Marie du Berry a récemment écrit deux lettres ouvertes à Stéphane Bern et à Madame Nyssen, ministre de la Culture pour sauver l’abbaye de Loroy (18), elle explique les raisons de son combat.
Marie du Berry, vous avez récemment écrit deux lettres ouvertes à Stéphane Bern et à Madame Nyssen, ministre de la Culture pour sauver l’abbaye de Loroy, pourquoi ce combat pour l’abbaye de Loroy ?
« L’abbaye de Loroy, c’est d’abord une des plus puissantes abbayes cisterciennes du Berry, c’est aussi la nécropole des Sully et surtout le Domaine mystérieux du Grand Meaulnes. Comme je l’ai écrit dans mon carnet de voyage Les Balades littéraires publié en 2011 aux éditions CPE : « Se peut-il que le temps qui a mis des siècles à élaborer des bâtiments d’une grande richesse, la reconstruction au XVIIe et XVVIIIe est majestueuse, la ferme pilote du XIXe avec ses deux distilleries, ses hangars en pisé, son haras et ses bergeries, se peut-il que le temps inexorable, va tout avaler, tout détruire, tout faire disparaître ? »
Où se trouve-t-elle, peu de gens la connaissent ?
« En empruntant une petite route, on la découvre au fond des bois, en lisière de la forêt domaniale de Saint-Palais, sur la commune de Méry-es-Bois, malheureusement les propriétaires qui la laissent s’enfoncer tout doucement dans la décrépitude et l’oubli, l’ont carrément emmurée dans une friche qui l’envahit de toutes parts. On ne la voit plus. »
Vous l’associez au Grand Meaulnes pourquoi ?
« Alain-Fournier décrit le Domaine mystérieux ainsi : « ferme, château ou abbaye » ; d’ailleurs quand sa sœur Isabelle Rivière a accepté qu’Albicocco tourne le film Le Grand Meaulnes, elle a exigé que ce soit tourné à Loroy. »
Et vous, pourquoi cet intérêt pour Loroy ?
« Depuis 20 ans, j’ai animé des balades littéraires, dans un premier temps, dans le cadre de mes weekends à thème en chambre d’hôtes, le Salon des vacances en France (thème de l’année les personnages célèbres) m’a d’ailleurs décerné le prix coup de cœur en 1999 aux côtés de l’Hermione et la Maison d’Arsène Lupin pour mon week-end Dans les pas du Grand Meaulnes et d’Alain-Fournier, puis dans le cadre de notre association Les Amis de Marie du Berry, qui avait pour but la promotion du Berry à travers la littérature et l’histoire. Je rappelle que dans ce cadre, en 13 ans, nous avons réussi à commémorer, fêter, exhumer plus de 80 écrivains et personnages historiques (conteurs, poètes y compris). Je peux dire que j’ai emmené des centaines de personnes dans les pas du Grand Meaulnes, c’est un roman phare connu dans le monde entier. Chaque fois, j’ai buté contre l’abbaye de Loroy interdite. Chaque fois, les touristes qui venaient de la France entière, se sont révoltés devant l’état de délabrement dans lequel les propriétaires en indivision, la laissent s’enfoncer. »
L’abbaye est-elle classée ?
« Non, seulement inscrite aux monuments historiques. Voilà pourquoi après avoir écrit une lettre ouverte à Stéphane Bern, j’en ai envoyé une seconde à Madame Nyssen, ministre de la culture que j’ai adressée en même temps aux élus du Cher, aux présidents de la Région et du Département et aux grands patrons du Cher. J’espère fédérer tout ce monde autour d’un projet « Créer la route du Grand Meaulnes » pour sauver le tourisme en Berry. »
Et Stéphane Bern vous a-t-il répondu ?
« Par l’intermédiaire de Mélanie Pradalier, journaliste à la Voix du Sancerrois, à qui il a téléphoné lui-même parce qu’elle l’avait interpellé, il a dit qu’il était à mes côtés mais qu’il fallait en passer par le ministère de la Culture, pour le classement, ce que j’ai fait. »
Que pensez-vous de la nomination de Stéphane Bern en tant que monsieur Patrimoine par le Président de la République Emmanuel Macron ?
« Je pense qu’il convient parfaitement à cette fonction, même si cela va lui donner un surcroît de travail mais sa notoriété, ses succès avec Secrets d’histoire, font qu’il peut faire bouger les choses, c’est dans ce sens que je lui ai écrit. »
Vous avez parlé de sauver le tourisme dans le Berry, c’est-à-dire ?
« Dans le Haut-Berry, les prestataires touristiques ont du souci à se faire, le musée de la sorcellerie fermé définitivement et détruit, les propriétaires sont en train de tout casser pour qu’il redevienne une grange, les châteaux de Blancafort et de la Verrerie vendus. A, qui ? Personne ne le sait. L’Ecole-musée d’Epineuil-le-Fleuriel fait un appel aux dons pour ne pas fermer ses portes… Tout cela est très préoccupant. Une route Grand Meaulnes qui partirait de la Loire à vélo à Gien et qui passerait par Loroy qui pourrait devenir un pôle d’attraction touristique, culturel et historique, oxygénerait tout le Berry du Cher. Elle passerait par Bourges bien sûr, Noirlac et Epineuil. Sur le plan de l’économie touristique, ce serait un véritable atout. »
Un pôle d’attraction touristique, culturel et historique ?
« Le domaine mystérieux, c’est le lieu où les enfants sont les rois, c’est le lieu de la fête étrange, c’est le lieu d’un pays perdu, et il se trouve au milieu d’une forêt domaniale de 2 000 hectares, zone Natura 2000, en lisière de la Sologne, 500 000 hectares, ce n’est pas rien ! Si on était au Japon où l’on prend des bains de forêt, le projet prendrait vite forme, le Royaume des enfants, la Fête étrange, une forêt préservée, un environnement sain, CE SERAIT DEJA FAIT ! »
Mais que faites-vous des propriétaires s’ils ne veulent rien faire ?
« Pourquoi ne pas les associer dans une société mixte, personne ne refusera de s’associer à un projet qui, s’il est bien bâti, peut être viable économiquement et rapporter de l’argent. Voyez le château de Saint-Fargeau, le Puy du Fou et plus récemment la maison de Colette à St-Sauveur -en-Puisaye. Ce sont des exemples qui prouvent que si l’on veut, l’on peut. C’est pour cela que j’ai adressé la lettre envoyée à Madame Nyssen aux trois premiers grands patrons du département du Cher, des entreprises Rians-Triballat, Monin et Wilo Intec. Ceux-ci font connaître dans le monde entier le Berry avec leurs produits, le soutien à une route du Grand Meaulnes et au Domaine mystérieux ne peut que leur apporter de l’estime et de la notoriété, d’ailleurs les sponsors investissent de plus en plus dans le culturel. »
Pensez-vous que vous allez être entendue ?
« J’ai confiance. Agnès Sinsoulier-Bigot, vice-présidente du Conseil régional, m’a déjà répondu ainsi que le sénateur Pointereau, non seulement, ils m’apportent leur soutien mais ils vont agir, il faut que ce soit l’affaire de tous, en sauvant notre patrimoine, on sauve une région, un pays, c’est un combat que tout le monde devrait mener. Je m’adresse à tous les Berrichons, ensemble, nous réussirons. On n’a pas le droit de laisser disparaître notre beau patrimoine, je reçois des dizaines de mails de gens d’ici et d’ailleurs, du Berry mais aussi de Washington, de Belgique, de Paris !!! » .