Romorantin : Un conseil municipal courtois, enfin gaulois…


Calme à l’extérieur, un brin véhément à l’intérieur, le ton tempéré (mais guerrier) de l’édile Lorgeoux, remis sur pied après épisode coronavirusé, masque de temps à autre sous le nez, en séance budgétaire à la Pyramide le 25 mars, n’y aura rien changé. L’opposition a sorti sa hache qu’elle utilise pour tailler, et laminer sans paraître prête à l’enterrer. C’est reparti pour une fournée.
Au bout d’une heure trente, l’assemblée municipale convoquée le 25 mars à 15 heures aura connu un long fleuve et un ordre du jour tranquilles, autour du budget quand même s’il-vous-plaît. L’arbre chiffres qui n’aura pas masqué la forêt de chaises vides dans l’opposition. Un nouveau conseil sans, ou quasi, une énième fois, hormis la présence du LR Raphaël Hougnon, fidèle au poste, dans les rangs de la Pyramide. Les deux autres groupes, Un avenir pour Romo (PS, Didier Guénin-Yannick Cordonnier) et Ensemble pour Romo (DVD, Dominique Giraudet-Louis Redon), avaient à nouveau boycotté le rendez-vous en présentiel, du fait de l’absence coutumière de visio-conférence, malgré les protestations, en dépit du virus Covid-19, à l’heure pourtant où le département de Loir-et-Cher passait dans un seuil de contaminations en vigilance renforcée. Un décor planté par conséquent apaisé… tout au moins, le moment désigné sur scène car en coulisses, ensuite, le rideau tiré, ça aura fumé. Ainsi, en préambule de conseil municipal, le calumet du courroux a été ravivé, loin de la paix, l’air de ne pas y toucher. Le maire de Romorantin (SE), Jeanny Lorgeoux, après un test PCR positif et une hospitalisation, la silhouette lestée d’une poignée de kilos, n’en aura pas perdu son verbe assuré. Il aura en effet tenu selon ses dires à « faire le point sereinement en disant tout ça calmement ». Mais fermement, car il faut en convenir, les tacles étaient bien présents et piquants. On connaît malheureusement la chanson à force ; la piètre partition est sans cesse rejouée, avec quelques couplets ajoutés et ajustés. “Quinze heures, c’est une bonne heure du fait du couvre-feu à 19h. Sauf pour celles et ceux qui travaillent, mais j’avais déplacé du mercredi au jeudi pour Monsieur Guénin et pas de bol, il n’est pas venu,” aura déclamé l’édile depuis sa tribune argumentaire. “Monsieur Redon-Colombier a lui peur des invectives et insultes ! Pour moi, le distanciel n’est qu’une juxtaposition de soliloques. Or, la démocratie n’existe que dans la confrontation de débats en présentiel ; un présentiel légal, dans le respect des gestes barrières. (…) Ces deux groupes ne sont que dans des besoins d’exister, des postures liées à la campagne des départementales. Ce sont ces deux groupes qui sont responsables d’un climat délétère. La politique est l’art de faire; nous avons désormais cinq ans pour travailler. Je ne fais pas régner une dictature, il y a juste de la solidarité parmi les miens.”

Pif, paf, bing, bang… Et des variants persistants
Alors, en avant, hue cocotte ! Oui, mais… À Romorantin, il existe beaucoup d’entraves, et la pandémie n’est pas responsable d’élus buvant la tasse. Un conseil municipal calme, mais juste après, à la sortie du bois, ça a tiré tels des chiffonniers. En haut des miradors de ripostes, dans l’opposition, Yannick Cordonnier et Didier Guénin ne se sont pas privés de canarder. “Lorsque le maire insulte en conseil municipal les membres de l’opposition ou recadre en les infantilisant les membres de son équipe. Respect républicain ? Une chose est sûre, les Romorantinais et Romorantinaises n’en ont rien à faire de ces querelles stériles. Il faut que cesse les accommodements avec les règles auto-revendiquées par M. le Maire (…). Que tout ceci cesse et que nous en venions à un fonctionnement normal de la démocratie locale.” Le groupe Ensemble pour Romo aura en sus fustigé et déploré une piètre image du conseil municipal. Nous nous étonnons de la faiblesse de l’ambition en termes d’investissements pour cette année 2021. Les projets portés sont la finalisation de chantiers déjà lancés, parfois depuis plus de cinq ans, et retardés par la crise du Covid. (…) La maladie ne peut tout excuser et les mots ont un sens.” Enfin, l’entité Romo Citoyenne (LFI, Gilets jaunes, SE, etc., Yvon Chéry-Marianne Coupé), se sera déplacée in situ ; installée dans les fauteuils rouges de la Pyramide, aura résumé, sans appel. “Le 25 mars, se tenait à 15h, un conseil municipal essentiel pour la vie de la cité et de ses habitants, avec notamment le débat d’orientation budgétaire, soit plus de 28 millions d’argent public, dont il faut réfléchir au bon usage. Voilà pour l’enjeu. Or, qu’avons-nous observé ? Romo Citoyenne, qui n’a pas d’élu, continue d’être présente et d’exercer une vigilance critique. Nous étions 6 présents sur les 11 du public. En revanche, 20 présents seulement sur 33 conseillers élus. Absents, quelques conseillers de la majorité et une fois de plus, la totalité des deux équipes Redon et Guénin. Le boycott du conseil est d’autant plus légitime qu’il est rare, mais quand il devient la règle, il perd tout sens et montre seulement l’incapacité des concernés à représenter ceux qui les ont élus. Et qu’ont fait les présents ? Ils ont tout voté, à l’unanimité, sans débat. (…) On n’est jamais sûr d’avoir touché le fond.” Et le plus dur est de remonter, sans se noyer et au passage, éloigner davantage les citoyens des urnes éclaboussées… En somme, tout comme le coronavirus, le conseil municipal de Romorantin possède ses variants gaulois persistants ! Amusant au début pour la presse pour jouer avec les mots dans un papier, et puis… Ici, le vaccin n’est pas encore né pour ce dialogue de sourds qui ne se bonifie pas du tout comme le bon vin. La fièvre est de retour et là, derrière la pétoire, un confinement ne bougera pas d’un iota cette peste asphyxiante. Pour l’auditoire, lassant…

Émilie Rencien