Quid de la rentrée… économique ?


Entre plan de relance et messages d’espérances… Comme avant, rien n’est plus, mais rien n’est pour autant perdu. La rentrée n’est peut-être pas si sinistre qu’on nous en rabat les oreilles ?

À Blois, une reprise punchie en diable…
“Rien ne sera plus comme avant.” Oui, cette phrase est revenue, bien souvent, lors de la rentrée économique des classes, lundi 14 septembre à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Loir-et-Cher, sur le thème «Se reconstruire, se réinventer», à la veille d’une année que tout le monde souhaite bien meilleure que celle en cours.
Il semble que ce mal, ces maux, ont eu un côté plus que bénéfique sur le retour à un comportement normal des humains que nous sommes. Car cette session à la CCI en septembre à Blois, menée de main de maître par Yvan Saumet, le président de la CCI 41 et animateur d’un soir, a atteint des hauteurs qu’aucun autre débat n’avait tutoyées depuis des années, pour ne pas écrire décennies. Tout mérite un presque 20/20. L’humilité des intervenants, chefs d’entreprises de différentes tailles, qui ont retrouvé une solidarité et un échange humains avec leurs collaborateurs, en faisant chuter leur(s) ego ; timing précis de la réunion en moins de deux heures (si cette durée pouvait être respectée partout dans les années à venir !) et enfin de nombreuses pistes dégagées pour sortir de cette crise, collectivement au sein même de la boîte, car il y a eu une très grosse alerte rouge, économique et sanitaire, et chacun(e), à son poste, en a eu conscience. Plus que les réponses (250 environ, en moyenne selon les critères interrogatifs) aux questionnaires envoyés aux membres de la CCI, juste après la crise Covid-19, les témoignages de six entrepreneurs (aucune femme présente sur le podium, ce qui ne sera plus le cas pour les prochaines réunions, promis, juré, craché!), ont été aussi émouvants que sincères. Ils ont défini, dans leurs créneaux respectifs, les moments pas toujours roses passés, seuls, puis en osmose avec leurs équipes et leurs familles, dès le coup de massue du 14 mars dernier, quand l’annonce de fermeture des restaurants et tout autre endroit recevant du public est tombée sur la France, avant le confinement !

D’une entreprise à l’autre
Brice Lacube (Sermatec, machines industrielles à Vineuil) signale qu’il n’y a pas eu de chômage dans son entreprise et que bon nombre de ses collaborateurs se sont testés à des postes différents de leurs jobs habituels. «Les commerciaux ont dessiné des projets. Il y a eu du civisme constant et on a même réussi à livrer une machine en Chine. La visioconférence a fonctionné et il a fallu s’habituer à manger dans les chambres d’hôtel, dans les camions, sur place, et on a développé des relations fortes entre nous, tout en ayant conquis une nouvelle clientèle vers laquelle nous n’aurions pas pensé aller, hors Covid! ». Gilles Carroy (Aidicom de Noyers-sur-Cher, spécialisé en informatique), déjà «victime» d’un plan social chez Acial, et parfaitement reconverti depuis, a été secoué, mais il a découvert une clientèle de proximité qui ne savait même pas que son entreprise existait après 23 ans de présence! «Nous avons développé la maintenance, les techniques de télétravail en formation tant pour les salariés chez eux que pour les soutiens scolaires. Les ventes de consommables ont explosé, mais il a fallu jongler car les stocks des fournisseurs se sont vite taris. Notre personnel de huit éléments s’est adapté, sur le site et en télétravail, et nous allons embaucher un commercial, tout en communiquant plus sur nos atouts». Jean-Claude Philippe, directeur des sites de Chémery et Soings pour Storengy (leader européen de stockages de gaz), a mis en avant la solidarité et l’entraide pour assurer et assumer en première urgence, la sécurité, 24 heures sur 24, avant tout autre action. Le télétravail a fonctionné à fond pour les quelque cent employés et il y aura de quoi satisfaire les demandes quand l’hiver arrivera. «Il y a eu deux semaines d’arrêt, mais avec toutes les conditions de sécurité. La solidarité a joué aussi avec «Le Vieux Fusil», restaurant de Soings qui a réalisé des prouesses pour le ravitaillement…Le retard a été rattrapé depuis. ».

Plus positif que plaintif
À son tour, Denis Daubignard, restaurateur, responsable du groupe La Scaleta (12 pizzerias dans la région et deux restaurants plus classiques à Blois) s’est remémoré «la soirée du 14 mars, une douche plus que froide, car il a fallu mettre les clients dehors, gérer les stocks, surtout frais, dans nos établissements et envisager l’avenir très rapidement. Un protocole d’application a suivi et nous avons travaillé les plats à emporter, en les revisitant en fonction de la crise. ». Ce même engagement du personnel en relation presque fusionnelle avec sa direction s’est retrouvé, aussi, chez Mercura (signalisations par panneaux et signaux lumineux à La Chaussée-Saint-Victor) et Trigano à Cormenon pour la fabrication et la commercialisation de jeux de jardins et de piscines hors sol.
Il serait souhaitable que l’enregistrement, s’il y en a eu un, de cette soirée soit projetée dans des écoles de commerce ou de management. Pour une fois qu’il y a bien plus de positif que de plaintif. On serait presque tenté, sans humour noir, de remercier la Covid-19…
Jules Zérizer

Et aussi, à Cheverny, un ministre, optimiste, plus tard…
Le jour J, un brin retardé à cause du virus Covid-19, est enfin devenu réalité. Depuis le 1er septembre, les Sources de Cheverny sont ouvertes. Cerise sur le projet, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a coupé le ruban mardi 15 septembre, armé de ciseaux de relance.
Nul n’est sans ignorer que la France est le pays qui regorge de bons vins. Il ne leur manque parfois qu’un écrin… Et cela tombe bien : certains l’ont trouvé dans l’enceinte du château du Breuil, repris par Alice et Jérôme Tourbier (*), mari et femme à la ville, audacieux entrepreneurs à la scène. Pour rappel, car nous en avons déjà parlé cet été dans nos pages, il y a 21 ans, le couple, animé par l’art de vivre à la française, crée « les Sources de Caudalie », un concept d’oenotourisme au coeur des vignes bordelaises, mêlant gastronomie, amour du raisin et soins du corps. En 2020, la pandémie de coronavirus crible un tant soit peu leurs plans mais Alice et Jérôme Tourbier ne lâchent rien et finissent par graver dans le marbre du Centre-Val de Loire, le second chapitre d’une collection d’hôtels du vignoble. Les portes des «Sources de Cheverny » sont sises sur la route de Fougères, au coeur d’un site historico-culturel agrémenté d’un château, dit du Breuil, daté du XVIIIe siècle, et les époux Tourbier y démontrent que le rêve est encore permis dans ce monde de brutes : piscine, spa, bain barrique, hammam, jacuzzi, produits cosmétiques Caudalie, plusieurs restaurants (le tout chapeauté par le chef Frédéric Calmels), ainsi que 49 chambres et suites, une mini-ferme, un lac bordé d’ajoncs, un potager, un bar à vin, un chai, sans oublier un partenariat avec un viticulteur de Cheverny, Philippe Tessier… Et aussi, entre 70 et 80 emplois créés à terme.

Espérances terrestres
Autant de sources d’espoir dans une période chargée de difficultés qui auront assurément motivé le déplacement in situ pour l’inauguration officielle du 15 septembre du ministre de l’économie, des finances et de la relance, Bruno Le Maire (avant qu’il ne soit testé Covid positif !). « Demandez au Président de la République de décaler l’heure du Conseil des ministres, car j’aurais adoré dormir ici ce soir. Je pourrai même y écrire mon prochain livre,» a déclaré avec humour en préambule l’énarque déclamant son amour pour le val de Loire. Passées ces affectueuses considérations au goût de miel, est survenu le temps de la pilule plus amère du plan de relance et d’un contexte morose à avaler depuis un confinement printanier. « J’adore les États-Unis mais je préfère la France. Notre pays, pour la première fois, a réalisé le pari du chômage partiel. Nous avons ainsi protégé emplois, compétences et savoir-faire. Notre objectif, est de retrouver le même développement économique d’avant-Covid d’ici 2022. On peut y croire, notre pays est fort. C’est également la première fois, qu’un ministre de l’économie doit dépenser, alors faites-moi remonter les projets. Mon message est simple : nous serons toujours là. ! » Alea jacta est. Et quoi qu’il en coûte, qu’ils disaient… Et puis, direction le paradis ? Advienne que pourra et, encore une fois, il semble en attendant qu’un éden se niche à Cheverny, grâce à la fratrie Caudalie.
É. Rencien
(*) Alice Cathiard Tourbier. Illustre famille : sa soeur, Mathilde, est la fondatrice la marque cosmétique Caudalie. Leurs parents,Daniel et Florence, ont fait fortune grâce à l’enseigne Go Sport, avant d’être connus pour les grands vins Château Smith Haut Lafitte.
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