“Quitte à être mis à poil par le Gouvernement …” Autant le faire soi-même ! C’est le message choc que délivre ce mois de novembre les artisans du spectacle vivant qui pour le moment est au point mort, Covid-19 entravant. Exemple chez un professionnel de l’évènementiel, à Cour-Cheverny.
Une séance photo d’un nouveau genre lundi 9 novembre a gravé la revendication, nue comme un ver mais remontée comme un coucou, sur la pellicule. Même pas effrayés, même pas frigorifiés les modèles dans l’entrepôt de la société Audio Espace de la rue des Sapins à Cour-Cheverny, fondée par Pascal Rey en 1998. C’est sa compagne Pauline Chambrier qui a soufflé à ce dernier l’idée de nudité pour communiquer. Derrière chaque homme se cache une femme… Il ne s’agit évidemment pas de choquer (sur la photo, salariés et stagiaires, Lorette, Pascal, Quentin, Evan, Jordan, Pierre, Baptiste, ont ainsi gardé quelques bouts de tissu “essentiels” sur leurs corps dévêtus) mais bien de délivrer un message circonstancié, alors que toute festivité, ou quasi, est à nouveau en mode annulée ou à l’arrêt forcé. C’est également une manière osée d’interpeller et de crier des inquiétudes justifiées. “J’avais 8 salariés, j’ai déjà dû licencier suite au premier confinement. Nous ne sommes plus que 2 postes et demi,” déplore Pascal Rey. “Nous nous déplaçons régulièrement à l’étranger (40% à 45% de l’activité) mais là, plus rien ne se passe en termes de salons et les voyages sont contraints. Certains événementiels, de gaming, notamment, n’auront pas lieu en 2020, 2021, voire 2022 ! Certains corps de métiers liés deviennent frileux, et c’est l’effet boule de neige assuré. Nous avons la chance d’avoir une porte de sortie : nous avons lancé notre marque d’écrans LED, “Pik Vision”; nous vendons également du matériel (sonorisation, vidéo) aux collectivités, etc. Et on pense parfois peu à faire appel à nous en Loir-et-Cher… Et sinon, nous avons tout de même des charges fixes, des prêts, à assumer, etc. Alors c’est un fait, l’événementiel est en grande difficulté et si le Gouvernement reste sourd, ainsi que les élus, bientôt il sera trop tard.” Le photographe et vidéaste Aurélien Charron (4.1 Production), qui a immortalisé la séquence dans un simple appareil, a confirmé cette anxiété, malgré un tempérament souriant. “C’est une partie de notre culture et nos savoir-faire, et plus largement, de l’âme française, qui est menacée de disparition avec cette crise sanitaire.” L’initiative déshabillée créera sans aucun doute des émules, et d’ailleurs rendons à César : ce sont en premier lieu des photographes (Yannick Faure à Saint-Tropez, Coralie Mader à Veuzain-sur-Loire, etc.) qui ont fait tomber le maillot devant l’objectif pour une fin qui justifie parfois les moyens… “à poil”.
É. Rencien