Point de vue d’élus


Dominique Roullet, chef de file du Parti Socialiste dans l’Indre pour les élections régionales
Le Petit Berrichon : Que pensez-vous du redécoupage des régions ?
Dominique Roullet : Dans la conjoncture actuelle c’est une chance. Quand les gens disent qu’on reste tout seul, je dis non, nous restons tous ensembles et nous pourrons avoir des coopérations interrégionales avec Poitiers, Le Mans ou La Rochelle comme on le fait avec les transports ferroviaires et demain il peut y avoir des évolutions. La réforme territoriale me pose à vrai dire des questions quand je vois le rapprochement entre le Limousin, le Poitou-Charente et l’Aquitaine.  La région Centre est déjà plus étendue que la Belgique. Nous proposons un projet cohérent pour ce territoire, un projet qui n’oppose pas l’environnement à l’économie.
LPB : Sur la notion de territoire et à partir de ce qui se met en place quelles seront les répercussions sur la région et les départements ?
DR : La région a plus de pouvoirs qu’auparavant, notament dans son intervention économique. Les agglos et les communautés de communes conservent des possibilités d’intervention comme par exemple l’immobilier d’entreprise. Ce que l’on souhaite c’est simplifier les aides aux entreprises avec un guichet unique. Le fait que la région soit la seule compétente en matière de développement économique sera beaucoup plus efficace. En matière d’aides aux entreprises, il faut que ça soit donnant-donnant, il faut qu’il y ait une contrepartie en face. Je reproche au CICE (Credit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi) de ne pas imposer cette contrepartie. Lorsque la région attribue une aide c’est parce qu’il y a des emplois en face, il y a des critères environnementaux et sociaux à prendre en compte. Concernant les dotations aux entreprises, la région devrait aller jusqu’à 50% de subvention et en attendant d’atteindre ce chiffre les Pays et les territoires prendront le relais pour aller dans un premier temps jusqu’à 35%, la région étant pilote et coordonnateur du dispositif. »
LPB : Qui influe et finance la politique de développement ?
DR : Nous sommes confrontés comme toutes les collectivités à la baisse des dotations de l’état. Nous essayons de faire des économies dans tous les secteurs. Par exemple les transports scolaires ce sera un transfert de fiscalité d’une partie des départements vers la région sur la CVAE (Contribution sur la Valeur Ajoutée des Entreprises) qui a remplacée la Taxe Professionnelle. Nous demandons qu’il puisse y avoir un remboursement de la TVA sur le transport. De très gros investissements ont été réalisés dans les lycées, le plus gros des travaux est derrière nous, ce qui va nous donner une marge de manœuvre pour l’avenir.
Cette marge de manœuvre et les nouvelles compétences donnent des outils à la région pour influer la politique du développement.
Il faut engager cette politique avec les entreprises. Il faut voir avec elles quelle est leur vision du développement, de l’environnement et quelle est leur conception de la coopération décentralisée.
LPB : Quels sont vos interlocuteurs dans le milieu de l’entreprise ? 
DR : Le Conseil Régional devra mettre en place un schéma régional de développement avec nos partenaires notamment les chambres consulaires, Chambre des Métiers, Chambre d’Agriculture et Chambre de Commerce. Il faut simplifier les choses et aller là où c’est utile. Quand on prend la question de l’emploi il faut aller vers les TPE, le Commerce et l’Artisanat.  On a des outils tels que la formation professionnelle. Nous avons mûri à gauche en ce qui concerne l’apprentissage. C’est une voie adaptée au profil d’un certain nombre de jeunes. Certes le code du travail est compliqué mais il s’adresse aussi à l’intelligence des gens. Le problème en France, pour l’apprentissage comme dans bien des domaines, c’est d’abord un problème de confiance. »
Propos recueillis par Jany HUGUET