Une heure d’entrevue chrono en main, à l’heure du déjeuner. C’est en mode express que la présidente de la région Ile-de-France s’est déplacée en Sologne le 22 octobre pour charmer un très petit comité de militants et personnes d’ores et déjà acquises à sa cause de candidature présidentielle à droite.
Certes, elle possède de la famille du côté de Nouan mais ce n’est guère pour cette raison première que Valérie Pécresse a fait étape le 22 octobre dans la commune de Salbris. Elle a affirmé avoir été invitée par le maire, Alexandre Avril, dans une journée périple entre Berry et Touraine. Elle était en effet ce vendredi-là attendue en début d’après-midi à Châteauroux (36) puis en soirée à Saint-Cyr-sur-Loire (37). L’édile salbrisien a ainsi commenté sur les réseaux sociaux notamment, confirmant la donne. « Ensemble, nous avons fait le tour de nos zones d’activités, notamment du TechnoParc, afin de parler du potentiel formidable que nous avons pour accueillir les entreprises franciliennes en quête d’espace pour se développer. À 2h de Paris par l’autoroute et le train, Salbris fait presque partie du Grand Paris ! J’ai voulu montrer à la présidente de région Île-de-France, et candidate à l’élection présidentielle, que nous disposons des 4 ressources que cherchent les entreprises : l’espace, avec 25 hectares de zones d’activités ainsi que de nombreuses friches industrielles ; l’accessibilité, à 2h de train et d’autoroute ; la connexion, puisque le techno-parc est désormais une zone d’activité 100% fibrée (une des premières de Loir-et-Cher !) ; le potentiel de main d’œuvre, notamment par notre politique de réindustrialisation par la formation et l’insertion via l’école de production Maurice-Leroux dont Valérie Pécresse suit avec attention le développement. » Passée la balade au grand air, cette dernière a accordé un temps de conversation avec une poignée de militants et sympathisants LR qui avaient pu se libérer pour répondre à une invitation de réunion – présentée de prime abord comme “publique” mais en vrai, “interne” – à un horaire de rendez-vous bien spécial, 11h30, qui avait fait sortir les gâteaux et boissons apéro qui allaient bien, au maire Avril, “achetés avec mes propres deniers”, a-t-il tenu à mentionner. Autant dire qu’il y avait très peu de monde et beaucoup de seniors évidemment, du fait de cette particularité (Caroline de Bodinat, candidate aux élections départementales 2021 et municipales 2020 sur Neung-sur-Beuvron; le conseiller municipal d’opposition LR de Blois Malik Benakcha; Gérard Chopin, le maire de Theillay; le président de l’ACASCE (association contre l’engrillagement de la Sologne), Jean-François Bernardin; le maire de Sainte-Montaine dans le Cher, Jean-Yves Debarre; l’ancien maire de Chaumont-sur-Tharonne, Pascal Goubert, etc. Sans le député solognot et conseiller départemental du canton de Chambord, Guillaume Peltier, plutôt proche du candidat Bertrand mais bon…). Arrivée finalement à midi à la salle des fêtes Georges Vilpoux (sans masques ni contrôles de pass sanitaires, bien que l’obligation était précisée sur l’invitation circulant sur les réseaux sociaux, mais en même temps, étant donné la présence faible…), Valérie Pécresse a pu dérouler son projet, ses idées (de l’éducation aux quotas annuels d’immigration, en passant par un propos insistant sur les droits des femmes et aussi un point municipal; pour elle « les métropoles absorbent tout et tout le monde fait tout; il faut repartir sur l’échelon de la commune car le maillon clé, c’est le maire”). L’ensemble agrémenté d’anecdotes (“je vais vous raconter, quand j’étais ministre de l’enseignement supérieur, quand j’étais ministre du budget, j’ai…”).
Sans rancunes ?
Le tout en amont du Congrès des Républicains dont l’issue prévue le 4 décembre désignera LE ou (pourquoi pas, LA) candidat(e) à l’élection présidentielle 2022. Vers un match, une femme à droite face une femme à gauche ? Blonde contre brune ? Valérie Pécresse n’a d’ailleurs pas manqué à Salbris d’étriller le côté écolo et les choix 100% cyclables pour la capitale d’Anne Hidalgo, actuelle maire PS de Paris, en lice elle aussi pour l’Élysée. Valérie Pécresse devra en sus avant toute chose se hisser parmi un casting particulièrement masculin (Michel Barnier, Xavier Bertrand, Philippe Juvin, Éric Ciotti et Denis Payre). Peut-être que la reprise de sa carte chez Les Républicains (comme d’aucuns, puisque les chiffres exploseraient depuis septembre; 100 000 adhérents LR au 27 octobre 2021 (+25%), ndrl) lui portera bonheur ? LR un jour… le retour ! Elle était bien partie en 2019, a créé son mouvement “Libres!” dans la foulée, puis a rapidement renoncé à cette liberté haranguée puisqu’elle vient de rentrer au bercail et s’enchaîner à nouveau, selon ses explications en Sologne. “J’ai saisi la main tendue par Christian Jacob (président des LR). Tout le monde me suivra. Il faut recoller les morceaux de la famille pour une vraie alternance, pour une vraie force, face à Emmanuel Macron dont le bilan est catastrophique et totalement décevant. Quant au chèque indemnité inflation, vu l’état de la dette française depuis Sarkozy et Hollande, c’est la promesse d’un cadeau empoisonné avant scrutin et de hausses d’impôts à venir, sauf si les gens en place au Gouvernement sont responsables. ” Comprenez, choisissez-nous … Le nouveau parti “Horizons” d’Édouard Philippe pourrait toutefois d’ici là, avant ou après 2022, siphonner le réservoir LR et récupérer égarés et fâchés, mais une échéance à la fois. En résumé, à Salbris, Valérie Pécresse, rayonnante, s’est montrée déterminée et presque déjà victorieuse, ayant en tout cas séduit les participant(e)s sur place. Il lui reste, encore une fois, surtout à convaincre en décembre sa propre famille délaissée puis retrouvée, espérons peu rancunière.
Émilie Rencien