Politique : tout en fraîcheur et en sémantique verdies


Les élus étaient réunis en présentiel à la Halle aux grains lundi 15 février pour un nouveau conseil municipal. Avec le match quasi habituel entre majorité et opposition : des tirades, des dossiers et des « bons mots » pendant près de quatre heures, et autant de flèches décochées entre chiens et chats, Antéros et Cupidon.
Coronavirus oblige, le 15 février, le public est resté sagement et confortablement à la maison derrière son écran, avec pizza en coeur et tasse de chocolat fumant, pendant que dans l’enceinte de la HAG aux rideaux toujours tirés, de 18h à 21h50, conseillers municipaux et journalistes assistaient en live à quelques échanges un brin ardents le lendemain de la Saint-Valentin. Entre deux gorgées de bouteille d’eau, auront été déclamés un voeu de la majorité pour la carte scolaire, une fiscalité inchangée malgré des bases d’impôts plombantes, ainsi que de la sollicitude (de la part du conseiller d’opposition SE Gildas Vieira) envers les salariés blésois de Tecalemit semblant condamnés sous l’effet d’un plan de sauvegarde de l’emploi à devenir sarthois, dans une salle de spectacles frisquette (le bouton clim avait dû être confondu avec celui du chauffage, pour sauver la planète, ou pour lutter contre le virus, ou éviter les rides, ou autre on ne sait quoi sans feu de bois!). Pas le show des grands soirs pour les journalistes qui viennent régulièrement au “CM” avec seulement 40 délibérations à l’ordre du jour, cette fois la parka sur le dos. Un conseil moins agité du bocal que d’ordinaire, bien que tout de même, encore et toujours du roulis, même si la majorité Gricourt, habituée depuis le début du mandat, ne semble plus guère défrisée par les joutes opposées qui ne se démontent pas pour autant. En somme, le scénario coutumier, thèse-antithèse-synthèse, et d’ailleurs, cette fois, beaucoup de sémantique, à la sauce environnementale. De longues minutes se seront par exemple écoulées autour du mot « rentabilité », à force de chipotage parmi les rangs ce soir-là, alors que le mot ne comptait même pas triple au Scrabble en cours qui aura viré au ping-pong, avec une opposition montant respectivement au créneau verdoyant. «Je ne m’adresse pas à mes électeurs et ici quand on parle de bâtiments et d’énergie, le mot rentabilité semble inconnu pour certains, alors que justement, il est adéquat. Car est-il plus rentable de courir après des labels alors qu’il faudrait mieux investir pour régler les soucis de passoires thermiques ?,” a réagi Malik Benakcha (LR). Puis ce fut au tour d’Étienne Panchout (Modem/LREM) de s’indigner : “Vous mettez de la distance à chaque fois à chaque question simple. Pourquoi parlez-vous des centrales nucléaires ? Parlons s’il-vous-plaît de Blois, restons à Blois, et face à l’argent injecté, peut-on avoir un bilan carbone réel, merci ! » Etc. En mode dialogue de sourds, rythmées par des réparties à corps défendant du maire PS Marc Gricourt et de son adjoint Jérôme Boujot. Pour raccrocher les wagons de la colère, la discorde se cristallisait sur la réhabilitation des gymnases Moussa Traoré-Jacques Azarian et Marcel Cerdan ; une demande d’évolution du chantier prévu a été présentée par la majorité Gricourt en vue particulièrement d’atteindre la performance carbone E3C2, un label de bâtiment à énergie positive.

L’amour vache et aveugle
Il fut en sus question de sécurité autour des travaux prévus sur les espaces publics du square Valin de la Vaissière (avec la création d’un point haut pour vue sur la Loire). Sujet de points de vue divergents revenant quasiment sur la table à chaque conseil municipal (entre le fan Benakcha féru de vidéo-surveillance à tout prix versus l’exécutif en garde-malade de la santé des SDF à traiter en priorité…), après une grave agression in situ l’an passé et du deal de drogue constaté là depuis des années. Sans oublier pour boucler la boucle, un zeste de verdure qui aurait pu adoucir les moeurs mais qui aura re-crispé la partie : un reproche public d’ “honnêteté” (ce mot-ci a aussi beaucoup été seriné) fut asséné par l’édile socialiste Gricourt à l’égard de mails signés de l’équipe Panchout, laquelle s’insurgeait par ce biais sur une histoire d’environnement. Lesdits courriels auraient envoyés selon la seconde, pas reçus d’après le premier ; un simili de bataille de billes à la récré, ou comment éluder, alors que le vrai sujet émis par les centristes précités questionnait des travaux aux jardins de l’Évêché, des robots broyeurs et au milieu la destruction d’une zone abritant des hérissons. Chaud ! En résumé, le jour d’après la Saint-Valentin, une ambiance intérieure polaire dans l’enceinte de la HAG revisitée en salle de conseil municipal, mais assurément à Blois, des hommes politiques aux mots doucement vachards et au coeur toujours brûlant ! Une affaire de confiance sans doute, bien qu’en amour, qui peut parfois rendre aveugle, celle-ci ne se donne pas, elle se mérite… Suite au prochain numéro politisé du roman-photo, à paraître le 19 avril.

Émilie Rencien