LGV tracé Ouest : Explications détaillées de Jean Claude Sandrier
A l’opposée, une association (TGV Grand Centre Auvergne) qui regroupe des élus et personnes de toutes tendances politiques confondues s’est prononcée, à la quasi unanimité pour le tracé Ouest de cette ligne à grande vitesse Paris Orléans Clermont Lyon (POCL). Cette association ayant même pour slogan : « Le TGV POCL est aussi celui de l’égalité des territoires…c’est le TGV que nous devons offrir à nos enfants… ».
Les positions des élus du Loir-et-Cher ont cueilli à froid les élus du Loiret et du Berry qui n’ont pas répondu tout de suite. Jean-Claude Sandrier, le président de la communauté de communes Vierzon Sologne Berry, a bien voulu répondre à nos questions.
Le Petit Berrichon : Cette LGV est–elle vitale ou nuisible comme l’affirme votre ancien collègue Patrice-Martin-Lalande député du Loir-et-Cher ?
Jean-Claude Sandrier : Elle est indispensable à notre développement économique, à l’aménagement du territoire et à la rentabilité économique globale du réseau. Il faut aussi travailler à réduire au maximum les nuisances écologiques. Je regrette que les élus du Loir-et-Cher aient rompu le consensus qui prévalait jusque là. On ne peut pas réduire un enjeu d’aménagement du territoire et de développement économique à l’envie de déplacer des nuisances de quelques kilomètres pour qu’elles soient chez le voisin. Ce n’est pas sérieux ! Je ne dis pas que la Sologne peut bien recevoir cette nuisance, je dis qu’il faut travailler à ce que cette nuisance soit la plus faible possible. RFF a constaté des difficultés pour traverser la Sologne sur 20 km seulement. Il est tout a fait possible, pour peu d’en avoir la volonté, de surmonter ce problème.
LPB : Il y a consensus des élus du Berry, de l’Auvergne et de la Bourgogne sur le tracé Ouest… pourtant RFF s’engage sur le tracé médian ?
J-CS : Le problème est que RFF avait décidé de pousser le tracé médian bien avant le lancement du débat public, tout simplement parce que c‘était la volonté de la SNCF. Ce choix est basé uniquement sur la rentabilité maximum alors que, de toute façon, les deux tracés, Ouest et « Médian », sont rentables. La très grande majorité des élus opposent eux, une vision d’aménagement, doublée d’une appréciation de rentabilité globale du réseau. Il ressortait évident de la consultation, que le meilleur tracé pour desservir le maximum de territoires était le tracé Ouest. Il est quasiment identique en terme de temps de transport, même si RFF fait de gros efforts de démonstration pour nous faire croire qu’avec 10 min de moins avec le tracé « médian » pour Paris Lyon, cela ferait gagner 20% de voyageurs. C’est de la très mauvaise prévision. Ce tracé Ouest ouvre des pistes potentielles de rentabilité pour les lignes existantes qui desservent l’Indre et le Limousin et ça, RFF refuse qu’on en parle. Le tracé ouest est le seul qui intègre des problématiques d’aménagement et pas les moindres ; il s’agit de désenclaver le Berry, le Limousin et aussi la Sologne car, par le tracé médian, il n’y aura rien pour la Sologne, sauf une acrobatique proposition de dernière minute de desserte pour Blois. RFF n’a pas expertisé les 20 km soit disant problématiques à travers la Sologne et préfère indiquer que ce tracé est compliqué et plus coûteux.
Je ne crois pas un seul instant qu’avec un tracé « médian » s’éloignant d’Orléans, de Bourges, de Châteauroux de Vierzon… on ne perde que 5 min.
LPB : Les nuisances décrites comme lourdes par le député Patrice-Martin-Lalande ?
J-CS : Je suis bien d’accord qu’il faut éviter une saignée supplémentaire en Sologne mais on ne peut renvoyer systématiquement chez le voisin les inconvénients. C’est une méthode qui ne résout rien au sens de l’intérêt général. Cette ligne desservira nos territoires avec un intérêt économique important. L’ampleur de cet intérêt économique c’est que des trains TGV vont enfin s’arrêter et que les liaisons, non seulement avec Paris mais Lyon Marseille et le TGV Europe via Roissy vont se développer. Cette ligne Paris Lyon sera saturée à court terme. Il faut donc tenir compte de l’intérêt général et non d’intérêts particuliers qui ont marqué de tous temps les conservatismes locaux. L’histoire en fournit de multiples exemples, qui ont pénalisé leur territoire.
Souvenons-nous de cette peur du chemin de fer, des industries que l’on a poussé en dehors des villes voire refusé tout simplement. Je suis pour la prise en compte des avis de chacun afin de préserver au mieux l’espace Sologne par le couloir existant déjà avec l’A71 et la ligne SNCF Paris Toulouse. Pas question de renoncer à cette LGV d’avenir pour l’aménagement de nos territoires ou la faire passer ailleurs. En pensant à nos générations futures, nous ne devons pas refuser le progrès pour nos territoires. L’erreur serait lourde avec des conséquences graves pour longtemps.
En réfléchissant un peu on pourrait comparer ces combats pour le progrès avec ce qui était sujet de discorde lors de l’implantation de l’autoroute A71, arrêtée un temps à Salbris. Les études prétendaient que le trafic routier vers Clermont n’était pas suffisant… On voit aujourd’hui ce qu’il en est et combien cette A71 est précieuse et fréquentée. Il est donc nécessaire de bien réfléchir et nullement d’opposer des territoires qui au contraire ont besoin d’être valorisés par cette LGV.
Propos recueillis par Jacques Feuillet
Le calme avant la tempête
Le temps n’est pas à la polémique quant au trajet de la future ligne LGV. Les élus UMP du Loiret et du du Berry n’ont pas souhaité répondre publiquement à leur collègue du Loir-et-Cher, Patrice Martin-Lalande qui a posé les bases du refus du tracé ouest. Il existe clairement une volonté de ne pas afficher une rupture dans le consensus qui avait existé jusque-là entre tous les élus du grand Centre. C’est Jean-Claude Sandrier qui avance les réponses, si le ton monte, le Président de la communauté de communes de Vierzon fait attention à peser les mots. Le temps n’est pas à la polémique… pour l’instant.
Dans la version off, élus de droite et élus de gauche commencent à dénoncer le comportement de Réseau Ferré de France (RFF) « des technocrates qui ne sont capables de regarder que la rentabilité d’une seule ligne sans l’appréhender dans son contexte ; ils oublient de regarder la rentabilité globale du réseau ; si on améliore le fret de voyageurs sur les lignes du Limousin grâce à un trajet, cela devrait aussi être pris en compte, mais la répartition des tâches entre SNCF et RFF fait que chacun ne regarde plus que son petit morceau ; RFF se paie sur la ligne et ne veut voir que la seule rentabilité endogène de cette ligne. Cela exclut toute problématique d’aménagement du territoi-
re ». Certains vont plus loin « RFF rêve d’imposer le tracer médian. Ils ont déjà prévu leur gare à Nevers. Pourquoi ? Parce que ce tracé permet de gagner 10 minutes et que ça compte pour la rentabilité. Le problème, c’est que pour imposer ses choix, RFF « pipote » la concertation en distillant de fausses informations. On nous raconte que les voyageurs d’Orléans ou Bourges ne perdront que 15 minutes si le tracé médian est retenu, c’est faux ! On nous dit qu’il serait difficile de traverser la Sologne sur presque 20 km et RFF refuse de faire les études pour démontrer de telles allégations. On prétend que le tracé ouest est plus coûteux et on ne le démontre pas… ». Certains n’hésitent plus à parler de « mensonges » ou de « manœuvres » devant le comportement de RFF. Certains pensent que la contestation Loir-et-Chérienne aurait pu
être favorisée par RFF.
Pour l’instant, c’est en version off que l’on nous fait ces confidences, officiellement, on reste très sereins et on ne veut pas briser le consensus qui avait prévalu entres élus locaux dans le cadre de l’association portée par Rémy Pointereau… Mais il est probable que l’artillerie lourde serait de sortie si le tracé médian venait à être retenu.
Élus de gauche et élus de droite en sont certains. Les liaisons du tracé médian vers Orléans et Bourges ne sont que les leurres destinés à faire avaler la pilule dans le cas où le tracé médian serait retenu. Selon eux, dans les faits, il n’y aura aucune liaison transversales. « Orléans n’est qu’à une heure de
Paris, à quoi servirait de construire une liaison Gien-Orléans pour raccrocher le TGV ? Pour relier Bourges à Nevers, il faudra prendre la ligne existante et ne parlons pas d’une solution pour relier Châteauroux à Nevers ! »