Les temps étant ce qu’ils sont, à la rédaction il a été souhaité qu’en cette période troublée et tristounette à bien des égards, le dernier billet du Petit Berrichon soit un peu plus alerte, voir guilleret. Pour que ça fasse un peu plus Noël, pour que ça fasse un peu plus fête. Je sais pas si vous vous rendez compte du boulot. Me dire ça à moi qui n’aime pas ce moment de l’année. Ce moment où l’araignée se retourne et colle ses pattes au plafond. Cette période où mon moi se carapate pour laisser tout le loisir à mon sur-moi de trouver gris le plus magnifique des ciels bleus. Les fins d’année, et du coup le début de l’autre, m’apparaissent plus difficile que ne pourrait être, pour un boursicoteur, le jour de l’annonce de la chute des cours du pétrole, de l’or et du caviar réunis. C’est comme qui dirait Michel Onfray qui ferait rire avec ses tweets du mois de novembre. C’est comme si notre président éternel et vénéré Kim Jong-un recevait le prix Nobel de la Paix. C’est comme si les bouchers du Califat se voyaient attribuer les prix de meilleurs ouvriers en version Hallal. Bon, c’est un peu exagéré. Alors, le gros bonhomme avec la barbe blanche, la hotte et le nez d’un vigneron qui n’a jamais été Charlie, ce billet va vous en parler avec toute la gentillesse, et la candeur nécessaire à un Noël parfait.
En cette approche de la plus grande opération de merchandising que le monde a su générer, il a donc été décidé qu’il fallait rire, chanter le Noël blanc sous le soleil des Tropiques de Montagné, pas le professeur mais Gilbert, le chanteur. D’un commun accord nous allons faire Tireli-pimpom sur le chihuahua. On voudrait tellement s’y coller toute l’année mais c’est impossible désormais. Avec les connards du 13 novembre, ou ceux de janvier, on est obligé de choisir ses jours. Avant, on avait le choix dans la date mais plus maintenant. À ceux qui auraient, au premier coup, rétabli l’ordre des choses de la phrase précédente nous demandons la plus grande indulgence. Pour parfaire leur culture du bon mot, ils ont probablement déjà attaqué la version 2016 de l’Almanach Vermot. Cela fait 130 ans que, chaque année, sort une nouvelle édition. Chaque année, on cherche à l’offrir à celui de ses connaissances qui a le moins d’humour, souvent celui qui se croit le plus intelligent parce qu’il a une plus grosse… voiture. Preuve que ce doit être vrai, il n’a toujours pas compris l’histoire de M. Glloq, celui qui volait sans artifice ! On peut même lui raconter à chaque réunion autour de la table ou d’un verre (à consommer avec modération si, par une malencontreuse manipulation, on aurait mis de l’alcool dedans).
Petit papa Noël, toi qui descendra du ciel, n’oublie pas mes petits souliers parce qu’il se trouve que j’en possède deux de la même pointure. Il faudra aussi bien te couvrir parce que, COP 21 ou pas, la température ne permet pas encore de mettre exclusivement un bonnet de bain en guise de couvre-chef, ou alors en laine épaisse. C’est un minimum dans nos contrées en attendant les 2° supplémentaires annoncés. Il me tarde tant que le jour se lève pour vérifier que tu n’as pas pu apporter ce que je vois en rêve. D’abord, je ne t’ai rien commandé. Ensuite, Julia Roberts version fée Clochette, Meg Ryan et Demi Moore avant retouches, dans la même hotte, ça va faire un peu lourd à la fin. Et je parle même pas des histoires que cela pourrait engendrer à la maison… quand mon épouse va trouver tout ce monde à poil dans le salon, au pied du sapin !
Puisque l’on en est à la recherche des cadeaux, on pourrait envisager d’en proposer quelques uns à nos politiques. On ne sait pas, des trucs comme un casque et un scooter pour François, de nouvelles talonnettes pour Nicolas, un boulier pour Jef Copé, un nouvel étal de poissons pour Nadine, un chemin de croix un peu moderne pour Christine, sans the Queen, une Delorean pour Marine, pour faire un retour vers le futur, un peignoir neuf pour Dominique, afin qu’il vaque à ses occupations matinales dans sa salle de bain, une voiture électrique pour Ségo, etc. La liste est non exhaustive. Vous pouvez, vous même, attribuer le cadeau de vos rêves à toutes les personnes que vous connaissez de près ou de loin. Faites le chez vous. Cela ne coûte rien et ça fait plaisir. On peut même faire rigoler les copains… Surtout cela fait relativiser toutes les choses, toutes les situations, la plupart des maux et des mots. Même les résultats du premier tour des Régionales, c’est peu dire !
Bon, on en revient au petit papa Noël. Tu déconnes pas, si tu dois t’arrêter sur tous les toits du monde entier, tu as intérêt à attaquer les visites dès cette semaine. Tu prends le véhicule qui te fait le plus plaisir, un nuage, un traîneau conduit par des rênes, à l’ancienne, ou la dernière Ferrari sortie de Manarello. Tu choisis ce que tu veux mais tu fais comme dans la chanson, viens d’abord sur notre maison. Quand on lit les paroles de la ritournelle qui a fait la gloire de Tino Rossi – les moins de 50 ans trouveront toutes ses références sur Internet – on constate que l’égoïsme ne date pas d’hier. Cela n’arrange rien mais c’est plutôt rassurant de savoir que ça commençait à être tout pour ma gueule au milieu du siècle dernier ! La preuve que ce n’était pas forcément mieux avant et que les défauts, comme les diamants, sont décidément éternels.
Petit papa Noël, quand tu descendras du ciel, à l’aller ou au retour, au passage, si tu croises Dieu, Allah, Jehova, ou un autre, tu n’oublieras pas de leur dire, à chacun, qu’en ce moment ils ne sont pas tous très bien servis. Je dis ça, je dis rien … Joyeux Noël.
Fabrice Simœs