Saint-Aignan-sur-Cher : « Beauval Nature » : Baptiste Mulot désormais aux commandes


Depuis la fin de l’année 2023, l’ancien directeur vétérinaire du zoo-parc de Beauval a changé de casquette mais sans changer de domaine de prédilection. C’est-à-dire les animaux.
Le poste n’existait pas jusqu’ici et a été voté par le conseil d’administration puis créé quelques mois plus tard, en décembre 2023. Pas de lien de cause à effet ni de place transférée avec le départ forcé de Delphine Delord, la soeur du directeur du zoo de Beauval, Rodolphe Delord (1), laquelle figurait autrefois au sein de ce même conseil d’administration et possédait des parts (même si en minorité) dans l’association Beauval Nature. Baptiste Mulot a donc été nommé l’an dernier directeur général de cette association de protection et conservation de la biodiversité, à but non lucratif (https://www.beauvalnature.org/) née en 2009, afin de donner davantage de moyens financiers et humains aux actions de conservation déjà menées par le parc animalier créé par Françoise Delord (mère de Delphine et Rodolphe) en 1980 dans la vallée du Cher. En chiffres, Beauval Nature, en 2022, a ainsi financé 58 programmes et contributions à la conservation pour un montant total de plus de 1,3 million d’euros et 16 projets de recherche pour un montant total supérieur à 300 000 €. Cette association compte seize membres et quinze salariés, dont Baptiste Mulot est aujourd’hui le chef d’orchestre (2). Le quadra est loin de sa profession de vétérinaire embrassée il y a vingt ans, après des études à l’École nationale bien connue de Maisons-Alfort ! Mais il en reste proche tout de même : un changement de fonction et un cheminement dans la continuité car s’il est sans doute davantage derrière un bureau, il n’en reste pas moins au final au chevet des animaux. “J’ai un grand-père médecin et un oncle neurologue, je suis un scientifique, mais j’ai sans doute voulu me démarquer. Je souhaitais faire de la médecine au sens large dès mon adolescence, en étant plus près des animaux que des hommes. » L’autre modification réside dans le fait qu’il ne travaille plus dans le Loir-et-Cher mais bien dans une autre vallée, celle de la Bretagne. Le télétravail et cette création de poste aidant, il a par conséquent pu concilier ce virage. Tout en se déplaçant toujours une fois par mois à Saint-Aignan-sur-Cher. C’est bien un développement de carrière dans la continuation. “Quand on arrive à la quarantaine, on se demande ce dont on a vraiment besoin. Et j’avais envie de Bretagne et d’aller plus loin dans mon travail pour le zoo . Je suis entré comme vétérinaire au parc de Beauval en 2004. Pourquoi ce choix plutôt que d’ouvrir ma propre clinique ? J’y ai vu une opportunité plus grande, grâce à un éventail d’espèces et de biodiversités. Ce poste de directeur général de l’association coule de source, d’autant plus qu’avec Beauval, on se connaît par cœur depuis ces vingt premières années. J’avais aussi déjà depuis au moins dix ans mis de côté mon activité pure de vétérinaire; je faisais en effet partie du conseil d’administration au niveau de la recherche, j’étais déjà aussi impliqué sur le centre de soins, l’association, et je gérais l’administration en sus de la clinique vétérinaire, etc. C’était une évolution dans la suite, cohérente, qui avait du sens.”

Une surprise en juin …
En tant que “D.G.”, Baptiste Mulot, qui connaît le terrain autant que le bureau, a pour objectifs de continuer à structurer les équipes et pérenniser les programmes de conservation; de faire progresser l’association Beauval Nature, lui donner un cap et une assise supplémentaires. De monter en gamme qu’il s’agisse de recherche, de mission en France et hors de l’Hexagone, de conférences qui attirent à chaque fois au zoo un public nombreux (entre 200 et 300 personnes), ou encore de mécénat. Une signature a été actée en sus avec la LPO, Ligue de protection des oiseaux, depuis 2021, afin que la Maison Beauval Nature, sise dans l’enceinte du zoo de Beauval, soit un refuge estampillé et dédié. “Les deux axes forts de Beauval Nature, qui est membre de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), sont la biodiversité locale avec le nouveau centre de soins et de nature (baptisé Françoise Delord, fonctionnant depuis un an, près du zoo, permettant de soigner une faune locale sauvage (pas de chien et chat mais hérisson, faucon crécerelle, corneille…) blessé par un robot-tondeuse, sur la route, par des tirs, etc. ). Ainsi que la biodiversité internationale, avec notamment le programme de conservation Help Congo, à la base pour les chimpanzés, qui s’étend également maintenant pour d’autres espèces et aspects liés dans et autour du parc national de Conkouati-Douli, en République du Congo. Par exemple, l’état des lieux des habitats, des plages propres sans déchets, la création d’un écomusée, la sensibilisation des populations locales,” précise-t-il en informant. “Nous avons 70 programmes sinon au total sur des animaux très différents. Cette année 2024, nous avons introduit un escargot des îles au large du Portugal, en voie de disparition.” Baptiste Mulot rappelle d’ailleurs que tout visiteur et même toute entreprise peuvent devenir mécènes, et de facto, participer à leur échelle, tentant de couper court aux idées reçues parfois tenaces. “Oui, certains peuvent avoir une vision négative; or, les zoos ont toujours été dans ce rôle d’éducation et de recherche. Avec l’association et sa vocation de conservation, nous sommes deux versants très complets. Le ZooParc de Beauval est très engagé dans la conservation et reverse chaque année 1% de son chiffre d’affaires à Beauval Nature. Nous avons en outre besoin des gens qui peuvent à leur tour être acteurs à nos côtés pour la protection de la planète et ses habitants, sa faune et flore.” Sans omettre d’annoncer un évènement surprise le 14 juin au zoo. Restez connecté(e)s sur beauval.org pour en savoir plus prochainement !
É. Rencien
(1) Relire sur www.lepetitsolognot.fr/zoo-de-beauval-la-page-frere-soeur-se-tourne-non-sans-fracas/
(2) 1 chargée de mécénat et communication, 1 chargé de conservation/biodiversité locale, 1 chercheur/docteur en sciences, 4 chercheurs en cours de thèse de doctorat, 7 personnes au centre de soins et 1 directeur général.