Combien de fois avons nous entendu que la condition des personnels et résidents dans les établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) est inacceptable. Pourtant, depuis le plan de solidarité grand âge de 2006 tout devrait aller mieux…
Hélas, comme c’est souvent le cas entre les grandes annonces gouvernementales et les actes sur le terrain, le fossé se creuse à tel point, que fin janvier, une nouvelle fois, les personnels, résidents, parents, et même directeurs et directrices de structures étaient dans la rue pour dire leur ras-le-bol face à cette montée de l’insupportable. « Nos ainés entrent en EHPAD d’abord pour y vivre et y vivre dignement », tel était entre autre le slogan que portaient tous ces gens politisés ou non (pour une fois intersyndicale unanime…) pour crier leur mal au cœur face à une situation qui vient de passer le seuil critique de l’inacceptable. Sandra Tricheux, syndicaliste Force Ouvrière rappelait que « la revendication principale est claire, obtenir ce qui a été annoncé en 2006 par le plan solidarité grand âge, le ratio d’un agent par résident. Savez-vous combien on est en moyenne actuellement ? Environ 0,5 agent. Il manque donc la moitié de personnels pour avoir une prise en charge digne. Ces conditions de travail ne sont plus acceptables. La prise en soins du résident est bafouée par des restrictions budgétaires inadmissibles. La nouvelle réforme de tarification appliquée va se traduire par des suppressions de postes et dégrader encore plus les conditions de travail. Les soignants souffrent de ne pouvoir faire leur travail comme ils le voudraient et les résidents ne font que subir leur prise de soins. L’effort budgétaire de 100 millions d’euros annoncé est un leurre, un simple pansement pour éviter aux syndicats de faire trop de bruit. Nous exigeons le maintien de tous les effectifs, l’abrogation de la réforme tarifaire et l’application du plan solidarité grand âge ». Le maire adjoint de Vierzon, Philippe Fournier, délégué aux solidarités ajoute que « les EHPAD sont un sujet complexe tant l’accueil dans ces établissements a changé en raison du vieillissement de la population et de l’entrée en EHPAD de plus en plus tardive. Nous sommes sortis des traditionnelles maisons de retraite pour passer dans des établissements où l’on vient finir sa vie. Aujourd’hui, bien sûr qu’il manque des moyens mais nous devons penser à une nouvelle organisation de nos EHPAD. La question du financement reste posée mais on ne peut plus demander des sommes folles qui vont parfois entre 2500 et 3000 euros mensuels à des résidents ou leur famille lorsqu’on sait combien la vie aujourd’hui est difficile ».
Les personnels sont fatigués et disent leur mal au cœur : « nous sommes à bout, physiquement et psychologiquement, nous ne pouvons même plus assurer des soins qui sont pour nous l’essentiel de notre métier. Par exemple, on lave des résidents au lit n’ayant pas le temps de les aider à prendre leur douche. C’est un crêve-cœur car lorsqu’on nous dit de tout faire pour qu’ils conservent le plus longtemps possible leur autonomie ; comment faire lorsque nous sommes surchargées de travail parce qu’il nous faudrait plus de personnel ? On ne demande pas autre chose dans l’immédiat, que résidents et soignants soient considérés et non méprisés et abandonnés comme c’est le cas aujourd’hui… »
Jacques Feuillet