La soprano Hélène Le Corre.
La formation baroque des Folies françoises fêtera le saint patron des amoureux le 14 février par un concert joliment intitulé « Rossignols amoureux ».
Jean-Philippe Rameau écrivait en 1760 : « « La vraie musique est le langage du cœur », « Rossignols amoureux, répondez à nos voix »….Comme amour rime bien souvent avec musique en musique, les Folies françoises ont choisi pour célébrer la Saint-Valentin un programme composé de cantates évoquant les différentes facettes du sentiment amoureux : légèreté, innocence, mais aussi arrachement et fureur, avec des pièces de Couperin et Rameau évoquant l’amour à la française via l’élégance de la flûte et les richesses de l’ornementation du clavecin imitant le chant des oiseaux, la souffrance d’Orphée, jeune époux brutalement séparé de sa bien-aimée qui parcourt les Enfers pour tenter de la ramener dans le monde des vivants, mise en musique par Rameau et la mélancolie de Didon, reine de Carthage, abandonnée par le prince troyen Énée, orchestrée par Michel Pignolet de Montéclair. Au programme de ce concert dédié à l’Amour : « La Mort de Didon », cantate composée par Michel Pignolet de Montéclair vers 1709. Cette tragédie miniature d’une grande profondeur reprend l’histoire de Didon, reine de Carthage, abandonnée par le prince troyen Énée, alternant mélancolie, fureur et désespoir, avant de se terminer par une morale légère : « Qu’il est dangereux de se rendre aux vœux d’un objet volage ». « L’île de Délos », cantate de la compositrice enfant-prodige Élisabeth Jacquet de La Guerre, offre, quant à elle, une atmosphère toute bucolique, mettant en scène un rossignol, chantre de l’Amour, dont les sons touchants enchantent cet « agréable séjour ».
Émotions, affects et passions
L’expressivité du rossignol, émouvante et naïve est aussi reprise par Jean Fery Rebel (Rossignolo), François Duval (suite V Rossignol) et François Couperin (le Rossignol en amour et Double du rossignol). Orphée a été pour Rameau son premier contact avec la musique lyrique, cette cantate laissant présager le maître incontesté qu’il deviendra par la suite notamment avec les célébrissimes Indes Galantes dont « Viens Hymen » fera partie du programme du concert. En effet, Jean-Philippe Rameau, considéré comme l’un des plus grands musiciens français, présente un cas très particulier dans l’histoire de la musique baroque. Arrivé à l’âge de cinquante ans, il n’est alors l’auteur que de quelques motets et cantates (dont Orphée) et de trois recueils de pièces de clavecin. C’est seulement en 1733, qu’il se révèle comme l’immense compositeur d’œuvres lyriques qu’il ne cessera d’être jusqu’à mort en 1764. « Nous mettons à l’honneur lors de ce concert dédié aux sentiments amoureux, la cantate française, forme musicale apparue à l’aube du XVIIIème siècle, explique Patrick Cohen-Akenine, directeur artistique des Folies françoises. Devenant très vite à la mode, ce format offrait l’avantage d’être moins coûteux qu’une grande tragédie en musique. Pas de décors, pas de costumes, peu de musiciens… la cantate trouve dans les salons des châteaux et hôtels particuliers, son écrin idéal. L’amour occupe évidemment la place d’honneur dans ces pièces chantées. En effet, l’acteur chantant (nom donné au chanteur au XVIIIe siècle, ndlr) offre à l’auditeur, dans ces petits ouvrages, toutes les palettes des émotions, affects et passions qui sont normalement l’apanage des plus grandes œuvres. Le soliste doit réussir la prouesse de se glisser à la fois dans la peau du récitant qui expose, commente, moralise et dans celle du protagoniste, dramatique ou frivole, tendre ou pathétique. » Ces prouesses reviendront à la soprano Hélène Le Corre qui a notamment interprété Mozart, Couperin et Pergolèse. Récemment installée à Orléans, elle est invitée par Les Folies françoises afin de devenir le rossignol amoureux d’un soir, prélude à une fructueuse collaboration entre « baroqueux » orléanais.
14 février à 20 h 30. Scène Nationale d’Orléans. Salle Barrault. Réservations : www.scenenationaledorleans.fr
F. Monnier