Orléans : De l’eau propre pour le parc floral


En période de manque d’eau, les collectivités tentent de limiter les prélèvements dans les cours d’eau et préfèrent recycler celle qui peut l’être. C’est ce que fait l’agglomération orléanaise avec un nouveau système de filtration qui permet notamment d’arroser les parcs et jardins, dont le Parc floral de la Source, avec une eau… plus que propre !
Vous le savez sans doute, l’eau de pluie n’est pas considérée comme potable. Impossible de la récupérer et de l’utiliser, pas même pour la vaisselle. Figurez-vous que la réglementation pour l’arrosage de nos parcs publics est aussi draconienne. L’eau issue d’une station d’épuration, que l’on rejette légalement en Loire, ne peut pas servir à l’arrosage des jardins publics, ni même d’un golf. Les traitements sanitaires sont évidemment très sérieux, mais ne suffisent pourtant pas aux yeux de la législation pour arroser. En ces temps de stress hydrique, il fallait donc trouver une solution pour tenir en vie les spécimens végétaux qui font la fierté du Parc floral de la Source, premier site touristique du département. Jusqu’à présent, c’est naturellement l’eau du Loiret qui servait à cet arrosage ; 100 000 m3 en période estivale, il devenait urgent de les économiser. C’est donc en renforçant le système de filtration classique des eaux usées, que la solution fut trouvée. La station d’épuration de la Source/ St-Cyr-en-Val, qui rejette habituellement 1,6 millions de m3 d’eau dans la Loire, a été équipée d’un système de purification complémentaire. Une partie de cette eau passe désormais dans un filtre à sable supplémentaire, avant d’être soumise à un rayonnement Ultra-Violet puis une chloration. C’est assez simple, mais encore fallait-il investir 1,8 M€ dans cette nouvelle installation. Les travaux ont été faits entre mai 2021 et juin 2022, et voilà enfin que la DDT (Direction départementale des territoires/État) et l’ARS, agence régionale de santé, ont donné leur feu vert pour ce nouvel usage. C’est le moins que l’on pouvait attendre, puisque cette eau est dite « baignable de qualité  », autrement dit mieux qu’une eau potable ! Et pourtant….

Le risque zéro n’existe pas
Si donc on peut arroser les plantes avec cette eau parfaitement claire, pas question pour autant d’utiliser des « asperjeurs » si le vent souffle à plus de 30km/h ! « Le risque, expliquent les spécialistes, serait de contaminer les agents et les visiteurs avec l’eau mise en suspension dans l’air ». Mais alors, à quoi sert-il de traiter l’eau aux UV (sensés s’attaquer aux bactéries et virus), si l’on craint encore l’infection ? « C’est la loi ». Plus surprenant encore, bien que « baignable », cette eau reste interdite à la baignade ! Heureusement, elle devrait pouvoir servir au nettoyage de la voirie, à l’arrosage des espaces publics en centre-ville, et dans les camions hydro-cureurs. Si donc Escherichia Coli se dilue dans la Loire, même après être passée aux UV, elle est encore suffisamment concentrée pour qu’il ne faille pas prendre de risque dans nos jardins publics. La législation française garde décidément bien des mystères.
Stéphane de Laage