Jeudi 25, mercredi 24, puis finalement jeudi 25 avril. Cela n’aura pas évité la pluie à celles et ceux qui auront vu voler le ministre de la transition écologique, François de Rugy. Non pas du Gouvernement mais dans une des télécabines du fameux zoo de la vallée du Cher.
Pendant deux heures, crapahuter sous la pluie et le vent, courant tantôt après les personnalités politiques, tantôt marchant devant, dans le sens inverse naturel pour ne pas rater une photo, avec le service d’ordre et les gardes du corps, en veillant à ne pas tomber. C’est le lot pour la majorité des visites ministérielles et / ou présidentielles que la presse suit, habituée à la ritournelle. Cela permet de faire du sport sans en avoir l’air au lieu de rester devant son écran d’ordinateur à la rédaction. Cinq fruits et légumes par jour… et parfois, deux ministres comme ce fut le cas jeudi 25 avril au zoo-parc de Beauval. Marc Fesneau (chargé des relations avec le Parlement) et François de Rugy (attaché à la transition écologique et solidaire). Mais aussi tout le gratin local, se frayant un chemin parmi les visiteurs : maires, présidents d’intercommunalités, députés, présidents de Conseils départementaux et régionaux, et consorts. L’ensemble guidé par la famille Delord, propriétaire des lieux, pour inaugurer le téléphérique du parc animalier de Saint-Aignan et faire un coucou aux diables de Tasmanie. Quelques marsupiaux plus tard, beaucoup avaient à l’œil un rapace surplombant la piscine des otaries. Oui car certains n’ont pas oublié le pélican à deux coups de bec d’attraper un pan du pantalon du chef de l’Etat François Hollande en 2015, dans ce même zoo qui fêtait ses 35 ans, diabolique… Un tour de télécabine et un arrêt devant les lions (qui ont “Rugy”) encore plus tard, sera venu le temps des (longs) discours. Nous retiendrons surtout le sujet de la nature et de l’environnement cité à plusieurs reprises, notamment par François de Rugy. “Nous devons, nous, êtres humains, penser au bien-être animal, c’est pour moi le prolongement du progrès humain. Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur le recul mondial de la biodiversité, la France n’est pas épargnée. On ne pourra pas protéger tous les espaces au même degré mais il faut permettre aux différentes activités de cohabiter. Je souhaite que dans toutes les dimensions, d’aménagement, d’urbanisme, agricoles, économiques, on contribue à améliorer la biodiversité. Nous avons un programme de réintroduction de lamantins en cours aux Antilles françaises. C’est un sujet majeur, un enjeu écologique mondial, au même titre que le climat. C’est notre responsabilité, ici et maintenant.”
Drôles d’oiseaux !
Hic et nunc. Sans trop de hics, si possible. Et avec des actes, derrières les (belles) paroles, sans noyer le poisson. Parce que les langues de vipère pourront avancer qu’un ministre pour la biodiversité qui se déplace dans un zoo, en soi, dénote un certain état d’esprit… La Confédération Paysanne du Loir-et-Cher aura par exemple déploré que “le ministre ne se déplace pas plutôt en Loir-et-Cher pour entendre les revendications paysannes. En effet, beaucoup de paysan(ne)s, proches du ZooParc, produisent en zones fragiles, où les contraintes naturelles impactent la production agricole. (…) Si demain face au déclin des paysan(ne)s et si rien n’est envisagé plus sérieusement, les paysan(ne)s finiront par se retrouver à Beauval pour espèce en voie de disparition…” Le représentant du Gouvernement aura tenu à seriner son chant de com’, avant de détaler comme un lièvre pour déjeuner à la préfecture de Blois puis rallier Paris, doux comme un agneau, pour la conférence de presse de son patron Macron. “Nous devons progresser en termes de bien-être animal en regardant les bonnes pratiques, cela amènera sans doute à faire évoluer le cadre législatif. Dites aux Français que ce ne sont pas des animaux capturés en pleine nature.” Malin tel un vieux singe ou nous prendre pour un bon pigeon ? Surtout « agir sans attendre » selon le livre de l’économiste Alain Grandjean, préfacé par Nicolas Hulot.
Emilie Rencien