PARCOURS Nabil Attard, restaurateur de talent et réfugié syrien, a accueilli ses convives d’un soir, dans son restaurant orléanais « Närenj », avec son ami et chef du « Beauharnais ».
Stéphane de Laage
Le Refugee Food Festival, est une initiative citoyenne qui valorise les talents et facilite l’insertion professionnelle des chefs réfugiés. Il a lieu chaque année dans quelques villes du monde autour du 20 juin, journée mondiale des réfugiés. A Orléans, le restaurant de Nabil Attard, réfugié syrien, a organisé un dîner en partenariat avec le chef Nicolas Valleye, restaurateur à la Ferté Beauharnais. La Närenj a fait salle comble ce 19 juin. Les amis et sympathisants se sont retrouvés à la table de Nabil pour déguster un assortiment de plats syriens. Une occasion de découvrir les spécialités d’un chef pas tout à fait comme les autres.
Chapeau bas !
Nabil Attar était un brillant ingénieur en monétique. Il vivait bien et avait même fait son voyage de noce en France. Mais il y a trois ans, il a dû quitter son pays avec femme et enfants, sous la pression des bombes. « J’étais passionné de cuisine, j’adorais recevoir mes amis et préparer le repas. J’ai même rêvé d’ouvrir un restaurant à Damas ». Arrivé à Paris avec le peu qu’il lui restait, c’est naturellement vers la restauration qu’il s’est tourné. Accueilli à « la Résidence », restaurant d’exercice pour les chefs réfugiés, encouragé par l’association Food Sweet Food et le Collège culinaire de France, Nabil a pris un nouveau départ. En trois ans, il pratique un français presque parfait, s’est fait des amis, dont Nicolas Valleye, chef restaurateur à La Ferté-Beauharnais. C’est avec lui qu’il travaille désormais les produits locaux. « J’aime les revisiter pour les mettre au goût syrien ». Tartouit Maslouk, Ras Wa Lassanate et Houlu Bil Caraz sont désormais à la carte. L’histoire est belle et montre s’il en est besoin que la solidarité sait encore faire émerger des talents venus de loin, même cabossés par la vie.
Närenj, 178 rue de Bourgogne, Orléans