Salbris : La vocation cachée de Maurice Genevoix


Dans le cadre de l’exposition « Maurice Genevoix, côté Sologne, images et imaginaires des eaux. » qui a lieu jusqu’au 11 juin à la galerie de l’office de tourisme de Sologne portant le nom de l’auteur de Raboliot, Anne-Marie Royer-Pantin, commissaire de l’exposition a fait une conférence le 20 mai sur le thème « Derrière l’écrivain, le peintre : Maurice Genevoix et la peinture. »
Les auditeurs ont pu ainsi découvrir que ce pilier de la littérature française du XXe siècle était aussi un peintre et un dessinateur de talent.
Dès l’âge de dix ans, alors qu’il était pensionnaire au lycée Pothier d’Orléans, le jeune Maurice s’échappait des rigueurs de l’internat en reproduisant avec talent les classiques. Plus tard, élève de classe préparatoire au lycée Lakanal à Paris, où il a eu comme professeur de dessin le fils du compositeur César Franck qui lui fit découvrir les peintres du XVIIIe siècle, il « croquait »avec beaucoup d’humour ses copains de classe de philosophie. C’est aussi l’époque où Maurice Genevoix découvrit au Louvre celui qui devient son peintre de prédilection, Rembrandt qui copia au dessin avec un certain talent. Admis à l’École Normale Supérieure, le futur académicien découvrit lorsqu’il était normalien les peintres contemporains.
Enrôlé dans l’infanterie pendant la première Guerre mondiale, Genevoix écrivit ses carnets de Guerre qu’il illustra par des portraits de ses compagnons d’armes pris sur le vif, avant d’être blessé et laissé pour mort en 1915. Le conflit le fit basculer du côté de l’écriture qui l’aida à reprendre pied dans la vie. Quand, après la guerre, il se réfugia chez son père à Châteauneuf-sur-Loire, pour se remettre de ces années terribles, Genevoix se lia avec une bande d’artistes peintres amoureux de la Loire qui avaient fondé l’École de la Loire. Avec eux, il créa en 1922 les Artistes Orléanais, entité qui organisa une première exposition en juin-juillet 1923.
Mème s’il devint par la suite un immense écrivain, Maurice Genevoix ne renonça pas à la peinture et au dessin, réalisant des toiles à l’huile qu’il détruisait très souvent après les avoir réalisées, les jugeant (à tort) insuffisantes. Il aimait aussi griffonner sur ses carnets d’écriture (certains ont été conservés) des croquis afin de trouver de l’inspiration dans l’écriture de ses romans, esquisses qui représentaient bon nombre de sujets comme une chatte allaitant ses petits, des autoportraits ou bien le Général de Gaulle qu’il admirait beaucoup. Comme ces croquis bien souvent animaliers étaient réalisés avec un grand sens du détail, son éditeur en 1972 qui découvrit l’un de ces dessins lui demande d’illustrer ses Bestiaires, ce qu’il fit avec beaucoup de talent.
Passionné par la nature, Maurice Genevoix a été jusqu’à la fin de sa vie président de la Société des Amis du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.
Maurice Genevoix eut toute sa vie des amis peintres, comme Max Jacob et Steinlein qui illustra deux de ses livres. Son œuvre phare, Raboliot fut plusieurs fois éditée en version illustrée par des amis artistes comme en 1927 par Mathurin Méheut et en 1928 par Louis-Joseph Soulas qui illustra aussi Rémi des Rouches.
Genevoix a aussi écrit des livres sur des peintres qu’il fréquentait comme Christian Caillard, Vlamink et Dunoyer de Ségonzac.
À l’issue de la conférence, le maire Alexandre Avril a remis à Anne-Marie Royer-Pantin la médaille de la ville de Salbris pour la remercier d’avoir mis « Maurice Genevoix au coeur de Salbris ».
F. M