Depuis une année, il paraît que « nous sommes en guerre ». La « machine de » a enfin été armée au Jeu de Paume dès le 6 avril, à l’instar d’autres méga-centres installés dans des salles de spectacle dans l’Hexagone. Tous bientôt hors des abris, les vaccins sont dégainés.
La culture demeure emmurée, alors ces mêmes murs, à défaut de spectacles, servent actuellement de réceptacle à une valse de vaccins sur la scène. Après et en plus des sites éphémères et des centres communaux, voici venu le temps du « big show » avec le vaccinodrome, gros mot jusqu’alors. À Blois, cette seringue géante s’est plantée dans le bras du Jeu de Paume, avenue de Châteaudun. «Quand on vous disait par le passé que la vocation de cette salle était multi-fonctionnelle !» se sera écrié le président de l’agglomération de Blois, Christophe Degruelle. C’est de manière inopinée confirmé : dans cet espace culturel et sportif, l’écran à l’entrée passe de temps à autre un spot pour l’ADA basket, ou une image d’Alain Souchon en concert, et autres artistes qui ne demandent qu’à revenir en live, avant de basculer abruptement dans la vérité entravée du moment, via un écriteau digital, « centre de vaccination », qui permet de retrouver rapidement les pieds sur une terre d’une réalité dans l’immédiat moins enchantée qu’un tour de chant bon enfant. Mais le bout du tunnel serait proche à coups de piqûres, à en lire les spécialistes politiques et commentateurs. Advienne que pourra, la bête de somme est enclenchée, armée de munitions. Et ce sont ces dernières qui justement réguleront le nerf de cette guerre : les fameuses doses ! La livraison paraît ici plus fluide, et il faut espérer une régularité pour tenir les objectifs à Blois de 900-910 vaccinés quotidiens au Pfizer, dans l’enceinte du Jeu de Paume (le millier visé dans quelques semaines). La foule était en tout cas au rendez-vous le premier jour d’ouverture, le 6 avril, devant la salle revisitée et réquisitionnée… en dépit, il ne faut pas le taire, de désistements de patients parmi les rangs de temps en temps. “C’est très bien organisé. Pour les médecins en activité (et retraités), il n’y pas de difficulté à les trouver et les mobiliser, » a rassuré sur place le docteur Bernard Baudron, président référencé côté Loir-et-Cher auprès du Conseil national de l’Ordre des médecins. “Tout ne dépend que des doses reçues, les objectifs seront atteints d’ici cet été si…”
Organisation collective, « froufrous » de courroux
Lors de la visite du 6 avril, d’information et de communication étatique (à l’instar le même lundi par exemple de celle du Stade de France), le préfet de Loir-et-Cher, François Pesneau, aura à son tour assuré la présence de chevaux sous le capot du Jeu de Paume réquisitionné, en semaine de 9h à 18h30, pour vacciner, vacciner, vacciner. L’intéressé était entouré des autorités mobilisées (le maire de Blois, le président Perruchot, etc. même si certains se sont rapidement éclipsés, courroucés car selon eux, bien que conviés, ils se sont sentis évincés par l’État ce jour-là; aïe aïe aïe.. !). Le représentant de l’État aura même cité plusieurs fois. « C’est une très belle réussite collective, tous ensemble, sous la direction du capitaine Ponin, avec le concours de la ville de Blois et d’Agglopolys, du Conseil départemental, les services de la préfecture, de l’Agence régionale de santé, du Service départemental de secours et d’incendie, des médecins, des infirmières, des professionnels de santé (dont la CPTS La Salamandre), des associations de protection civile… Cinquante personnes par jour (parmi les parties précitées, ndrl) se mobilisent volontairement chaque journée côté logistique. Tout seul l’État ne peut faire cela. Et encore une fois, ce collectif marche bien ici. Sans froufrous, sans caméras nationales, mais tout aussi efficace qu’ailleurs dans le pays ! Et non, les créneaux ne sont pas réservés sur Doctolib qu’aux Loir-et-Chériens car c’est un effort national. » Dans la salle d’attente, le 6 avril, en effet, des seniors du coin, mais aussi d’Indre-et-Loire et du Loiret… Pour exemple, François, qui s’était déplacé de “pas loin” selon lui, c’est-à-dire d’Orléans, croisé après son vaccin. “Je n’étais pas spécialement impatient de, mais c’est plus prudent il paraît de.” La création d’un deuxième mégacentre (à Romorantin peut-être mais plus probablement à Vendôme) est de surcroît envisagé aux environs du mois de mai pour accélérer davantage la cadence et étendre la vaccination aux samedis et weekends. Et ainsi, passer la troisième, voire la quatrième, vers une certaine liberté et sérénité. Pour le retour à la vie normale, il faudra assurément davantage patienter, puisque pour rappel, être vacciné pour l’instant ne signifie pas pour autant la panacée, ni ne rime avec potion magique qui éradique…
É. Rencien