Les chiffres sont dithyrambiques. Les acteurs du tourisme conviennent tous, ou presque, que l’année 2022 sera sans précédent, même au regard de 2019, qui pourtant sert de référence, avant les deux années de tempête dans le désert covidien.
Les hôteliers, les restaurateurs et les campings sont dans la même fourchette de progression : +30%, c’est un minimum ou presque. Après deux années de crise sanitaire, les Français avaient envie de prendre l’air. Sortir coûte que coûte, souvent, sans aller très loin. Alors les Franciliens ont bien sûr été les premiers clients de la région Centre-Val de Loire. Une aubaine, notamment pour ceux qui avaient pris soin de mettre la disette à profit pour se moderniser, rafraîchir les installations et les peintures, voire former pour embaucher à terme. Au Bœuf Couronné à Chartres, Pierre-Édouard Vinsot en est l’exemple avec un taux de remplissage de 95% dans ses 17 chambres. Laurent Cherrier gère quant à lui son camping de Cour-Cheverny. « L’hébergement de plein air est devenu pour les Français un modèle de vacances qui a du sens, dit-il. Pour autant que l’on sache proposer des services : piscine, restaurant, vente de billets d’entrée aux château et musées locaux ». Les jardins ont eux aussi, et ce, malgré la canicule, su tirer leur épingle du jeu. Plus de 650 projets ont été proposés sur cette thématique de la Renaissance cette année. Le prieuré d’Orsan aux portes du Berry (cf. la photo) est à +30% ! Le tourisme à vélo fait aussi carton plein. La Scandibérique, la Loire à Vélo, mais aussi la Sologne, le Berry ou le Cher qui se font à vélo, sont autant de points d’attraits que l’industrie touristique revendique. Les Anglais et les Néerlandais en sont friands et ont eux aussi largement participé à regonfler les chiffres.
Mais où sont donc les salariés ?
Certains acteurs du tourisme les cherchent encore. Le zoo-parc, qui fait déjà 1 300 feuilles de paye, ouvre en avril prochain un hôtel mexicain, mais peine à trouver de nouveaux salariés. Il est vrai que le site, qui accueillera cette année près de 2 millions de visiteurs, a déjà siphonné son bassin d’emploi et doit maintenant recruter hors les frontières du département. Se pose dans ce cas pour les candidats, le problème des déplacements quotidiens ou de l’hébergement. Question de génération, disent d’autres responsables de sites. Au restaurant « Le cabinet vert » à Orléans, la patronne Valérie Beaudoin reconnait qu’elle a singulièrement modifier la façon de travailler. « On ferme désormais deux jours et demie dans la semaine, parce que les jeunes nous le demandent ». Un hôtelier s’agace quant à lui de « savoir s’ils ont vraiment besoin de travailler, au vu de leurs exigences ». « L’objectif est de persévérer dans cette progression à deux chiffres, explique Harold Huwart, vice-président de la Région, délégué au tourisme. Pour cela, l’exécutif incite les professionnels à se moderniser dans l’objectif que 20% d’entre eux soient labellisés d’ici 2028. Il faut dire que le secteur génère 33.000 emplois directes en Centre Val de Loire. Et même si les professionnels sont concurrencés par les hébergements privés, chambres d’hôte et AirB&B, il semble s’établir une saine émulation qui, selon Marc Richet, directeur du Comité Régional du Tourisme, se fait au détriment ni des uns ni des autres. « Il s’établit un équilibre entre l’offre locative et professionnelle ». Reste la question très actuelle de la crise des énergies, gaz, électricité et fuel, qui vont, selon Laurent Cherrier, imposer aux professionnels d’augmenter leurs prix de 5 à 7% pour couvrir ces charges nouvelles ».
Stéphane de Laage