De nombreux Français, citoyens européens et d’autres pays démocratiques ont été un peu surpris par l’élection – et c’était le 20 janvier 2017 – de Donald Trump à la 45e présidence des États-Unis. Après le mandat de Barack Obama, premier Noir à s’asseoir dans le fauteuil du bureau ovale de la Maison Blanche, le changement a été brutal et ce, d’autant plus que le scrutin final, en nombre de voix, était au désavantage de Trump. Mais le système électoral d’outre-Atlantique est si complexe que le milliardaire, propriétaire de la « Trump Organization », c’est-à-dire d’une colossale machine à fric impliquée dans l’immobilier, la construction publique et privée, le divertissement, l’édition littéraire, les médias, les jeux télévisés et vidéo, l’alimentation et les boissons, le tourisme et les compagnies aériennes, a triomphé légitimement dans la course à la présidence au détriment de Hillary Clinton. Le choix de nos amis américains est, bien entendu, respectable. Mais savaient-ils qui était réellement Donald Trump ? En quatre ans de mandat, ils ont obligatoirement découvert la personnalité fantasque de leur édile. Ils ont suivi ses frasques verbales et politiques, ses mensonges, ses contradictions publiques et le mépris porté à la presse et à plusieurs de ses collaborateurs et pas des moindres puisqu’ils furent, pour la plupart d’entre eux, ministres, conseillers et militaires de haut-rang. Vu de l’Europe, il est troublant, de remarquer que des Américains dont, on dit volontiers, qu’ils appartiennent à l’Amérique profonde, continuent à croire en Donald Trump et prêts à voter pour lui aux prochaines élections, enfin si l’on en croit les sondages. Que se passe-t-il donc pour que ce président soit ainsi consacré ?
Il refuse, comme le veut l’usage, de rendre sa déclaration fiscale publique ; la Cour Suprême est même saisie de cette situation inédite pour l’obliger à faire amende honorable mais, compte tenu que Donald Trump a nommé plusieurs membres de l’instance judiciaire suprême, dont son président, il est possible de croire, selon les détracteurs de monsieur Trump, que le recours intenté contre lui n’aura pas de conséquences. Sitôt son élection, une partie de son entourage a été fortement soupçonnée d’avoir eu des relations inappropriées avec des dignitaires du Kremlin qui auraient été, selon l’existence d’indices importants mis à jour par la presse et aussi quelques hiérarques du FBI, à l’origine d’une campagne de désinformation via les réseaux sociaux contre sa concurrente Hillary Clinton. L’affaire semble mystérieusement classée. Un peu plus tard, des informations éclairées prétendent que Donald Trump, toujours durant la campagne électorale, aurait demandé au président Ukrainien d’enquêter sur le fils de son adversaire politique Joe Biden, une affaire aussi fumeuse que nébuleuse qui déclencha, sans chance d’y parvenir, une procédure de destitution. On ne peut pas égrener ici tous les comportements politiques du président Trump et il serait trop long d’évoquer les décisions – controversées par la diplomatie internationale – prises par Donald Trump sur l’Iran, la Syrie, la Chine, la Corée du nord, etc. et qui, par leur manque de jugeote, ont amplifié des conflits armés. Alors, restons dans l’actualité récente et prenons le manque de sérieux du traitement du Covid-19 par le plus puissant chef d’État de la planète. Au mois de mars dernier Donald Trump affirmait qu’il n’y aurait pas plus « d’un cas ou deux » répertorié aux États-Unis. Le 10 février dernier, Donald Trump, sûr de lui-même, annonçait que le virus disparaîtrait dès le mois d’avril et le 27 février, il prétendait que ce dernier allait s’effacer « comme par miracle ». Le 4 mars, il déclare que les statistiques scientifiques et officielles ne sont pas justes puisque, selon « son intuition » le taux de contamination ne dépasse pas 1%. Bousculé par la réalité des faits et devant l’importance du nombre de malades, Donald Trump, sans se démonter, dit devant les caméras de la télévision « qu’il avait toujours su que c’était une pandémie et je l’ai toujours considérée comme très grave ». Et, le 23 avril le monde se trouve devant l’apothéose de la bêtise ! Trump s’interroge sérieusement. Il a peut-être une solution pour vaincre le Covid-19 : des injections de chlore dans le corps humain n’est-elle pas le remède pour foudroyer le virus ? Et, depuis quelques jours, comme une cerise sur un gâteau, on apprend que le magnat de l’immobilier devenu par sa seule fortune président de la grande Amérique serait lié au crime organisé. Un parrain à la Maison Blanche ? Fabrizio Calvi, un journaliste réputé pour ses longs reportages sur la mafia sicilienne, sur les milieux terroristes italiens et pour le sérieux de ses informations, l’écrit dans un livre au titre éponyme. Et il est vrai, que la lecture de « Un parrain à la maison blanche » est plus que troublante. Les résultats des investigations de Fabrizio Calvi s’appuient sur « des témoignages inédits, des archives judiciaires et des rapports officiels ignorés. » Oui, Donald Trump est vraiment un très curieux président.
Éric Yung