Dimanche 24 avril, la France a élu son ancien-nouveau Président de la République. À Blois, ce n’était guère l’ambiance des grands soirs, même dans le camp gagnant, toutefois satisfait de l’issue électorale, évidemment.
Drôle de scrutin, drôle d’ambiance. Calme, fade, terne. Les adjectifs peuvent être cumulés à l’envi s’agissant du second tour de l’élection présidentielle survenu cette fin avril. Un scrutin un peu triste au final, à bien des égards par rapport à des précédents. Il faut dire que le match était déjà vu, en mode replay pour les Français(es), de temps à autre résignés. En 2017, dans un restaurant du quartier Vienne de Blois, les drapeaux s’agitaient, les visages étaient exaltés pour les néo-Marcheurs. Cinq ans plus tard, certains noms ont claqué la porte, d’autres sont arrivés, et c’est dans un restaurant de l’autre côté du pont et de la Loire, à Blois, en centre-ville cette fois, que les militants La République en Marche, Modem, avec aussi dans ces rangs quelques ex-LR encartés Horizons (le parti d’Édouard Philippe pour rappel, ndrl), s’étaient donnés rendez-vous avant 20 heures. À 19h45, quelques verres de bière et de Vouvray sur les tables, mais comme par superstition, les bulles n’ont été consommées qu’une fois le verdict dévoilé car une poignée craignait la bascule extrême, à leur lecture des résultats d’Outremer, avant le compte à rebours. Dix, neuf, huit, sept, six, cinq … Et le Président Emmanuel Macron rempile pour cinq ans supplémentaires à l’Élysée, remportant 58,54% des suffrages, battant à nouveau Marine Le Pen (41,46%, RN). Souffle de soulagement pour le camp vainqueur, même si à Blois, la joie s’est montrée discrète. « Nous sommes contents mais nous devons rester modérés, on ne va pas fanfaronner non plus, » a commenté Étienne Panchout, conseiller municipal d’opposition Modem de Blois.
« Macron est brillant, il ne devrait pas refaire autant d’erreurs, comme baisser les APL et supprimer l’ISF; ensuite, évidemment, les gens n’ont pas retenu la nouvelle sur la taxe d’habitation !». Marie-Hélène Millet, conseillère départementale Modem, a réagi à son tour. « Il y avait un doute sur ce second tour mais au fond, nous y croyions. Ce score fait plaisir dans un tel contexte national et international. Je souhaite remercier les militants de Loir-et-Cher très mobilisés sur le terrain. » Alban Parvaud, responsable du comité Sologne / Val de Cher Controis, accompagnée de sa mère Monique, militante comblée, a constaté de son côté. « Au premier tour, on sentait de l’hostilité en allant sur les marchés du Sud du Loir-et-Cher, puis on a senti que cela changeait. Nous devons toutefois analyser les chiffres en vallée du Cher, en Sologne, pour voir si les votes extrêmes ont lien avec le chômage, ou toute autre raison de colères. » Après 20h, à l’extérieur, si les terrasses blésoises des cafés ouverts n’étaient pas vides, aucune manifestation des consommateurs assis, ni de bruit de klaxons heureux comme courroucés dans les rues de la ville, donnant une impression d’un dimanche sur Terre ordinaire, comme s’il ne se passait rien ce soir-là.
Troisième tour très attendu en juin
Atmosphère un peu lunaire en somme dans la cité. Contrairement à la préfecture, où dans les murs, l’ambiance était bonne. Pas de cafouillage dans la distribution des professions de foi, selon le préfet François Pesneau. Et, parmi les invités, Philippe Gouet (Udi), le président du Département, qui prenait une année ce 24 avril, a même eu droit à un joyeux anniversaire. Même si derrière l’apparente humeur positive, l’abstention enregistrée plombait un tantinet, à l’instar des votes blancs et nuls flirtant parfois avec les 9% selon les localités.« Le taux d’abstention et les votes blancs restent un message très clair envoyé par une grande partie des électeurs qui n’étaient pas satisfaits du choix qui leur était présenté au second tour de cette élection présidentielle. Les Français, comme nos territoires ruraux, attendent depuis longtemps de l’attention et du respect. », a commenté M. Gouet. Marc Gricourt, le maire PS de Blois, premier vice-président de la région Centre-Val de Loire, a lui rappelé que c’est à “toutes les forces politiques de gauche qu’il incombe de se rassembler sur une plateforme commune pour la prochaine législature et d’organiser une union populaire incarnée par des candidatures uniques de la gauche.” Au QG du RN, dans le quartier Puits-Châtel, à quelques pas de là, même visée, c’est-à-dire l’après. Le référent départemental, conseiller municipal d’opposition de Blois, Michel Chassier n’était ni fâché ni abattu. Ici également, c’était paisible, contrairement à il y a 5 ans où à ce même endroit, la presse locale avait été un brin invectivée, jugée responsable du choix des urnes. Les législatives 2022, pour désigner les députés, constitueront donc le prochain match à enjeux électifs particulièrement pour l’opposition et une éventuelle cohabitation, les 12 et 19 juin. «On note une fracture territoriale très nette. » a remarqué M. Chassier. Et les Zemmouristes de chez « Reconquête » ? « La discussion n’est pas fermée.Le souci, c’est que nous avons fait de meilleurs scores que Zemmour et il continue de se réclamer comme le seul unissant les droites,» a-t-il encore répondu, soulignant un énième problème. «Enfin, c’est bien de manifester après l’élection dans la rue mais si les gens ne se déplacent pas au départ pour voter … »
Émilie Rencien