Depuis 1985 une charte d’amitié lie Saint-Amand-Montrond (10 000 habitants) et la ville équatorienne de Riobamba (plus de 200 000 habitants). Aventure extraordinaire que cette amitié née d’une non moins extraordinaire histoire d’amour entre Jean Godin des Odonnais et Isabel Casamayor.
C’est en écoutant ce récit magnifiquement porté par Régis Lamiable et Stéphanie Pidance sur les ondes de RCF en Berry que nous avons voulu en savoir plus sur cette association saint-amandoise, ancrée dans cet élan d’amitié : une histoire d’amour entre un Saint-Amandois, Jean Godin, parti « au bout du monde », là-bas, en Equateur et Isabel Casamayor, équatorienne, qui traversa la forêt amazonienne pour retrouver son amoureux en Guyane, au cours d’une épopée rocambolesque, pour enfin le rejoindre et venir s’installer à Saint Amand en 1773 (histoire de l’aventure à découvrir plus en détail sur le site de l’association). Des liens d’amitié se sont tissés entre les deux villes, notamment grâce à l’association « Amitié Berry Chimborazo* » et « Equateur France Athlétisme », deux associations dissoutes en 2015 dans le but de fusionner les énergies et semer les bases d’un nouvel élan d’amitié entre les deux pays. De cette fusion est née l’association Saint-Amand-Montrond/Riobamba, chargée de pérenniser cette amitié, développer de nouvelles voies, de nouveaux axes d’échanges entre les deux villes et par delà, entre les deux pays. En 2006, l’Ambassadeur de l’Equateur en France (Marcelo Fernandez de Cordoba) écrivait ainsi à Graciela Caïsabanda présidente de « Equateur France athlétisme » et son mari Pascal Préaux (président actuel de Saint-Amand/ Riobamba) alors qu’ils vivaient à Lignières : « je tiens à féliciter l’association Equateur France Athlétisme pour ses activités sportives et culturelles qui favorisent l’amitié et la coopération entre l’Equateur et la France… Je me réjouis de votre initiative d’organiser tous les deux ans la « Carrera del Chimborazo »* épreuve qui rend hommage à la longue amitié franco-équatorienne.… ».
La course du bout du monde
Couple sportif, Graciela et Pascal se sont connus en Equateur où Graciela était une athlète internationale reconnue (cross et marathon) et Pascal, globe-trotter de la course à pied (marathon de l’Everest, ascension du Mont Cameroun). Nous sommes en 1990, Pascal Préault décide de faire l’ascension du Chimborazo, sommet le plus haut de l’Equateur (6310m) et au retour, il pense que ce lieu pourrait être idéal pour organiser une course à pied. En 1992, 200 ans après la mort de Jean et Isabel Godin, la première édition de la « Carrera del Chimborazo » est organisée ; treize coureurs du Berry y participent. Passion qui se poursuit et aujourd’hui, la treizième édition se déroulera le 10 juin 2018, avec un départ à 4800m (Refuge Carrel) et une arrivée au village de San Juan (3200m). Des bus conduisent les athlètes depuis Riobamba jusqu’au refuge Carrel et après deux heures d’acclimatation, les coureurs sont libérés. Cette « Carrera del Chimborazo » est unique car ce semi-marathon, non seulement est en altitude mais tout en descente, en pleine montagne. En 2016 la course du bout du monde « La Mas Alta del Mundo » au pays des volcans et légendes, avait réuni 168 participants dont quatre Français (Patricia et Philippe Durand, Lionel Delhomme, Thierry Pioche), heureux et bien fatigués mais conquis par cette épreuve.
L’association œuvre pour la communauté du Chimborazo
Une délégation saint-amandoise avait fait le voyage et Guy Lainé, maire adjoint avait donné le départ. Invités chez Graciela Préault Caïsabanda (ancienne maison de Jean et Isabel), vice-présidente de l’association avec l’aimable et pertinent appui de Régis Lamiable, historien de l’association, également vice-président, nous avons pu revivre ces heures glorieuses et cette course du bout du monde que Graciela connaît par cœur. Athlète sud-américaine de cross country, de marathon, qui a participé aux championnats du monde de Rio en 1991 et au marathon de Tokyo. C’est elle qui participait à la collecte de chaussures de sport pour les athlètes équatoriens qui couraient souvent avec des chaussures usées faute de moyens. « Lors de la venue d’un athlète équatorien en France, voyant l’état de ses chaussures, nous avons eu l’idée de cette proposition faite aux coureurs qui participaient à qui voulait bien offrir une paire de chaussures. Suite à cela, nous les faisions parvenir à Riobamba mais nous avons eu ensuite le refus de la douane équatorienne sous prétexte que nous allions faire de la vente de matériel de sport ! Il est donc difficile maintenant d’acheminer ces chaussures mais l’offre de don tient toujours et nous arriverons à équiper nos amis équatoriens… ». Evidemment, l’association ne se contente pas que de participer à cette course mais œuvre pour le centre touristique et d’entrainement en altitude de la communauté du Chimborazo, à la préservation du lieu de mémoire à l’hôtel Godin des Odonnais à Saint-Amand et la maison de l’Equateur, lieu de marché équitable, restauration, exposition, information.
De l’épopée romantique du XVIIIe siècle d’Isabel et Jean Godin à la rencontre de Graciela et Pascal de nos jours, avec la force de l’histoire contée par Régis Lamiable, voilà une association qui fait honneur aux valeurs de l’amitié, du sport, de l’éducation, de la culture et toute cette universalité qui fait que les peuples peuvent, avec des personnes passionnées comme ces Saint-Amandois, vivre encore de beaux moments d’humanisme dont notre terre a bien besoin.
J.F.
Renseignements et informations : Saint-Amand Riobamba, 10 rue de l’Hôtel Dieu – Tel : 02 48 60 08 00 – Site : www.sam-riobamba.fr – Livre : La femme du cartographe : Robert Whitaker éditions Payot
* Chimborazo : ancien volcan