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Un premier tour et puis s’en vont, au profit d’un duo de répétition

Le 10 avril 2022, les Français sont allés voter pour le scrutin présidentiel, parfois sans étincelle et avec indécision. Sans surprise, la déception fut plus que de mise pour ce premier tour qui aura achevé les partis dits traditionnels, et fait réémerger un couple déjà vu en 2017.
Les sondages mentent mais pas toujours. Pas cette fois. Monsieur rêve, Madame bonheur… Le 10 avril, les panneaux électoraux étaient bien éloignés de l’univers enfantin et chatoyant des livres de bonhommes rigolos. Et de fait, les visages qui y croyaient encore ou demeuraient dans le déni ont, dès l’annonce des résultats des bureaux de vote hexagonaux à 20 heures, vite été défaits par confrontation avec la réalité, chiffrée. Sur le podium national, sans grand étonnement, comme en 2017, Emmanuel Macron (LREM; 27,84%), Marine Le Pen (RN; 23,15%) constituent le remake infernal, tous deux qualifiés pour le second tour revanche du 24 avril. Talonnés de près par Jean-Luc Mélenchon (LFI, 21,95%) qui a failli gravir la marche. Si Éric Zemmour, épaulé entre autres figures attirées, par le député ex-LR de Loir-et-Cher, Guillaume Peltier, n’a finalement guère cassé la baraque et raté la Reconquête, Valérie Pécresse (LR, 4,78%) et Anne Hidalgo (PS, 1,75%) ont pris particulièrement cher et en dessous des 5%, ne se verront en sus pas rembourser leurs campagnes. Pour boutade, certains internautes rieurs ont ressorti le chien niçois supposé fan de Pécresse, Douglas de son petit prénom. Il serait à vendre pour aider, mais quid de Milo, le compagnon canin de M. Peltier ? Nous sommes inquiets de ne plus avoir de ses nouvelles, via des photos sur les réseaux sociaux. Plus sérieusement cette fois, en préfecture, à Blois, le 10 avril, de nombreux élus avaient été invités à une soirée élections par le préfet François Pesneau. Peu sont venus, terrés assurément suite à cette douloureuse première tournée. Seules quelques personnalités y ont accepté de commenter l’actualité face à la presse. Le maire de Blois (PS), Marc Gricourt, avait opté, sans se montrer, pour un communiqué de presse et une vidéo en ligne, assurant par ce biais rédigé à la candidate du parti socialiste Anne Hidalgo son amitié. Toujours selon cet édile, « (Elle) rassemble un score qui correspond aux enquêtes d’opinion. Je le regrette car je sais que les valeurs et idées que nous portons imprègnent encore les électeurs de gauche, en témoignent les résultats des dernières élections locales de 2020 et 2021. »

Voter, même blanc
Philippe Gouet a, lui, répondu en direct aux journalistes. Le président Udi du Département 41 n’a pas caché son désappointement. “Je soutenais Valérie Pécresse mais je m’étais à la base positionné pour Xavier Bertrand. C’est un ami et sa candidature aurait pu donner une issue différente. Cette primaire à droite fut une machine à perdre. L’abstention fut moins forte qu’estimée (26,31%, NDRL), c’est positif. Mais cela démontre que les partis classiques, LR comme PS, connaissent un effondrement complet. Voyons comment vont se reporter les voix. Je ne donne pas de consigne de vote, mais il faut voter, même blanc.” Si Joël Rutard, maire LR de Cellettes, ne s’est guère montré étonné des scores, l’ex-député Stéphane Baudu (Modem), maire de la Chaussée Saint-Victor et conseiller départemental, est apparu soulagé et préoccupé. “C’est un bon score Macron finalement. Un vote utile, au détriment de partis orphelins. Marine Le Pen sera mieux armée pour le débat qu’en 2017. Nous ne devons alors pas nous louper. Il est décevant de voir qu’une gauche écologiste comme celle de Yannick Jadot réalise moins de 5%. Les législatives de juin devront créer un nouvel élan.” Les ministres Olivier Dussopt (délégué auprès de Bruno Le Maire et chargé des comptes publics ; ancien du PS) et Marc Fesneau (Modem ; relations avec le Parlement) ont défendu ce bilan élyséen le 12 avril en rencontrant des commerçants du centre-ville de Blois, sous une averse. Déplacement pluvieux, présage heureux ? “Pour nous, le Président est celui qui a le meilleur projet,” ont-ils forcément affirmé. “Pour les retraites, le Président doit rassembler, écoute, entend, sans mentir aux Français. Regardez Mme Le Pen décidant quel journaliste peut l’interroger!” Sur ce dernier point plébéien, sans absoudre le RN qui n’est démocratiquement pas comparable avec tout autre parti modéré, c’est un peu la poêle qui se moque du chaudron car M. Macron a été le premier champion pendant son quinquennat pour choisir ses médias, y compris lors de ses venues en Loir-et-Cher où notre journal de province, doté de cartes de presse, a été régulièrement refusé d’accréditation sans réelle raison. Cet aparté refermé, un visage également croisé à Blois, ville du département où LFI fut en tête des urnes le 10 avril, était vraiment heureux : le président des chasseurs de Loir-et-Cher, Hubert-Louis Vuitton. “Je suis content des résultats ! Certaines candidatures voulaient interdire la chasse. Il y a en moyenne 7 accidents annuels. C’est beaucoup trop mais il y a des accidents en ski aussi. Est-ce qu’on interdit le ski ?” Scoop enfin dans ce premier tour : un énième chien a été aperçu par l’un de nos informateurs dans un bureau de vote du 41. Une voix animale venue s’indigner de l’absence de candidatures qui ont du chien ? Rendez-vous le 24 avril pour aboyer des bulletins de votes, devant un duel épistrophe.

Émilie Rencien