La ministre des sports a consacré un après-midi aux championnats du monde de tir de vitesse. Beaucoup plus à l’aise avec les champions que derrière un micro.
Philippe Crochard avait passé un très mauvais dimanche, piquant même un coup de sang en voyant le public de la cérémonie d’ouverture, trop longue, fondre sous la canicule. Son jeudi en revanche a été idyllique. Deux jours plus tôt la chaleur était oppressante, la veille il pleuvait et cette fois la température était idéale, le temps ensoleillé. La visite de Laura Flessel, ministre des Sports allait être la cerise sur le gâteau de son premier championnat du monde organisé à Châteauroux. Le président de la fédération n’a pas pu s’empêcher d’embrasser l’ancienne championne olympique, après avoir vaguement demandé la permission, au moment de son départ.
Il y a comme cela des symboles qui n’ont pas de prix pour un président de fédération sportive, Laura Flessel aux championnats du monde de tir de vitesse, une discipline non olympique, c’est la preuve administrée à ses collègues de la fédération internationale qu’en France, le tir est une discipline qui a du poids.
Il faut reconnaître que venir saluer les participants d’un championnat du monde dans un site ultra moderne qui n’a pas d’équivalent en Europe (et dont la FFTir a financé l’essentiel des 30M€ d’investissements) ne faisait pas tache dans un déplacement ministériel également ponctué par un arrêt au Creps de Bourges. L’occasion pour l’ancienne escrimeuse qui doit assimiler les « éléments de langage » qui accompagnent sa nouvelle fonction, de mettre en avant, lors d’une brève prise de parole « Le dynamisme des territoires, bases arrières de Paris 2024, dont les équipements permettront de former les élites de demain. »
Eric Grauffel en moniteur
Les championnats du monde de tir sportif de vitesse (TSV) n’occupent qu’une toute petite partie du centre national de la fédération française, à la Martinerie puisque les compétitions se déroulent essentiellement en extérieur, Laura Flessel a évidemment eu droit à la visite complète du site avant de se retrouver dans son élément, au milieu des tireurs. Entre une escrimeuse en finale olympique et un tireur qui défend son titre de champion du monde, la pression est la même et la ministre des sports, après avoir écouté les explications d’Eric Grauffel, n’a pas pu s’empêcher de lui demander une démonstration.
Et si la compétition a été suspendue, le temps du passage du cortège ministériel, les rituels ont bien vite repris leurs droits dans les alvéoles : rencontre entre les tireurs et l’arbitre, appel des concurrents du match et applaudissements, description de l’épreuve, mémorisation du parcours… Ensuite le tireur effectue en une dizaine de secondes son épreuve avant d’aller vérifier ses tirs en compagnie des arbitres, recevoir sa fiche de match et serrer la main de l’arbitre principal. Non seulement le tir respecte des consignes de sécurité draconiennes, mais exige des qualités humaines exemplaires.
Ils ne passent pas inaperçus
Même s’ils n’étaient pas très nombreux lors de la cérémonie d’ouverture et que les spectateurs ne viennent qu’à dose homéopathiques suivre les compétitions (une belle surprise de l’avis de ceux qui ont osé le déplacement à La Martinerie) les Castelroussins ne peuvent ignorer qu’il se passe quelque chose dans leur ville. Voici deux ans, ils apercevaient les avions des championnats du monde de voltige, là ils entendent les pétarades du championnat lorsque le vent est porteur. Mais surtout ils croisent dans les magasins, les restaurants, les cafés, les 1 600 tireurs et leurs accompagnateurs venus du monde entier passer près de dix jours dans l’Indre.
Une belle démonstration, de la part de Philippe Crochet et son équipe des retombées économiques d’un tel équipement. Il accueillera régulièrement des compétitions internationales, mais aussi des équipes venant d’un peu partout pour des stages d’entrainement… en particulier dans la perspective des Jeux Olympiques, même si Châteauroux, Laura Flessel l’a rappelé par défaut, ne peut être retenu comme site Olympique.
Pierre Belsoeur
Les Chinois aussi ont des projets sportifs
Juste en face du CNTS, de l’autre côté de la route de Lignières, d’autres équipements sortent de terre sur la zone occupée par EuroSity. La SFECZ, société franco-chinoise d’aménagement ( installée à Ozans) qui avait déjà construit ou transformé des bâtiments pour accueillir les étudiants chinois du Pole d’enseignement supérieur international
(70 étudiants l’an denier, 150 à la prochaine rentrée) a fait ré-intervenir les engins de chantier pour faire sortir de terre un stade d’athlétisme et sa pelouse synthétique.
Avec une capacité d’accueil d’un millier de personnes le centre pourrait avoir bientôt une deuxième destination : héberger les sportifs chinois de haut niveau dans la perspective des JO de 2024, mais plus largement en leur offrant des conditions d’entrainement dans un environnement serein.
Même si certaines réalisations sortent de terre on n’en est encore qu’aux supputations et comme la communication n’est pas la préoccupation première d’EuroSity il ne reste plus qu’à s’armer de patience pour vérifier que La Martinerie mute en zone de sport de haut niveau.
Championnats du monde : Eric Grauffel comme d’habitude
On vous avait présenté Eric Grauffel comme le Teddy Riner du tir de vitesse. Le hasard a voulu que tous deux décrochent, le même jour leur neuvième titre mondial. Tout s’est joué samedi pour le champion français qui a pris le meilleur sur l’américain Robert Vogel lors de la dernière des cinq journées de compétition. « Tirer à domicile dans un championnat du monde n’est pas forcément un avantage. On est l’objet d’un maximum de sollicitations. Mais je ne vais pas me plaindre, nous avons obtenu un succès populaire jamais égalé sur une épreuve mondiale et les installations que nous proposons à Châteauroux sont exceptionnelles. Le public qui découvrait le tir de vitesse a été séduit. C’est excellent pour notre sport, méconnu, mais pourtant très visuel. Je reviendrai l’an prochain pour les championnats du monde au fusil, mais sans espoir de podium. Juste pour le plaisir de la compétition.»
Deux autres Français sont montés sur la plus haute marche du podium en super vétérans Joel Gerard en Classic et Thierry Obriot en Open. Baptiste Felt décroche pour sa part l’argent en production juniors. Emile Obriot et Philippe
Gibert sont médaillés de bronze dans leur catégorie.
Les Etats Unis ont dominé la compétition en individuels et l’ont écrasée par équipes en décrochant huit titres sur douze. La Russie, l’Italie et les Philippines ont été, avec la France, les autres grandes nations de ces championnats du monde qui se sont achevés avec une superbe soirée de baisser le rideau sous la bulle de Belle Isle.