Après le Zooparc de Beauval, précurseur de la méthanisation, de nombreux projets voient le jour.
Quand Rodolphe Delord a pris la décision en 2010 de mettre en place un méthaniseur à Beauval, il y avait moins de cent méthaniseurs en France, il y en a mille aujourd’hui, trois nouveaux par semaine. Comme toujours précurseur et visionnaire, Rodolphe Delord se félicite aujourd’hui de cette décision, pour un investissement de 2,6 millions d’euros, ces installations fonctionnent aujourd’hui à l’équilibre financier. L’exploitation du méthaniseur a démarré en avril 2015, supervisée par Cédric Joie, diplômé en traitement de l’eau. Un méthaniseur est comparable à un estomac géant qui, avec l’aide bactéries présentes naturellement, digère à l’abri de l’air des matières, résidus de l’agriculture, de l’élevage ou de l’industrie alimentaire. Les produits de cette “digestion“ sont des gaz, en particulier un gaz énergétique, le méthane, et des engrais solides ou liquides qui seront épandus sur les terres cultivables. Double bénéfice donc : on se débarrasse des fumiers, lisiers, déchets de restaurants, de tonte, déchets bio industriels, et à la sortie on récupère l’énergie du méthane (énergie électrique, ou gaz de ville), du chauffage pour le zoo, et des engrais. Un cercle vertueux qui serait parfait sans un rendement énergétique assez faible.
Le méthaniseur de Beauval est une installation moyenne qui transforme chaque année 10 000 tonnes de matières : 4 000 tonnes de fumier des animaux du zoo, 3 000 tonnes des agriculteurs locaux, 3 000 tonnes de l’industrie alimentaire et déchets restaurants de Beauval. Le méthane alimente un moteur qui entraîne un alternateur produisant de l’électricité vendu à EDF, et produit de la chaleur pour les serres de Beauval.
Un autre projet à Romorantin
En Loir-et-Cher, les projets de méthaniseurs fleurissent ; nous avons rencontré des agriculteurs de la communauté de communes du Romorantinais et du Monestois (CCRM) pour leur projet “Bio Méthagri Romonestois“. À la suite d’une réunion organisée par Jeanny Lorgeoux, président de la CCRM, et par la Chambre d’Agriculture, un groupe d’une trentaine d’exploitations agricoles de la CCRM s’est constitué en société, présidée par Fabrice Marier, pour lancer un projet de méthaniseur. Après trois ans de travail, ce projet prévu sur la commune de Villefranche-sur-Cher devrait poser sa première pierre courant 2022. Un sacré challenge pour ces éleveurs et cultivateurs qui ont déposé un dossier pour un investissement de 9 millions d’euros, avec l’objectif d’atteindre rapidement la rentabilité. Les agriculteurs apporteront 1 M €, l’Ademe 1,4 M €, la CCRM 0,6 M € ; le reste par un emprunt bancaire. Le terrain choisi pour sa proximité avec un pipe-line de Gaz de France devrait bientôt obtenir son classement en terrain agricole pour autoriser l’installation du méthaniseur qui “digérera“ pas moins de 36 000 tonnes de matières par an, 1/3 des effluents d’élevage et 2/3 de culture, pour produire 260 Nm3/h de gaz de ville, de quoi satisfaire la consommation de Romorantin et Villefranche. Outre ces matières, le méthaniseur a prévu à terme d’avaler aussi des déchets alimentaires des cantines scolaires et hospitalières de la CCRM ; une étape obligée par la loi pour la CCRM et une production supplémentaire pour le méthaniseur. Au-delà de la technique, ce projet aura resserré les liens entre agriculteurs très dispersés sur ce territoire. Rendez-vous en 2023 pour la première injection de gaz vert.
G.Br.