Régionales 2015 : 7 à droite, 5 à gauche, 0 pour le FN – Une obligatoire recomposition


La situation, après le 1er tour, était pour le moins incertaine pour la droite et la gauche. Nous venons de vivre des élections désespérantes qui ouvrent sur des perspectives inquiétantes et confuses. Nous l’avons bien senti en ce dimanche soir après le 2e tour, aucun des responsables des partis, n’a crié victoire et ils ont bien raison (7 régions à droite, 5 à gauche). Seule certitude aujourd’hui, pour battre le FN, il faut changer de logiciel.

Les résultats de dimanche sont à beaucoup d’égards en trompe-l’œil y compris le Front national. Certes sa montée en puissance est impressionnante, encore qu’elle était annoncée. Mais comme à chaque fois dans les grandes consultations un formidable sursaut républicain l’empêche d’accéder à des fonctions politiques importantes.

L’enracinement du FN va, sans aucun doute, fortement influer sur le jeu tactique de la prochaine présidentielle. Il pourrait être annonciateur d’un bouleversement politique important. Une troisième force, jusqu’alors plutôt virtuelle et protestataire, fait irruption dans un système institutionnel qui devient inadapté, fatigué… Il ne suffit plus de dénoncer la forme, il n’est plus temps de marginaliser ce parti après avoir tenté de le diaboliser. Il devient nécessaire de combattre le FN avec des armes politiques traditionnelles et des actions. L’inconséquence des gouvernements en place et la confusion de leur politique se sont ajoutés à la démagogie de leurs méthodes et de leurs propositions. Allons nous enfin assister à une prise de conscience de la part des dirigeants de la gauche et de la droite.

Pour ce qui est de la droite républicaine et du centre, le meilleur était annoncé, et ils ne sont pas passés très loin du pire. La droite « classique » se vide de ses électeurs au profit du Front national. Il est certain que les premières victoires du FN se sont faites sur un fond d’électorat ouvrier en  siphonnant les voix du PC. Mais aujourd’hui la dynamique qui permet au FN de devenir le premier parti de France (30% au 1er tour) vient d’une droite qui travaille, consciemment ou inconsciemment, à faire avancer les idées du FN. C’est toute la stratégie sarkozyste de reconquête du pouvoir qui doit être remise en question.

Quant à la gauche, la défaite annoncée il y quelques semaines, malgré, le salut au drapeau, le « garde à vous » du Clemenceau et la mise en scène de la Cop 21, est réelle, bien qu’atténuée par le jeu des mariages, souvent entre l’eau et le vin et des triangulaires, gourmandise appréciée des socialistes depuis Mitterrand. Ainsi se trouverait une nouvelle fois vérifié le paradoxe pervers selon lequel la progression du FN trouve son origine dans la politique de la gauche et se fait au détriment de la droite. Bref, on le voit, ce scrutin, plein d’artifices, de faux-semblants, de manœuvres d’opportunité voire contre-nature, a bien du mal à dégager une solide vérité, dans un contexte où l’émotion a pris une grande part, avec les événements du 13 novembre.

Le choix pour l’avenir

Soyons honnêtes, le message des Républicains n’est pas clair du tout. C’est une vision et un programme et non une bataille d’égos qui sont nécessaires. Ils sont devant une impasse idéologique et une absence de ligne claire, que le FN s’est empressé de combler.

L’échec des politiques économiques de gauche jouent forcément en faveur d’un mouvement de balancier vers la droite. Les Français en ont assez de cette gauche qui renie ses promesses de campagne et qui mène une politique qui ne marche pas.

Nous n’échapperons pas au choix qui se fera entre deux visions du pays : l’une fermée et recroquevillée, proposée par le bloc identitaire, l’autre ouverte et libérale par le bloc modéré.

Cette nouvelle donne va s’imposer et elle pourra prendre deux formes. La première populiste : la droite prend conscience qu’elle est en ruines et sous l’influence d’une idéologie à la Buisson, elle décide de faire une alliance de gouvernement avec le FN sur un programme identitaire et protectionniste au plan économique.

Ou alors, plus intelligemment, profitant de ce que la gauche socialiste s’éloigne de ses dogmes sous l’influence macronnienne et prend conscience que seule une feuille de papier à cigarettes sépare celle-ci de la droite parlementaire, et elle décide de faire alliance d’une manière ou d’une autre avec cette gauche recentrée.

Dans ces deux cas, la vie politique française en sortira bouleversée. Les prochaines présidentielles, et avant les primaires à droite, vont déterminer laquelle de ces deux déflagrations va retentir.

Souhaitons qu’à la prochaine élection puisse se dégager un vote pour et non pas un vote contre!

A l’horizon 2017

François Hollande, un président, ne pensant qu’à sa petite personne, qui s’est réjouit des résultats favorables à son job de dans 16 mois, oubliant de se souvenir qu’il porte une lourde responsabilité avec ses non dits, ses mensonges et ses nombreux et radicaux changements de cap.

Nicolas Sarkozy, un ex président, qui explique entre les deux tours que le FN n’est pas « immoral », en oubliant de dire que les Le Pen sont immoraux et que pour un politique avoir des convictions profondes, et non sensibles au gré du vent, est une condition indispensable.

Marine Le Pen qui n’a qu’une existence virtuelle fondée sur la peur, l’angoisse, le rejet de l’autre, la démagogie et cherchant à faire oublier ses racines familiales et politiques.

Non, merci!

Gérard Bardon

Centre/Val de Loire,
6 ans de plus pour la Gauche

La gauche l’a emporté sur le fil ce dimanche en centre-Val de Loire où le Front national était arrivé en tête (30,5%) au premier tour des élections régionales. La liste menée par le président socialiste sortant François Bonneau a recueilli plus de 35% des voix lors de ce scrutin, elle avait fusionné entre les deux tours avec la liste EELV. La liste de Philippe Vigier (LR-UDI-MoDem) a obtenu 34% des voix et celle du FN Philippe Loiseau 30%.

Une fois de plus la droite échoue à reprendre cette région perdue en 1998 déjà à cause du score du FN. François Bonneau ne disposera pas de la majorité absolue et sera donc soumis au bon vouloir des écologistes.

Pour le Loir-et-Cher où Guillaume Peltier était tête de liste, l’Union de la droite et centre l’emporte d’une courte tête (34,07 %) devant François Bonneau (33,73 %) et le Frontiste Philippe Loiseau (32,20%). François Bonneau est arrivé en tête sur Blois I, II et III, Vineuil, Onzain, Montrichard et Romorantin. Philippe Vigier est arrivé en tête sur Vendôme, Le Perche, Montoire-sur-le-Loir, La Beauce et La Sologne. Philippe Loiseau (FN) est arrivé en tête sur Saint-Aignan, Chambord et Selles-sur-Cher où il fait son meilleur score à 41,18 % ainsi que dans la ville de Salbris.

Partagé en trois parts quasi égales, le Loiret donne un tout petit avantage à François Bonneau avec 34,63%, 31,21% pour le FN, 34,16% pour la liste Vigier. Rappelons que paradoxalement ce département vote majoritairement à droite lors de toutes les autres élections. A Orléans, François Bonneau l’emporte largement, avec 44,13% contre 38,5 à Philippe Vigier.

Dans le Cher, le sursaut républicain s’est manifesté par une augmentation très sensible de la proportion de votants. L’abstention est passée de 51,97 % à 42, 62%. Cependant, si au final, la liste de François Bonneau s’impose avec un score de 36,66 %, et 5000 voix de plus que le total des voix de gauche du premier tour, il est loin de la remontée de la liste Vigier. Avec près de 9000 voix supplémentaires que la semaine dernière si on fait l’addition des votes pour les partis de la Droite classique, l’Union de la Droite et du Centre s’est refaite une petite santé. Cela s’est avéré certes encore un peu juste pour prendre la deuxième place à un FN décidément parfaitement bien installé là où sont tous les problèmes d’insécurité ou d’immigra-
tion … dans les campagnes ! Vierzon, par exemple, en est la parfaite illustration avec 200 voix de plus pour la majorité régionale, 500 pour le parti de Marine Le Pen, et près de 900 pour l’Entente Vigier-Peltier.

Augmentation de plus de 10% d’électeurs au deuxième tour dans l’Indre qui dépasse les
60 % de votants. Le FN en tête au 1er tour se retrouve en queue de peloton au 2ème. Le report des voix de Gauche a, cette fois, été plus favorable à la liste Bonneau dont la victoire dans le département était loin d’être acquise. A Châteauroux, entre autres, la liste PS-ELVV a quasiment doublé son nombre de voix et devance très largement ses poursuivants…Plus logique est la seconde position de Philippe Vigier. Déception pour la liste Loiseau qui fait tout juste 600 voix de plus sur Châteauroux quand celle de Vigier en prend 2000. Globalement le FN perd, en pourcentage, dans toutes les zones du département pour, au final, passer sous la barre des 30 %, à 29,85 % soit moins que le résultat régional.  Là encore ce sont les villes, petites ou grandes, qui ont fait la différence en votants de manière plus classique que les villages.

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