Relation de cause à effet, pas forcément. Cependant le tsunami industriel causé par la fraude « Volkswagen », premier client du groupe Faurécia, ne va pas aller sans conséquence pour les salariés de l’entreprise. Déjà, lors du dernier comité central d’entreprise, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), l’annonce de la suppression de 92 postes sur le site de Theillay, le seul qui serait concerné par cette restructuration, a été brutale mais n’a pas véritablement surpris les représentants des salariés. Ce qui a le plus étonné concerne plutôt l’importance de la déflation d’effectif avec 68 postes directs et 24 postes indirects.
Au début de l’été 2013, Faurécia, repreneur presque par obligation industrielle ( les positions des grands industriels de l’automobile avaient largement influencé cette reprise), avait souhaité poser de nouvelles conditions aux salariés pour améliorer la compétitivité de la structure. «Le site de Theillay est 8% plus cher que les 300 autres sites mondiaux du groupe», avait alors expliqué le député de Romorantin, Patrice-Martin-Lalande, plaçant de fait, sur un pied d’égalité, Theillay avec les sites de Chine, Corée du Sud, d’Inde ou de Thaïlande. Las, malgré des propositions qui ressemblaient plus à une « forme de chantage », selon les représentants du syndicat CGT majoritaire dans l’entreprise, un référendum, sous contrôle d’huissier, avait vu les salariés rejeter le projet de l’entreprise. Entre un allongement du temps de travail, la suppression ou la réduction de primes, entre autres et la possibilité éventuelle de potentiels futurs contrats pas encore signés, la base n’avait pas hésité. Les récents déboires des ouvriers de chez Continental avaient plus sûrement fait effet que toute éventuelle campagne d’intimidation. « Cela représentait des sacrifices importants pour les salariés, pour 500 000 à 600 000 € d’économies par an sur la seule masse salariale, alors qu’on perd environ 10 Millions d’euros par an » expliquent les délégués du personnel très pointus sur ce chiffrage.
Depuis les salariés avaient tiré la sonnette d’alarme sur plusieurs contrats évanouis, sur un chiffre d’affaire de plus en plus restreint, sur un niveau de rebut trop important du à l’obsolescence des outillages de fabrication. Chez les élus départementaux et régionaux on avait déposé un droit d’alerte, en mai, alors que, une fois de plus, les élus de l’entreprise pointaient du doigt une future restructuration et un carnet de commande réduit de plus en plus à peau de chagrin. Si les uns visaient l’éventualité de l’achat des bâtiments pour pérenniser le site (ceux-ci n’appartiendraient pas actuellement à l’industriel Faurécia. N.D.L.R) les autres avouaient leur désarroi face au manque de visibilité pour l’avenir de l’usine solognote. En local, on se voilait la face pour ne pas inquiéter des salariés pourtant déjà très au fait des problèmes de leur entreprise. L’été est passé, la politique de l’autruche n’a été d’aucune efficacité, et les prédictions les plus pessimistes se sont malheureusement avérées réelles.
Le gros problème, toujours selon les élus syndicaux, «c’est que les 92 licenciements, sur 265 salariés, ne seront peut-être pas suffisants. Si la charge ne rentre pas, il y aura un autre wagon … » Pour cette semaine, une réunion d’information avec tous les personnels était prévue en attendant le prochain comité central, normalement le 7 octobre prochain.
F.S.