On quitte Christian Goemaere avec un polar régionaliste « Du sang sur le cachemire » et on le retrouve avec un thriller« Un pognon de dingue » où politique et argent ne semblent pas faire toujours bon ménage.
Pouvez-vous nous dire, nous décrire la genèse de « Un pognon de dingue » ?
Vous savez, on ne s’éloigne jamais définitivement de son univers de ses centres d’intérêt. Pour moi, la politique au sens noble du terme, c’est-à-dire l’administration de la cité et son corolaire, la démocratie. J’observe malheureusement que le monde moderne nous éloigne chaque jour un peu plus de ces concepts, sans doute un peu idéalistes, et que la conquête du pouvoir, même dans nos démocraties modernes, occidentales, ne s’embarrasse pas trop de principes moraux. Alors « Un pognon de dingue », sous une forme évidemment romancée, c’est un peu cette histoire.
Pouvez-vous être un peu plus précis ?
« Un pognon de dingue » comme son nom l’indique c’est une histoire de gros sous, une histoire qui entre en résonnance avec l’un des maux les plus pernicieux de nos sociétés modernes : l’argent sale ! L’argent qui s’affranchit des règles fiscales, des lois, des frontières. L’argent qui corrompt, qui maquille les comptes des campagnes électorales et qui finalement fausse les règles du jeu de nos sociétés démocratiques.
Effectivement, l’actualité judiciaire récente de notre propre pays, même si elle avance lentement, semble vous donner raison.
Oui, malheureusement. Mais vous en conviendrez, il faut beaucoup, beaucoup trop de temps, d’efforts et de moyens de la part de la police et de la justice et parfois aussi de la presse, pour faire remonter ces affaires à la surface. Et puis lorsqu’elles apparaissent enfin au grand jour, nos concitoyens, blasés, happés par de nouvelles préoccupations ou de nouvelles modes pensent in fine que ces pratiques sont inhérentes, consubstantielles de la vie publique française. Or en fait, ces comportements accréditent, renforcent l’idée du « tous pourris » et font le lit du populisme.
Dites-moi Christian Goemaere, « Un pognon de dingue », au moins en ce qui concerne le fond de l’intrigue, est-ce vraiment un roman ?
Évidemment, sans ambigüité il s’agit bien d’un ouvrage de fiction de plus traité, je l’espère, avec humour, suspense et fantaisie. Tout est donc inventé. En même temps le lecteur a aussi le droit d’imaginer que tout ou partie de l’intrigue peut être vraie. Et je ne le contredirai pas forcément. Vous connaissez comme moi l’expression populaire qui dit que la réalité dépasse souvent la fiction. Je fais mienne cette assertion.
Quittons maintenant le champ de la politique et venons-en à l’amitié, thème récurrent de vos livres. Pourquoi cette intérêt marqué pour l’amitié ?
Pour une raison simple, c’est que celle-ci constitue à mes yeux l’essence même de la vie. L’amitié, les amitiés, c’est ce que nous avons de plus précieux et nous nous devons de l’entretenir, de la chérir, de la protéger comme la prunelle de nos yeux. Il ne vous aura pas échappé qu’en politique, les amitiés existent peu. Ce ne sont au mieux que des convergences temporaires d’intérêts, même s’il est vrai que parfois il peut y avoir quelques belles exceptions à la règle. C’est aussi l’intérêt de mon livre « Un pognon de dingue ». Comment cette amitié improbable, entre trois enfants aux fortes personnalités mais que tout oppose, résistera-t-elle lorsqu’ils se retrouveront adultes projetés au cœur de la vie politique française et de ses financements occultes. Évidemment je n’en dévoilerai pas plus.
Pour finir, Christian Goemaere, votre livre nous emmène bien au-delà de la France et nous fait découvrir d’autres cieux. Pourquoi avoir abandonné la Sologne ?
D’abord j’aime moi-même voyager, découvrir et faire partager mes émotions. Ensuite parce que les pays que nous traversons dans le livre sont tous des pays que je connais bien pour y avoir vécu, travaillé ou séjourné longtemps. Enfin parce que le Vanuatu, petite république mais grand paradis fiscal du Pacific sud s’inscrivait parfaitement dans la thématique de mon livre. Mais rassurez-vous, mon prochain roman actuellement en cours d’écriture se déroulera totalement en France au cœur de l’une de nos plus belles forêts. Mais ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus.