Retotub : L’entreprise vierzonnaise, lauréate du fonds de soutien gouvernemental


L’entreprise Retotub est née à Vierzon en 1950 du savoir-faire d’André Réthoré ; le fils Christian prendra la suite accélérant le développement. Elle fait partie désormais du groupe Duo Services et a la volonté ferme de produire sur le bassin d’emploi Berry Sologne. Interview du directeur général, Laurent Saint Jean.
Spécialisée dans le secteur de la fabrication de structures métalliques (échafaudages, systèmes d’étaiement), Retotub fait partie des 14 lauréats du fonds de soutien à l’investissement lancé par le gouvernement dans le cadre du programme « France Relance ».

Qu’est-ce que cela signifie ?
Laurent Saint Jean : « Nous avions prévu en 2020, avant le début du Covid, 2,2 M€ d’investissements. En début d’année, nous avions déjà passé 1,3 M€ sur une machine spéciale dans la fabrication des étais. Le confinement de mars est arrivé et nous a sévèrement touché puisque nous sommes restés fermés deux mois. Nous nous sommes alors posé la question de savoir si nous maintenions cet investissement. Nous avons repoussé la 2e tranche d’investissements (900 000 €) qui correspondait à deux machines spécifiques (découpe des tubes et élaboration de filetages).Ce qui a été pour nous source d’oxygène, c’est ce pack rebond mis en place par le gouvernement (relance de l’économie). J’ai sollicité des subventions pour cette tranche d’investissements prévus pour 2020-2022 et nous avons eu le bonheur d’être lauréat sur ce dispositif ».

Les bienfaits de cette aide ?
L. Saint Jean : « Elle va nous permettre de moderniser notre outil de production pratiquement jusqu’à mai 2022 et de réduire l’impact du confinement. Les mesures de chômage partiel nous ont permis de faire le dos rond. Du jamais vu dans l’entreprise et la reprise en mai 2020 a été difficile face à l’annulation de commandes de clients qui ne pouvaient confirmer leur programme d’investissement. On a eu tout de même moins 30% sur notre chiffre d’affaire et au final on s’en sort pas trop mal car cela aurait pu être pire et la fin d’année fut plutôt positive. Dans les secteurs des services généraux, des achats, du commerce, les salariés furent en télétravail et sur le secteur production d’octobre à décembre nous avons eu 0% de chômage partiel. Nous avons mis en place tous les éléments pour que les salariés en télétravail soient dans des conditions optimales et cela nous a boosté car maintenant nous sommes prêts dans le cas où il faudrait poursuivre ».

Le télétravail, solution d’avenir ?
L. Saint Jean : « Clairement, dans notre problématique régionale, je ne le pense pas. Par contre, je le comprends dans les grandes métropoles, ne serait-ce qu’en termes de transport. Aujourd’hui, lorsque la question est posée à nos salariés, ils préfèrent venir travailler dans l’entreprise. Pour ma part, je ne pourrai pas me passer d’une présence dans l’usine. Pour beaucoup de collègues, le choix est identique et ils n’ont pas envie de télétravail de manière durable ».

Un dossier lourd à monter, et maintenant ?
L. Saint Jean : « Cet investissement va nous permettre de continuer de produire à Vierzon, puisque la seule usine Retotub est à Vierzon et que nos produits sont fabriqués en France notamment les étais. Nous sommes le dernier fabricant français d’étais. Cette aide nous permettra de regagner de la compétitivité face à tous nos concurrents étrangers (autrichiens, italiens…). Sur une affaire, il nous faut beaucoup d’arguments comme la technicité, la proximité dans la gestion de nos produits pour faire face au marché de produits venus d’Asie par exemple. Cet investissement était vital car sans cela, je pense que le secteur « étais » de Retotub aurait été en danger face aux produits d’exportation. Nous avons su maintenir notre savoir-faire à la française et notre production locale à Vierzon. Les autres éléments déterminants dans ce projet spécifique sont la réduction de l’impact écologique, notamment la diminution des flux de camions mis sur les routes, et la préservation de l’emploi dans l’entreprise ».
Jacques Feuillet