Tempête dans un verre d’eau ou pas de fumée sans feu ? En période covidique, alors que le citoyen lambda est dans l’attente du jour d’après plus rose, le Parti Socialiste local flingue sans sourciller deux de ses membres considérés hors des rangs délimités. Ouch… Politique un jour, politique toujours.
L’annonce politisée ne tombe pas forcément à point nommé, en pleine période de bouleversement et de confinement pour cause de nouveau coronavirus identifié sous le numéro 19. Celle de la volonté du Parti Socialiste de Loir-et-Cher d’expulser de sang froid Geneviève Baraban et Michel Fromet, conseillers départementaux d’opposition, membres du groupe Loir‐et‐Cher Autrement (PS et DVG), de ses instances, car jugés trop en phase avec le président LR du Conseil départemental, Nicolas Perruchot. Le vote favorable du duo précité vendredi 24 avril 2020 relatif à la création d’une agence départementale d’attractivité aura fait franchir le Rubicon à d’autres camarades socialistes en face, eux en désaccord. Et c’est cette étincelle qui aura embrasé le jeu jusqu’aux étoupes. Le 5 mars 2020, à Blois, Geneviève Baraban, pourtant, se réjouissait. «Maurice Leroy, le temps d’avant, les manigances… À cette époque, nous avons tout dit, tout déballé. Puis je n’y croyais pas mais Nicolas Perruchot a vraiment changé. L’intérêt général est imprimé. Nous sommes le seul département qui travaille en assemblée en commun dans la confiance, le parler juste et vrai ». Et justement, en évitant la langue de Blois, Frédéric Orain, premier secrétaire fédéral du PS 41, plus proche de la pensée d’Olivier Faure que des velléités de Manuel Valls, demande à ce qu’on «ose enfin dire la vérité. Certains sont dans l’affichage, alors même que certains dirigeants de collectivités attaquent sans cesse l’État et consorts. Oui, la nouvelle n’est sans doute pas réalisée au bon moment, avec le Covid, mais il fallait parer au plus pressé, ce qui ne signifie pas que nous ne nous préoccupons pas de la crise sanitaire actuelle. Il n’y a jamais de bon moment de tout façon. Oui, j’assume qu’au PS 41, nous nous plaçons stratégiquement dans le coup d’après; des élections départementales et régionales auront lieu en 2021. Ce n’est pas une tempête, ni une guerre déclarée. Nous nous devons de clarifier la situation de la gauche pour les électeurs. La droite fait ce qu’elle veut. Nous, nous ne sommes pas dans ce cirque. D’où incessamment sous peu, quand tout ira mieux dans le pays, notre souhait de saisir la Commission nationale de conflit pour exclure Geneviève Baraban et Michel Fromet.»
Par effet de ricochet, la droite tire sur l’ambulance stationnée
La politique peut être acerbe et cruelle, et au passage, il convient de se remémorer le contexte loir-et-chérien. Fin 2018, est survenue l’annonce de la démission et partance de l’ancien chef du département, Maurice Leroy, pour la Russie, car nommé en charge du grand Moscou. Début 2020, arrivait l’annonce de l’actuel capitaine du Conseil départemental, Nicolas Perruchot concernant le passage de son groupe majoritaire Union Pour Le Loir-et-Cher (UPLC, LR et DVD) en parti “local”, ouvert à toutes les sensibilités bienvenues. À l’automne 2019, était acté le départ au sein du groupe minoritaire du Département, Loir-et-Cher Autrement (LCA), de l’élu départemental Benjamin Vételé (ex-PS, mouvement Génération.s), par ailleurs maire adjoint du maire PS de Blois, lequel d’ailleurs le 24 avril 2020, se sera abstenu de voter la création de la fameuse agence départementale de l’attractivité décriée. En mars 2020, LCA s’est à son tour présenté comme un parti “local”, ouvrant là aussi un large champ de possibles alliances d’ici les échéances électorales dans un an. Inutile de remonter plus loin jusqu’à la porte PS à la fois fermée en 2017 au nez et claquée par le maire de Romorantin, Jeanny Lorgeoux, alors sénateur lorgnant vers LREM… L’histoire est longue et tortueuse. Dans ce cadre bousculé et planté, Pascal Bioulac, président de l’UPLC, vice‐président du conseil départemental de Loir‐et‐Cher, maire de Lamotte‐Beuvron, dégaine à son tour et torpille.« Nous condamnons les propos du maire de Blois, Marc Gricourt, qui reproche aux deux élus de suivre la politique menée par notre président Nicolas Perruchot. Depuis de nombreuses années maintenant, nous travaillons en bonne intelligence avec l’ensemble des élus de l’Assemblée départementale et dans le respect des différences d’opinions afin de mener à bien nos missions et de servir au mieux les habitants du Loir‐et‐Cher. (…) Alors que notre territoire doit faire face à une crise sanitaire et économique sans précédent, il nous semble prioritaire que les collectivités locales et les élus se mobilisent pour protéger et accompagner la population, en laissant de côté leurs annonces de politique politicienne sur fond de règlements de comptes « familiaux ». La crise que nous traversons impose un moratoire sur les basses manœuvres politiques menées dans la perspective des prochaines élections départementales et régionales de 2021. » Touchés, coulés ? Un partout, la balle … au centre ? En tout cas, la suite du feuilleton à sensation promet moult rebondissements.
Émilie Rencien