Une caméra par-ci. Une caméra par-là. C’est bien connu, un bon angle de vue empêche toutes les turpitudes. Et ce n’est pas parce que les statistiques disent exactement le contraire que les idées préconçues n’auront pas la vie dure. Presque 1300 caméras à Nice et 86 morts à un compteur qui n’a malheureusement rien de fumeux. C’est du vrai, du réel, du concret de type technocrate. L’utopie d’une potentielle intelligence humaine n’est pas grand chose face à ces décisionnaires à l’esprit obtus, poseurs de vidéo-protection, parce que dans l’espace public, pour ne pas avoir à dire vidéo-surveillance.
Une caméra par-ci, une caméra par-là. Pourquoi pas finalement quand le nombre est proportionné à la délinquance potentielle. D’autant que le taux d’élucidation des affaires a augmenté c’est un fait acquis. Pour le nombre des conneries filmées on est dans la même amplitude ! Économiquement, la volonté d’installer un système vidéo communal a fait un bond inversement proportionnel aux QI cumulés des maîtres d’œuvre ou des donneurs d’ordres. Parfois, le nombre d’installations est nettement disproportionné. Un marteau pilon pour écraser un moustique… C’est bizarre mais, pour cette année, on peut envisager une forte baisse de la courbe du chômage chez les poseurs de caméras. De quoi donner le sourire à François 4, notre président de encore un peu moins d’un an. Faut bien que les gens travaillent vous me direz ! Une chose est malheureusement certaine, une caméra n’arrêtera jamais un camion avec un connard dedans. De la même manière une caméra n’empêche pas les incivilités. Tout juste pourra-t-on, éventuellement, identifier le/les individus fauteurs de trouble. Bon, dans les villages, les branleurs-casseurs sont tous identifiés et parfaitement connus. Là, on est plutôt dans un problème d’ego d’élu et de réélection que de sécurité. On ne peut rien dire, des fois que les parents de ces sauvageons à la mode de J-P Chevènement, le gars de retour de chez les morts politiques cet été, ne voteraient pas comme il faut la prochaine fois. Alors, pour compenser, on pose une, des, caméras en veux-tu en voilà. Ça sécurise que dalle mais ça flatte les âmes sensibles. Filmé sous tous les angles. Pas visionné certes mais visionnable. Pas coupable mais en instance de l’être. Suspicion. Y a pas de fumée sans feu en version numérique. A raison d’un engin par tranche de 100 habitants, en zone rurale, Big Brother veille sur nos têtes. Et on déplace le problème… mais n’est-ce pas volontaire ? Remplacer l’éducation, ou la construction d’une aire de jeu, par un œil mobile n’est pas anodin. La force du 16/9 est autrement plus puissante, et moins rare, que l’attribution d’un prix Nobel de mathématiques ou d’un contrat en NBA!
Une caméra par-ci. Une caméra par-là. Manu Macron, tous les Emmanuel s’appelle Manu, sauf Sylvia Kristel bien sûr, en visite chez le Fou du Puy tout content de se retrouver sous les feux des … caméras, c’était aussi au mois d’août. « je ne suis pas Socialiste … » a-t-il avoué avant de faire un bras d’honneur à François son mentor de l’Élysée. A par lui, semble-t-il, personne n’avait de doute sur le sujet. Nous donnerons désormais le nom en entier du Vendéen pour ne pas le confondre avec Gérard De Villiers, l’auteur de S.A.S qui se reconnaissait sensiblement dans les même valeurs, ou même Bernard Lavilliers, le gars de la Manu qui lui n’a rien à voir, rien à filmer des deux précédents. Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, en est donc resté comme deux ronds de flan pendant que coulait le drakkar vikking au milieu de son étang aux bords synthétiques.
Une caméra par-ci, une caméra par-là. L’œil des caméras a parfois bonne mémoire. Il faut toujours faire attention quand le voyant rouge est allumé. Nico de Neuilly, par exemple, avait annoncé, en 2012, qu’il arrêtait la politique, filmé dans les locaux de RMC en 2012. Après l’élection perdue, il avait même confié à ses proches, selon Le Figaro, « Une page se tourne pour moi. Je ne serai pas candidat aux législatives, ni aux élections à venir… » Nico est pourtant de retour même s’il n’est pas encore LE candidat. N’est pas Lionel Jospin qui veut ! L’ex-président à talonnettes est seulement candidat à la candidature, comme Bruno Le Maire, de Neuilly aussi, François Fillon, l’homme des rillettes du Mans, Alain Juppé le bûcheron canadien du Bordelais, ou Nath la chanteuse de NKM – on me dit que Nath n’est pas chanteuse et que NKM sont les initiales de son nom et de son prénom – et une douzaine d’autres.
Une caméra par-ci, une caméra par-là. En même temps que Nico, Vincent Damon Furnier a annoncé aussi sa candidature mais lui c’est pour les élections américaines. Vincent président ce n’est pas plus stupide que Donald président, non ? Et puis Vincent, est passé par les hôpitaux psychiatriques lui. Le problème c’est que vous ne connaissez pas Vincent ! Pourtant il est passé grave devant les caméras. C’était un moment où son maquillage était presque son seul vêtement, comme Ivana. Un peu plus quand même que l’épouse du candidat républicain. C’était un moment où Vincent s’appelait Alice Cooper, débarquait sur la scène rock un boa sur les épaules pour écarteler un bébé de celluloïd et se faire pendre haut et court. Un garçon dont la sobriété artistique a fait ses preuves. Au pays de la libre entreprise et du rêve américain, cela démontre, s’il en était nécessaire, que l’on peut être joueur et postuler au poste de 45e président des États Unis.
Un monde avec Alice, ou Donald, comme président des States, Vlado chef en Russie, Boris patron de l’United Kingdom, Recep Tayyip commandant à Istanbul et Marine à la place de Marianne, ça fait un sacré générique… Pour savoir qui va filmer ça, c’est une autre histoire.
Fabrice Simoes