Thierry Schoen a pris voici deux mois les rênes de la Berrichonne. Une affaire de coeur pour ce chef d’entreprise, enfant de la Berri, qui cherche avant tout à jouer collectif.
Le Petit Berrichon. Thierry Schoen, malgré la sonorité de votre nom, vous êtes un pur Berrichon, enfant de la Berri.
Thierry Schoen : «Absolument, je suis né en 1956, de parents alsaciens, installés à Châteauroux pour cause de football. Mon père était gardien de but amateur du club de Koenigshafen et de l’équipe d’Alsace (a un bon niveau, son remplaçant était François Remetter, qui garda les buts de l’équipe de France lors de coupe du monde 58, en Suède). Il a été transféré à la Berri en 1948. A cette époque il n’était pas question de prime de transfert… ni de salaire. Simplement on vous proposait un emploi. Et compte tenu de la situation de l’Alsace au sortir de la guerre… Il a d’abord été métreur, puis assureur, avant d’entrer dans la société de boissons Buisse et de créer son entreprise en 1952. Il a été le premier à exporter hors d’Alsace la bière d’une petite brasserie appelée
Kronenbourg». Thierry est désormais à la tête de l’entreprise de distribution de boissons, avec son frère Patrick, l’ entreprise emploie plus de deux cents salariés.
LPB : Vous avez joué au foot évidemment ?
TS : «Comme mon père je jouais gardien de but, mais je n’ai eu ni l’ envie ni le talent pour en faire mon métier, même si je me donne à fond dans ce que je fais. J’ai évolué sous les couleurs de la Berri, mais aussi d’autres clubs du département : Vatan, Aigurande et au Poinçonnet».
LPB : Qu’est-ce qui vous a conduit à entrer au conseil d’administration de la Berri ?
TS : «C’est une très longue histoire. La société Schoen est le plus vieux partenaire de la Berri. Dès 1952 en fondant sa société, mon père est devenu le premier sponsor du club. Par la suite, il en est devenu le directeur sportif et nous sommes toujours restés dans l’entourage du club. Logiquement lorsque Michel Denisot a créé la société anonyme à objet sportif pour gérer la section professionnelle, nous sommes devenus actionnaires».
LPB : Actionnaire, cela veut dire que l’on touche des dividendes ?
TS : «Pas du tout, c’est même exclu par les statuts je crois. C’est une affaire de coeur. C’est un coût de temps, un investissement personnel et financier. Tous les dirigeants sont bénévoles, sauf Bruno Allègre, le président délégué. J’en profite d’ailleurs pour préciser que son salaire n’a pas changé en passant de directeur commercial à président délégué, en décembre 2013».
LPB : Vous vous étiez préparé à devenir président ?
TS : «Si je vous disais que quarante-huit heures avant je n’y pensais même pas, j’ exagèrerais à peine. En fait mes collègues m’avaient sollicité plusieurs fois. Cette fois je ne pouvais pas dire non. C’est une façon de rendre au club tout ce qu’il m’a apporté».
LPB : Qu’est-ce qui va changer par rapport à l’ère Le Seyec ?
TS : «Je n’ai pas la même disponibilité que Patrick. Il n’était donc pas question de,reprendre le même organigramme, d’où la nomination de Bruno Allègre comme président délégué. Au club depuis 25 ans il en connaît tous les rouages, a les contacts avec les agents. C’est mon homme de confiance. Lorsqu’il y a des décisions importantes à prendre au plan sportif, nous les prenons ensemble : Bruno, Jean-Louis Garcia (l’entraineur, arrivé, juste avant le nouveau président) et moi».
LPB : La Berri est en train de sortir de la zone rouge, c’est réconfortant pour le nouveau président ?
TS : «Ma première mission c’est de maintenir la Berri en ligue 2. Le club fait partie du patrimoine local. Ce n’est pas par hasard s’il continue de s’appeler La Berrichonne de Châteauroux. On ne peut donc pas descendre même si l’on a un des plus petits budgets (9M€ dont 1,6M€ pour le centre de formation). Il s’agit donc d’assurer le maintien, d’assainir les comptes et de bâtir un projet d’avenir».
LPB : Morald Chibout votre vice président, rêve même de ligue 1.
TS : «L’arrivée de Morald, castelroussin, comme nous, qui a merveilleusement réussi à la tête d’Autolib est très importante. Nous avons ratissé au plan local tous les appuis dont nous pouvions profiter. Il faut attirer des investisseurs nationaux, et le carnet d’adresse de Morald nous sera utile. Essayons d’abord d’évoluer parmi les cinq six premiers de ligue 2. C’est épuisant de lutter chaque année pour éviter la relégation. Et puis continuons de nous appuyer sur notre centre de formation, un des quinze meilleurs de France, ligue 1 et 2 confondues. Nous lançons très vite nos jeunes dans le grand bain mais ils ne sont pas destinés à rester très longtemps avec nous. Le club vit aussi des indemnités de transferts que nous versent les grands clubs. Mais notre devoir c’est aussi de leur donner les bases pour s’épanouir. Et là dessus nous sommes intransigeants quel que soit leur niveau si ils n’ont pas l’esprit ils ne resteront pas chez nous».
LPB : Au-delà de votre passion pour le club qu’est-ce qui vous plait dans cette équipe ?
TS : «Elle marque des buts, c’est essentiel pour proposer un bon spectacle et remplir le stade. Nous sommes là pour faire rêver les gens».
Propos recueillis
par Pierre Belsoeur