Un été coup de chaud et tendu en matière d’urgences… Élu président de la Conférence Régionale de la Santé et de l’Autonomie (CRSA), depuis la fin de l’an dernier, Olivier Servaire-Lorenzet, par ailleurs directeur du centre hospitalier Simone-Veil de Blois, a émis une forme de cri d’alarme, à la veille de défis et perturbations graves.
La CRSA est un genre de parlement régional de la Santé qui rend des avis et des recommandations sur des questions de santé auprès de l’Agence Régionale de Santé (ARS), alerte et peut dégager des pistes pour une meilleure prise en charge des patient(e)s. Elle regroupe plus d’une centaine de membres évoluant dans le secteur de la santé à divers postes, pour la plupart et en grande partie, des professionnels, mais aussi des usagers, des salariés, etc. Olivier Servaire-Lorenzet a rappelé, dans un inventaire à la Prévert, tous les maux dont souffrait la santé publique à la veille d’un été qui s’annonce plus que chaud et tendu, car personne n’ignore la situation qui ne fait que prospérer, mais négativement, dans tous les services et à tous les échelons et/ou grades. Des cellules ferment, rouvrent ou non, avec un manque flagrant de médecins et de soignants. Face à une grande crise des ressources humaines, et après une crise sanitaire des plus exceptionnelles que La France, mais aussi d’autres pays, ont connue, le marasme est là avec, de plus, la non-application, car toujours repoussées, de réformes souhaitées, nécessaires, mais jamais prises en compte depuis des années, pour ne pas écrire des décennies…On a vraiment trop attendu et le constat est là : rien ne va plus… La médecine de ville et l’hôpital doivent s’organiser pour que, une fois l’été passé, avec ses coups de siroccos et ses tempêtes de sable, septembre devrait voir arriver des solutions simples pour sortir de cette crise, sous peine de voir s’écrouler tout le système santé, vacillant bien avant l’arrivée de la Covid.
Plan Marshall ?
Alarmiste, mais conscient, le président de la CRSA, calmement, dégage quelques idées telles que renforcer la permanence des soins à l’hôpital avec la médecine de ville, -si cela est possible, car il manque aussi, de plus en plus de médecins dans les villes-, en n’hésitant pas de faire appel au lancement d’un plan Marshall pour les formations d’infirmiers en pratiques avancées…, sans oublier la formation dont vont bénéficier 500 médecins en région Centre-Val de Loire (RCVL), sans savoir dans quelles spécialités ils pourront évoluer. De plus, il y a une fuite de cerveaux ou stéthoscopes car plus de 70% des médecins formés à Tours ne resteraient pas dans la RCVL et, hors des deux grandes métropoles ligériennes, combien de villes ne sont pas considérées comme attirantes par les nouveaux promus, dont Blois, Châteauroux, Dreux…Le rôle, des collectivités locales et aussi de l’État, est primordial pour un avenir qu’Olivier Servaire-Lorenzet souhaite le plus optimiste possible, surtout pour la patientèle. Même fatigués, découragés et à bout de souffle, les professionnels de santé restent aux aguets et peuvent, encore, répondre aux demandes des usagers. Mais pour combien de temps encore? Personne ne sera refusé dans les urgences mais un appel au civisme est lancé pour ne pas embouteiller les services d’urgence pour des maux qui pourraient attendre le lendemain, en allant en consultation chez son médecin traitant, à condition, certes, d’en avoir un, ce qui est plus en plus difficile en cas de mobilité d’emploi, même dans le même département et à condition de ne pas avoir été abandonné au bord du chemin par un médecin prenant, légitimement, sa retraite, lui aussi… Autant de questions qu’il faudra bien se poser à nouveau, calmement, dès la rentrée de septembre, au retour des vacances ou des joyeuses colonies de vacances. Olivier Servaire-Lorenzet, fidèle à lui-même, s’est montré inquiet sans trop le faire voir car la situation est bien plus sinistre que ne le pensent certains responsables. Et, en matière de santé, la panique est, toujours, mauvaise conseillère, et, surtout, fortement déconseillée…
Jules Zérizer