Les apiculteurs s’inquiètent des conséquences catastrophiques des conditions météo depuis le début du printemps. La production de miel et des autres produits de la ruche (pollen, gelée royale, reines et essaims) en Centre–Val de Loire est aujourd’hui fortement compromise, de même que la santé des colonies et la pérennité des exploitations apicoles après une année 2023 où la baisse de commercialisation a déjà fortement fragilisé les trésoreries.
Les apiculteurs ont été privés des miellées de printemps, indispensables aux exploitations et au démarrage des colonies. Habituellement, les miels produits entre avril et mai représentent près de 50% de la production annuelle des exploitations de la région¹. Or, cette année, les conditions météo sont venues fortement entraver la production de miel de printemps et de miel d’acacia. La pluie et le gel ont dégradé les fleurs ; le froid, la pluie et le vent ont empêché la sortie des abeilles pour le butinage. Les températures trop basses n’ont pas permis aux plantes de sécréter du nectar et ont parfois provoqué la cristallisation du miel dans les ruches, rendant sa récolte impossible par l’apiculteur. Par ailleurs, quelques exploitations ont vu des ruches emportées par les crues. Ce printemps, les apiculteurs font part de baisses de production allant de -60 % à -100% par type de miel. En plus du manque de récolte, le cheptel se trouve actuellement dans un état de très grande fragilité du fait de la durée de cette période de mauvais temps et du manque de ressources. En effet, les floraisons habituelles du mois de juin qui fournissent normalement un apport minimum de pollen et nectar aux abeilles en attendant la floraison du châtaignier, sont très en retard (ronce, tilleul…). Beaucoup d’apiculteurs se battent pour maintenir les colonies en vie depuis plus d’un mois ; une situation très rarement vue auparavant.
Des conséquences sans précédents, des répercussions sur une année de production
Par ailleurs, même si les conditions météo s’améliorent enfin, les conséquences de ce début de saison désastreux vont continuer à impacter le cheptel au cours des prochains mois.
Faute de nourriture, les reines ont réduit leur ponte, entraînant, par conséquent, moins de butineuses disponibles dans quelques semaines pour profiter des deux dernières périodes de miellées (forêt ou lavande puis tournesol). Les jeunes reines 2024, qui auraient dû être fécondées au printemps et fournir une ponte dynamique en fin de saison 2024 et en 2025, n’ont pas pu l’être. La reine n’est fécondable que quelques jours dans sa vie. La fécondation qui se fait en plein vol, nécessite une température 17-20°C minimum, peu de vent, un ciel dégagé et une grande luminosité. Dans ce contexte, l’ADAPIC (Association de Développement de l’Apiculture du Centre-Val de Loire) a alerté les services de l’Etat pour que les exploitations apicoles les plus touchées puissent bénéficier d’un soutien financier par le biais de l’Indémnité de Solidarité Nationale. L’ADAPIC invite aussi les consommateurs à soutenir les apiculteurs en achetant du miel français. Par chance, le miel est un produit particulièrement stable. Les stocks de miels 2023, complétés par les quelques récoltes de début d’année, vont permettre de continuer à combler les amateurs de miel.
¹Données issues du Réseau d’Exploitations de Références (RER – ITSAP Institut de l’Abeille) de la Région Centre – Val de Loire