Un candidat pris la main dans le post Facebook


Nous connaissions déjà les cruelles et virtuelles joutes sur les réseaux sociaux, et parfois réelles en public devant témoins, entre édiles sortants et candidats opposants à Blois ainsi qu’à Romorantin. Nous savions que certains prétendants, si c’était possible, vendraient leur mère pour décrocher le Saint-Graal électif. Mais nous n’avions pas encore tout vu. À Salbris, un nouveau genre effronté a été remarqué par nos confrères de La Nouvelle République depuis la fin de l’année 2019. Un postulant au trône municipal semble avoir outrepasser la possibilité de promotion politique en ligne, en utilisant le bouton “sponsorisé” sur Facebook. Pour celles et ceux qui ignorent le fonctionnement de ce système, il permet de rendre davantage visibles (“booster”) des publications (“posts”) sur ledit média et par conséquent, d’en accroître l’audience en les plaçant en bonne place du regard connecté. Dans le cas présent, le fautif a eu recours à ce service publicitaire facebookien afin de diffuser avantageusement des informations relatives à sa campagne salbrisienne en cours (colistiers, programme, etc.). En somme, un moyen de placer en haut de la pile, des vues en ligne, sa candidature politisée en amont des élections municipales des 15 et 22 mars 2020. Et alors, nous direz-vous ? Et alors, une campagne électorale possède des garde-fous à ne pas franchir, y compris s’agissant de communication par voie électronique. Or, primo, ce “privilège” de “boost” n’est évidemment pas accordé gratuitement par Mark Zuckerberg mais bien en contrepartie d’euros déboursés. De quoi, vous le comprendrez, interroger dans le cas présent car secundo, la loi l’interdit six mois avant le scrutin : ainsi, l’article L113-1 du code électoral II indique que “sera puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende tout candidat, en cas de scrutin uninominal ou binominal, ou tout candidat tête de liste, en cas de scrutin de liste, qui : 1° Aura bénéficié, sur sa demande ou avec son accord exprès, d’affichages ou de publicité commerciale ne respectant pas les articles L. 51 et L. 52-1.” Si le stop n’est pas marqué ni respecté, la publicité sur un réseau social devient alors illégale et le châtiment de l’outrecuidance peut de fait s’avérer pécuniairement sévère. Voire davantage féroce, c’est-à-dire aller jusqu’à l’inégibilité de l’incriminé qui dans le jeu, passerait alors directement de la case municipalité à celle d’entravé. Bon sens et intelligence se montrent pendant cette campagne effacés au profit d’une désinvolture affichée, qui peut toutefois coûter cher. Accordons la présomption d’innocence à l’ataraxie de la jeunesse, mais la gagne à tout prix a ses raisons … que la raison a intérêt à ne pas ignorer, à Salbris comme ailleurs dans le Loir-et-Cher jusqu’au mois de mars.

É.Rencien