Vous devriez savoir qui il est, car il fut un acteur majeur en son domaine, la peinture. Le musée des Beaux-arts d’Orléans lui rend un hommage très légitime et nous donne l’occasion de découvrir des œuvres hors du commun.
Comment révéler un homme, avouons-le, peu connu du grand public, et pourtant figure française des arts graphiques au 19ème siècle, et bienfaiteur de la ville d’Orléans ?
Rendez-lui visite au Musée des Beaux-Arts d’Orléans (rue Fernand Rabier, www.orleans-metropole.fr), il y est exposé jusqu’au 30 avril.
Et c’est une fois encore, une exposition comme ce musée sait nous les offrir. Surprenante et instructive par le sujet, bien mise en scène et en lumière.
Jean Bardin est de ces artistes que l’on découvre un peu par hasard, au détour d’une exposition. Et pourtant, les Orléanais devraient tous le connaître, au moins de nom, puisque c’est lui qui posa les bases de ce qui est aujourd’hui l’ESAD, école supérieure d’art et de design, et c’est lui aussi qui participa à la création du musée des Beaux-Arts.
Né en 1732, agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture, il fut appelé en 1786, pour diriger l’École gratuite de dessin d’Orléans, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1809.
Surprenant destin
Alors qu’il se destinait à des études de commerce, Jean Bardin est devenu peintre. Un peintre de talent, qui s’est particulièrement illustré par la réalisation de très grands formats, souvent commandés par l’Église. L’une de ses œuvres les plus remarquables est sans doute constituée des sept toiles représentant les sept sacrements. Des huiles, chacune de cinq mètres de large sur deux de haut. Dans la salle centrale de l’exposition, s’affichent donc en splendeur, la Pénitence, l’Extrême-Onction, le Baptême, le Mariage, l’Ordination, la Confirmation et l’Eucharistie. Petit rappel de catéchisme, mais surtout l’expression d’un peintre qui fut l’un des grands de son siècle. Prix de Rome en 1765, agréé à l’Académie en 1779, il fut aussi résident, de 1768 à 1772, de l’Académie de France à Rome, comme pensionnaire du roi. C’est dire que l’artiste est reconnu et apprécié. Ses expositions publiques seront nombreuses, et les commandes d’Église tout autant.
Bardin est par ailleurs passé par l’École royale des élèves protégés. Ses premiers tableaux attirent l’attention des connaisseurs et lui valent ses premières grandes commandes. Le comte d’Artois le sollicite pour un Martyre de Saint Barthélemy, récemment redécouvert dans l’église de Mesnil-le-Roi lors d’une spectaculaire restauration. Il est aussi l’auteur de « Saint Charles Borromée donnant l’eucharistie aux pestiférés », « l’éducation de la Vierge », réalisé pour la cathédrale de Bayonne, des toiles aujourd’hui exposées au palais du Louvre.
Alors ne manquez pas cette exposition, même si les sujets qu’abordait Bardin à cette époque, ne sont, il est vrai, pas les plus « sexy » aujourd’hui. Voyez tout de même les études et les esquisses, réalisées au crayon ou à la plume, avec de magnifiques lavis d’encre noirs ou brune.
Après Jean-Baptiste Perronneau en 2017 et Jean-Marie Delaperche en 2020, c’est au tour de Jean Bardin de retrouver sa place dans l’histoire de l’art. Exposition plus que légitime pour un artiste qui fut donc aussi le fondateur de deux institutions majeures de sa ville.
Enfin, accordons à Frédéric Jimeno, docteur en histoire de l’art, d’avoir permis de réunir l’œuvre du peintre et dessinateur.
Stéphane de Laage