyme. « Cela entraîne un harcèlement 24h/24 et 7 jours sur 7 qui met la victime dans un état d’insécurité permanent », souligne Fabienne Charlier. Les élèves victimes sont parfois difficile à repérer mais certains signes peuvent alerter : changement de comportement, baisse des résultats scolaires, mutisme, absentéisme… Et une victime qui n’est pas reconnue comme victime peut devenir agresseur. D’ailleurs, certains agresseurs sont eux-mêmes en souffrance. « Il faut comprendre que l’agresseur est dans une posture qui ne correspond pas forcément à un trait de sa personnalité, il faut donc traiter son comportement », ajoute Fabienne Charlier. Un protocole est mis en œuvre dans les établissements scolaires pour traiter les cas de harcèlement. « Il faut dire à ses enfants que s’ils voient quelque chose et qu’ils ne font rien, ils ont une part de responsabilité », souligne Chantal Planteblat. Par ailleurs, une réponse pénale peut aussi être apportée dans les cas les plus graves. « Le harcèlement peut commencer dans la cour de l’école primaire et les enfants peuvent déjà passer devant un juge qui peut prendre des mesures éducatives », explique Sandrine Cariou. Et à partir de 16 ans, les mêmes peines que pour les adultes peuvent être requises mais elles sont divisées par deux avec l’excuse de minorité.
Chloé Cartier-Santino