Bourges
Une vitrine aux dessins et couleurs warholiennes. Une salle où chaque thème a sa propre couleur. Le collectif « Lutte Séraucourt » toujours aussi farouchement opposé au projet municipal de construction d’une maison de la culture sur les pentes de la place Séraucourt a voulu passer des actes à la paroles. Le projet initié en son temps par Serge Lepeltier, le précédent maire de Bourges, est poursuivi par son successeur, Pascal Blanc. Le projet tel qu’il est actuellement est loin de faire l’unanimité de la population berruyère. Et le collectif d’arguer de 13 000 signatures de sa pétition.
Entre arbres à abattre et projet dont le coût est jugé faramineux, le collectif expose ses arguments depuis le 12 novembre, dans des locaux prêtés par un sympathisant, à quelques mètres seulement, de la rue Moyenne, l’artère principale de Bourges. À la suite d’une entrée en matière qui raconte l’histoire du la MCB inaugurée par André Malraux, vidéos, plans, chiffrages détaillés, documents, toutes les « arguties » de la municipalité sont décortiquées, contrebalancées, et finalement évacuées par le collectif qui a souhaité faire un gros travail d’explication. Une attitude qu’il ne faut certainement pas confondre avec une forme de renoncement : les explications sont claires, nettes, sans fioritures et surtout sans ambiguïtés quant à une éventuelle mobilisation en cas d’urgence. D’ailleurs, le réseau d’alerte est toujours en service et le collectif estime à une centaine de personnes sa capacité à répondre dans l’instant, à près d’un demi-millier la population d’actifs potentiels.
Et les bénévoles de répondre aux questions que chacun se pose quant à l’utilité d’un déplacement de la maison de la culture et donc à la création d’une nouvelle structure. Longtemps, le théorème de base passait par l’impossibilité de réinvestir l’ancien bâtiment ouvert au public en 1963. L’expo, et les bénévoles sur place, se chargent d’envisager autrement cette vision des choses. « L’architecte Christian Gimonet a présenté un contre-projet architectural qui inclut l’ancienne maison. Il est moins cher, moins énergivore, voir quasiment passif avec de la géothermie et du solaire. Il intègre les recherches archéologiques mais aussi des possibilités d’avoir une salle panoramique et d’avoir un site vivant toute l’année. En plus, il coûte moins cher que celui prévu … Un projet plus complet et moins cher que celui de la mairie, où est le problème ? Surtout quand on annonce que la ville est pratiquement sous tutelle ! » se demandent les bénévoles.
Un espace boisé remarquable
Le deuxième sujet qui fâche, ce sont les 82 arbres, sur un site « classé espace boisé remarquable» selon le collectif, soit 10 000m2 d’espace boisé en centre-ville qui seraient abattus. Chaque dimanche, près de la cabane installée sur l’ancien skate parc, se déroule une AG. Simplement pour montrer que la mobilisation ne s’effrite pas.
Enfin, chaque tentative municipale de mettre en porte-à-faux le collectif trouve ici sa réponse. « On nous dit que le retard de l’abattage coûte de l’argent. C’est faux ? Pas de marché passé, pas de pénalité … On nous dit perte du statut de scène nationale. C’est faux, aucune des structures qui ont ce statut n’a de dimensions identiques » estiment les portes-paroles du moment puisque les bénévoles se relaient sur l’exposition en fonction de leurs disponibilités.
Finalement, plus feutrée, l’exposition n’aurait-elle pas plus d’efficacité que les actions menées jusqu’ici ? A compter le nombre de visiteurs, passés au creux d’un après-midi, en milieu de semaine, la réponse est toute trouvée …
L’exposition «La MCB à quel prix » est installée jusqu’au 28 novembre de 14h30 à 18h30 (du mardi au samedi) dans les locaux du 1 rue du docteur Témoin à Bourges – entrée libre.
Fabrice Simoes