J’ai cherché ce sur quoi j’allais m’attarder dans ce nouveau billet. Oui, mais voilà, un rythme soutenu et la fatigue aidant, panne sèche cette fois. Face aux turpitudes de la société et tourments du monde actuel dans sa globalité, vous me direz qu’il y a pourtant pléthore de sujets sur lesquels palabrer. Le cancer de Kate Middleton ? Les photos d’Emmanuel Macron, le boxeur ? Le succès de Pierre Garnier, dernier gagnant de la Star Academy ? Le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, en Lozère à l’occasion de la journée mondiale de l’eau ? Rien de bien sexy et d’émoustillant pour ma plume finalement, derrière tous ces titres parfois toxiques et histoires de buzz. Bof. Tout artiste, ou écrivain, ou féru(e) de mots, a déjà ressenti ce sentiment de manque d’inspiration, de nid creux. Mais puisque la nature, il paraît, a horreur du vide, une pensée vient toujours à un moment remplir cet espace vacant. Il suffit ainsi par exemple de tomber sur un programme télé.
De retour à l’hôtel après une cérémonie de prestige gastronomique à Tours (37) autour du guide Michelin et de chefs étoilés, dans notre robe de bal respectant le dress code indiqué, après quelques petits fours haut de gamme, une coupe de champagne, la bise au Bibendum plus une photo souvenir… La mini-série “It’s the sin” était diffusée ce soir-là, le 18 mars, sur France 2. Inconnue au bataillon, jamais entendu parler.
Un esthétisme audiovisuel vintage retenant l’attention (surtout sur la 2!), plus quelques visages connus comme celui de Neil Patrick Harris, déjà vu dans une autre série populaire, “How I met your mother”. Un intitulé intriguant : “Sin” ? Cela veut dire “pêché”… Mais peu importe, les premières minutes ont permis de comprendre rapidement le sujet, des scènes charnelles explicites facilitant : de jeunes hommes, qui ont la vie devant eux dans les années 1980, quittent leur province pour la grande ville (Londres), mais cette existence insouciante se voit vite rattrapée, fauchée par un étrange virus ravageur, circulant de prime abord au sein de la communauté gay. C’est-à-dire le VIH. Le Sida.
Cette série dramatique britannique de cinq épisodes, datée de 2021, a été programmée dans le cadre du Sidaction français annuel. Une bonne idée pour sensibiliser un lundi soir à la tv ? Pas pire que la diffusion d’une autre fiction à feuilletons, ”La peste”, sur France 2 aussi, adaptée du roman éponyme d’Albert Camus, donnant l’envie de zapper, car nous rappelant trop vite l’enfer des confinements Covid récents.
Pour revenir au Syndrome d’immunodéficience acquise, ce combat-là, le Sidaction en France, affiche donc en 2024 trente bougies, et chacun(e) oublie parfois ce risque, dans une époque qui file à toute vitesse, accablée par tant d’autres maux nouveaux (pandémie et Covid donc, retour de la guerre, inflation et pathologies consorts). Mais cette maladie existe encore, et touche tous les publics, toutes les sexualités désormais. La science progresse, les mentalités s’avèrent plus lentes, alors le petit écran martèle, et ce n’est jamais vain. Le prix Nobel, Françoise Barré-Sinoussi, immunologue, co-découvreuse du VIH, a pour sa part rappelé l’importance du respect de la loi de 2001 qui prévoit trois séances annuelles d’éducation à la vie sexuelle et affective pour tous les élèves, de l’école au lycée.
Solidaire, le congrès national du MoDem, qui avait posé ses idées politisées les 23 et 24 mars à Blois (41), n’avait pas omis de disposer une urne à l’entrée de la salle des débats, au Jeu de Paume, près des vestiaires. Dans une boîte transparente, ces contenants blancs que certains auront pris parfois pour des capsules de lait renfermaient des préservatifs estampillés de messages du parti, détournés de manière ludique pour mieux faire passer le message de prévention, entre Rameaux, stratégie d’avant élections européennes et donc collecte pour la cause Sida.
Ce n’est peut-être pas un sujet très gai, mais pas plus morose que les autres déroulés en préambule de ce billet. Et une page blanche peut ainsi se transformer contre toute attente en ordonnance : la vie est courte, protégez-vous, pensez à vous. Et surtout, au sens propre comme figuré, passez-là avec ceux qui vous rendent heureux, et non malades.
Émilie Rencien