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Sologne : Aide à mourir, une future loi très attendue

Même si pour certains malades, c’est trop tard, des dysfonctionnements dans la prise en charge de la fin de vie demeurent révoltants pour les familles concernées et endeuillées. Témoignage d’un époux veuf sur un système de santé français à améliorer, au moment où les grandes lignes du projet de loi sur la fin de vie ont été présentées en Conseil des ministres le 10 avril 2024.
Jacky Théret, 75 ans, est connu dans le domaine de la chasse et de l’élevage de gibiers en Sologne, près de Romorantin. Aujourd’hui à la retraite, depuis dix ans, comme beaucoup, il n’a pas pu profiter pleinement de ce moment mérité, après avoir commencé à travailler à l’âge de 14 ans. Il a en effet perdu son épouse, Thérèse, 73 ans en septembre 2023, après huit années de maladie. Quelques signes avant-coureurs paraissant anodins comme une voix enrouée subitement contre laquelle les pastilles pour la gorge n’avaient aucun effet, ou encore une chute inopinée au moment de la vaisselle, et c’est finalement en 2014, après une batterie d’examens et surtout une ponction lombaire, qu’un diagnostic est posé. “On nous apprend que ma femme est atteinte de la maladie de Charcot, on ne sait pas d’où ça vient, peut-être une cause héréditaire,” raconte le septuagénaire, tenant bon, bien qu’affecté par la perte de cet être cher qui partageait sa vie depuis plusieurs décennies (il s’est marié à 22 ans). “C’est-à-dire une SLA, sclérose latérale amyotrophique. Les muscles s’atrophient, se resserrent. En 2017, Thérèse qui était très bonne cuisinière, aimait faire des gâteaux, aller au restaurant et les plaisirs de la vie en général, ne pouvait plus marcher ni parler; on avait acheté des feutres et des ardoises, elle écrivait toujours bien et sans faute. Nous bénéficions de l’accompagnement quotidien de la HAD (Hospitalisation à domicile), sauf la nuit où je gérais, je la soulevais, la portais du lit médicalisé aux toilettes, etc. Et elle se rendait à l’hôpital Bretonneau à Tours tous les trois mois. Ma fille, Anita, et la sœur de Thérèse passaient pour nous soutenir également régulièrement.” Le malheur s’est aggravé avec une douleur aux côtes préfigurant la déclaration d’un cancer du sein en 2020.

« En France, c’est honteux »
Quand il lit ici et là des articles dans la presse notamment quotidienne, M. Théret ne peut s’empêcher de s’offusquer : “on nous avait donné une espérance de vie de 2 à 5 ans, ma femme a tenu 8 ans, elle était courageuse. Nous, nous l’avons vécu, nous sommes passés par là et quand je lis, quand on dit que les soins palliatifs, ça marche bien, ce sont des foutaises ! Dans notre pays, c’est honteux. Le personnel manque, on ne voit personne parfois, les patients sont livrés à eux-mêmes. Thérèse devait rester quinze jours à Blois, je suis allée la chercher avant pour qu’elle ne meure pas seule là-bas, dans l’indifférence. À la question, est-ce que si la loi d’aide à mourir, telle qu’esquissée par le Président de la République, Emmanuel Macron, aurait existé, sa femme y aurait eu recours ? Jacky Théret répond sans ciller. «À force des souffrances, nous en avions parlé, de l’euthanasie, du suicide assisté. Thérèse voulait cela, elle en pleurait. Mais en France, ce n’est pas possible. Nous réfléchissions à l’éventualité de la Belgique. Elle est partie entre-temps, aidée par de la morphine; un nom qui veut dire ce qu’il veut dire, il y a mort dedans, » conclut le veuf qui déclare aller tous les jours au cimetière où repose sa bien-aimée disparue.
É.R.

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