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Rendez-vous avec Mai 68 dans un roman

Patrick F. Cavenair dédicace son roman « La tentation du présent » demain samedi 12 mai à l’espace culturel Leclerc de Romorantin de 14h à 18h.

Après la publication en 2013 d’un premier roman, Fusion froide, aux édition de l’Aube, Patrick F. Cavenair bâtit une fiction envoûtante en plein Mai 68. Un roman magnifiquement écrit où les rouages du temps égrènent un récit à la construction implacable.
Rencontre avec l’auteur…

Patrick F. Cavenair pourquoi avoir eu envie d’évoquer cette époque ?

Les années 60 et 70, c’est toute mon enfance. Mes premiers pas, je les ai faits sur les pavés parisiens. J’étais certes trop jeune pour comprendre la vague de fond qui allait déferler, mais ma mémoire est encore très nette sur cette époque. Les musiques, les émissions, les objets, la mode des années 60… sont les premiers cailloux semés sur ma route. En réalité, pour analyser le mouvement soixante-huitard, il faut un peu regarder dans le rétroviseur de l’histoire et beaucoup observer les évolutions produites dans les années qui suivirent. Cette période a amené une rupture franche dans nos modes de vie, et donc dans mon éducation. Il a fallu mai 81 pour franchir encore une nouvelle étape, au travers d’une trajectoire politique plus sociale et moins violente. Cinquante ans plus tard, la forêt des manifestants mélange des arbres de toutes générations.

Comment est né ce dernier roman ?

Cette période de mai 68 me fascinait, car elle est le berceau de la génération à laquelle j’appartiens, les actuels quinquagénaires et sexagénaires. Et heureusement, pour certaines idées véhiculées à ces moments-là, le bébé a grandi ! En plus de l’époque soixante-huitarde, la trame de La tentation du présent est très particulière puisqu’il s’agit d’un jeu permanent avec le temps : mon héros croit découvrir qu’il peut revenir 24 heures plus tôt dans sa vie.
L’un de mes amis me disait avec malice, que ce roman est la rencontre d’Un jour sans fin (film américain avec Bill Murray) et de L’élégance du hérisson (roman de Muriel Barbery). En réalité, cette idée m’est venue d’un titre de Umberto Eco : L’île du jour d’avant. J’aime beaucoup l’érudition et le détachement de cet auteur italien que j’aimerais un jour lire et relire dans la Pléiade. Il y a toute sa place.
Au départ, j’avais aussi envie de faire un pari romanesque insensé : écrire un roman dans lequel le personnage principal allait mourir à la première page ! Je crois avoir réussi, puisque l’aventure d’Armand est partagée jusqu’à la dernière page.
La construction de l’intrigue de La tentation du présent a été pour moi une partie d’échecs permanente, car pour modifier le cours du temps, il faut une logique implacable, complexe à formaliser. Je ne voulais surtout pas perdre mon lecteur dans des aller-retour incompréhensibles. J’ai donc choisi une approche descriptive très simple, pour gommer les difficultés inhérentes à l’histoire. J’ai eu un immense plaisir à pousser le thème de la réécriture du passé, jusqu’à l’uchronie d’une journée exceptionnelle de Mai 1968, où un simple détail aurait pu tout changer, et plonger la France dans un terrible chaos. Après cette phase de conception, j’ai eu tout le loisir d’approfondir certains lieux et d’écrire. Il m’a fallu cinq cents jours ! Les moments les plus intenses ont été la recherche parmi les archives de mai 68 (bibliothèques, journaux et films…) mais aussi mes visites dans des lieux secrets du métro parisien avec un spécialiste à qui je dois beaucoup. Les lieux étranges du métro évoqués dans le roman existent tous. Un seul a été légèrement transformé… mais je ne vous dirai pas lequel, pour ne pas briser le mystère. En tous cas, ce n’est pas celui auquel s’attend le lecteur. C’est toujours un grand bonheur pour l’auteur que je suis de semer la confusion entre la réalité et la fiction. Et je crois que c’est ce qu’apprécient bon nombre de mes lecteurs. Il m’arrive cependant de me piéger moi-même. Pendant les nombreuses phases de relecture, j’ai dû réaliser de nouvelles vérifications et gommer certains anachronismes. C’est une sorte de jeu entre le lecteur et moi-même. Ainsi, le récit est une pure fiction bâtie sur un fond historique rigoureux. J’ai prévu de partager le livre avec des élèves de 3e afin de les ouvrir à cette période, celle de leurs parents pour certains.

À suivre…

Interview intégrale à lire dans le PETIT SOLOGNOT MAGAZINE N° 84 en vente en maison de presse