Les préfets se suivent et se heurtent, tous, en Loir-et-Cher aux durs chiffres des accidents de la circulation. Et tous tentent de trouver des solutions. La dernière expérience au centre de formation des pompiers à Vineuil dégage peut-être une excellente piste de réflexions…
On craignait un chahut et quelques escarmouches verbales ou d‘impatience. Mais ce fut, en tous points, impeccable. Réunir 270 jeunes (lycée Val de Cher à Saint-Aignan, lycée hôtelier de Blois, lycée Dessaignes de Blois, École de la deuxième chance de Blois et dix volontaires du service civique) pour la première journée départementale de prévention à la sécurité routière n’était pas un pari simple à tenir. Tout comme retenir leur attention entre séances de travail à huis clos le matin et ateliers avec démonstrations de secours en extérieur. Et pourtant, cette journée en appelle beaucoup d’autres maintenant que le pli est pris. La préfecture de Loir-et-Cher, Yves Rousset, en tête, avec l’appui de la Prévention Routière 41, sous la direction de Philippe Paris, en accord avec la direction académique, via Sandrine Lair, inspectrice, le tout en relation avec les forces de police, de gendarmerie, des pompiers et du SAMU, entre autres, a tapé fort.
Le show de Camel était un live….
D’entrée, plusieurs films-chocs, presque réels, démontraient la violence d’accidents dus à l’absorption d’alcool ou de stupéfiants, à la très grande vitesse, à l’utilisation d’appareils addictifs tels que portables ou autres instruments technologiques modernes…Pour avoir, malheureusement, vécu certaines de ces histoires, en direct, avec notre métier, on peut affirmer que ces «fictions» étaient presque réelles. La violence de certaines images frappa les esprits. Mais, l’intervention d’un ancien Blésois, Camel Guelloul, fondateur de l’association de prévention et d’information sur les conduites addictives (APICA) en laissa plus d’un sur le carreau. Pendant plus d’heure, cet ancien drogué dur expliqua, dès 14 ans, sa descente aux enfers à la suite du décès de son père. Tout y passa et il relata par toutes les étapes de sa vie (cannabis, héroïne, cocaïne, alcools, prostitution, vols divers…) et de sa descente aux enfers. Dans sa 45e année, il sait qu’il risque de ne pas vivre très vieux et l’une de ses filles, issues de quatre…mariages, lui a mis le choix en main alors qu’elle n’avait que 9 ans pour qu’il arrête car elle avait découvert et compris que ses séjours répétés à la salle de bains n’étaient pas destinés qu’à sa toilette…Depuis, Camel se consacre aux autres, prêche dans les écoles, collèges et lycées ou autres centres de formation, pour éviter aux jeunes de connaître les bas fonds qu’il a fréquentés.
Son témoignage, fort et prenant, n’avait rien d’un show comme le laissa croire son démarrage. On était en live avec un mec courageux qui, contrairement à beaucoup d’autres, a compris qu’une renaissance n’était pas impossible. Il travaille même, avec son association, en direct avec la justice à Brest où il séjourne dorénavant.
L’accident n’arrive pas qu’au voisin
Tout aussi puissants, émouvants et tragiques furent les témoignages des gendarmes et policiers chargés de gérer, administrativement, les accidents de la route, in situ et ensuite, tout comme ceux des pompiers et du médecin-chef (ER) du SAMU 41. Le plus dur moment, pour tous, dans leurs carrières, avec les maires des communes concernées, porte sur l’annonce aux parents et/ou familles, des conséquences mortelles d’accidents, surtout quand il y a de très jeunes victimes. L’après-midi fut consacrée, après un déjeuner pris sur place, en commun, à des démonstrations de collisions par des professionnels de la cascade et une opération de désincarcération par les pompiers et l’équipe médicale du SAMU. Reste à savoir ce que retiendront les quelque 300 jeunes présents à cette première journée. Beaucoup de moments importants certes. Mais, seront-ils plus prudents pour autant ? Qu’ils n’oublient, jamais, que l’accident n’arrive pas qu’aux autres et qu’il y a plus de 15 morts par jour en France. Pour le Loir-et-Cher, 30 personnes ont trouvé la mort en 2018 sur le territoire (35 en 2017) au cours de 230 accidents (presque un par jour) contre 281 l’année précédente. Il y a eu 284 blessés (372 en 2017) et la plupart des victimes avaient entre 18 et 24 ans…73% étaient automobilistes, 13% des piétons, 7% des pilotes ou passagers de deux roues, 3% des cyclistes et un chauffeur de quad. Aucun routier (3 en 2017) n’est mort l’an dernier. Au 30 avril dernier, il y avait déjà 9 personnes tuées et 70 blessés… Et maintenant, bonne route à tous. Le comportement de chacun(e) doit être, si possible, exemplaire sur nos routes.
Jules Zérizer