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Selles-sur-Cher : Jacqueline Gourault a épinglé l’ONM sur la veste de Chantal Clairo

Une cérémonie de remise s’est tenue au château de Selles-sur-Cher le 1er décembre. La récipiendaire a particulièrement ému l’assemblée présente, du fait d’un parcours personnel et professionnel qui force le respect.
“Les Soleillades”. Cet intitulé ne vous parle pas forcément, il s’agit d’un lieu structurant pour le territoire. C’est le nom de baptême d’une pension de famille, implantée depuis 2007, 1 rue de l’Industrie à Selles-sur-Cher (https://soleillades.fr/), qui accueille, sans limitation de durée, dans des logements autonomes dans un cadre de vie collectif, des personnes en difficulté, en vulnérabilité de ressources, exclues et isolées socialement ou en rupture avec le système. L’association “Traverses” gère cette pension depuis 2014. L’ensemble met du temps à créer des émules mais y parvient, puisque l’année prochaine, pourrait sortir de terre une deuxième maison de ce type, en Sologne, à Romorantin. Derrière ce projet humaniste et militant, le président de “Traverses”, Michel Marseille, dont le visage est familier, car il a dirigé la Majo, Maison d’accueil des jeunes ouvriers, de Romorantin. Et, aussi derrière chaque homme se cache une grande femme : Chantal Clairo est la directrice et figure de proue de ces “Soleillades”. Son chemin de vie, parsemé d’embûches personnelles et de santé, ainsi que ses origines familiales très modestes, ont développé chez cette femme de fortes valeurs, mais également de solides capacités de résilience et d’altruisme. “Chance ou destin ?” a interrogé Chantal Clairo, qui a fait dans les années 1980-1990 partie du personnel cadre du centre d’hébergement dans les quartiers Nord de Blois, “Astrolabe” au chevet des femmes victimes de violences, et qui a été aussi à la tête de la fondation des Jardins d’insertion dits de Cocagne à Blois, entre autres casquettes, avant son engagement auprès des “Soleillades”. “Je ne sais pas. Qu’ai-je fait de plus pour être méritante?” Des larmes dans la voix, cette mère de deux enfants aura notamment remercié le soutien et l’appel téléphonique de l’ex sous-préfète de Romorantin, Catherine Fourcherot, ou encore l’oeuvre du prêtre ouvrier loir-et-chérien défunt, Maurice Leroux, puis confié des anecdotes très intimes concernant sa mère et sa père, ses cinq frères et soeurs, l’arrêt de ses études, la maladie, etc., mouillant par effet de ricochet les yeux de son auditoire réuni au château. “Alors que j’aurais pu mal finir, ce sont sans doute les rencontres qui m’ont permis d’emprunter cette route. On finit toujours par apercevoir la lumière et des soleils dans l’orage. Le travail a toujours été mon point de repère. Le mérite console de tout, d’après Montesquieu.”

“Une pension de famille, c’est tout ce que la société ne veut plus voir”
Rien ne la prédestinait, justement, et pourtant, son action infatigable au service des autres lui aura valu une mise à l’honneur remarquée lors du grand prix humanitaire Oenobiol-Madame Figaro en 2006. Ce sort l’a ensuite conduite à être distinguée le 1er décembre 2023 par des insignes de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite (ONM), qui lui ont délivrées en personne au château de Selles-sur-Cher le 1er décembre, par l’ancienne ministre, la Loir-et-Chérienne Jacqueline Gourault, membre du Conseil constitutionnel, devant les résident(e)s des “Soleillades”, d’anciens collègues et plusieurs de ses proches, dont l’une de ses soeurs et l’une de ses filles. L’ancien maire de Selles, Alain Quillout, jadis enseignant d’histoire-géographie (un point commun avec Mme Gourault), était également présent, ne manquant pas, dans un trait d’humour érudit “ de l’ordre peut-être du saint-Esprit ”, de donner des indications historiques sur les fondements de cette médaille ONM au ruban bleu instituée en 1963 par le Général-de-Gaulle, après le ruban rouge de l’Ordre national de la Légion d’honneur en 1802 par Napoléon Bonaparte. Entre deux pages d’histoires, Chantal Clairo a insisté sur l’importance des “Soleillades”. “Une pension de famille, c’est un mélange compliqué. Des gens qui ont connu la violence de la rue, la nourriture dans les poubelles, ou la dépendance à l’alcool, ou l’incarcération, ou des handicaps qui ne vous placent pas dans les bonnes cases… Une pension de famille, c’est tout ce que la société ne veut plus voir et des gens qu’il faut remettre debout. Par rapport à nos débuts en 2007, cette époque est plus compliquée, la moyenne d’âge de nos résidents est passée de 45 ans à 60 ans. Il y a donc peu de départs de cette famille recomposée. On y rit, et on crie aussi parfois.Mais c’est une formidable aventure. Les petites graines que j’ai semées ont bien grandi et sont enracinées.” Le président Michel Marseille a appuyé ce propos, dans l’attente de leur souhait, celui donc de créer en 2024 une deuxième pension, à Romorantin cette fois.  » J’ai rencontré il y a huit ans environ Chantal. C’est une femme qui se bat pour les autres,” a-t-il insisté. “Nous avons beaucoup œuvré et aujourd’hui, tous les espoirs sont permis. Nous sommes dans le bouclage financier.” En ne manquant pas de suggérer pendant cette cérémonie au sénateur Jean-Luc Brault et à la sous-préfète de Romorantin, Mireille Higinnen, d’aider à boucler cette précieuse boucle …
É. Rencien

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