Ô dette, Ô désespoir


Oubliée pour cause de Covid, oubliée pour raison du « en même temps », oubliée tout simplement sur l’autel du temps qui passe, la dette est revenue. Comme la Mathilde, il faut faire avec ce retour non pas espéré, et encore moins souhaité, ô dette, puisque te v’là, te v’là. On le sentait venir depuis quelques jours le coup de la faillite et du PIB explosé. La dette abyssale, c’est le marronnier parfait pour faire peur à ceux qui envisageaient casser les noisettes de l’Écureuil de la Caisse d’épargne, aux titulaires de LEP et aux bénéficiaires des assurances vie à bas coût, et à petit profit. Les actionnaires, trop habitués à ces joutes économiques proches du tour de passe-passe financier, ont simplement regardé de l’autre côté pour ne pas voir la misère, comme les corbeaux, qui eux, volent sur le dos pour ne pas voir ça !
Sans dec, la dette, c’est le papier monnaie de John Law ! On n’est pas loin du retour de l’emprunt Russe du début du siècle dernier. Vous savez, celui qui n’a jamais été remboursé …Comme quoi, la dette, les emprunts, toussa, ça ressemble plus à un concert de flûtes traversières du chœur du collège Maurice-Ravel de Ciboure qu’à une représentation de la chevauchée des Walkyries par l’orchestre de Radio France. Si on en croit les oiseaux de mauvaises augures, ça va couiner dans les chaumières, dans les masures aussi mais pas vraiment dans les quartiers chics et les châteaux de province. 154 milliards de trou dans la caisse, c’est le chiffre annoncé pour le budget de l’État. Les 18 milliards de plus que ce qu’avait prévu Bercy, c’est tout de même une marge d’erreur qui bordaille les 9 %. On peut jouer les vierges effarouchées et crier qu’on ne l’avait pas vu venir, le débordement passe mal. En gros, on vient de découvrir que, en 2022, les prévisions de Gabriel Attal, ministre des comptes publiques, ne valaient pas mieux que celles de Madame Irma, et sa boule de cristal, dans sa roulotte sur la place du marché de Moncrabeau. Rappelons ici que ce petit village du Lot-et-Garonne s’est auto-proclamé capitale mondiale des menteurs. Depuis, Gabriel Attal est devenu Premier ministre. C’est donc lui qui est chargé de trouver la solution avec son copain Bruno. Cherchez l’erreur… Et, au lieu de la jouer profil bas, voilà que ces deux premiers de la classe, politique s’entend, nous expliquent que c’est la faute de ces fainéants de chômeurs qui sont au chôme’du par volonté de se la couler douce, aux malades qui pointent aux urgences et dans les pharmacies pour des raisons de confort, aux retraités qui ont décidé de ne pas mourir avant de partir en retraite, et aux salariés aux SMIC, profiteurs des 35 h, qui gâchent la productivité des entreprises.
Bruno le Maire est comme les vins d’Henri du presque même nom et sans la particule. Le premier vient de Neuilly et l’autre d’Arbois. Les uns comme l’autre peuvent être gouleyants. Ils peuvent être secs ou moelleux. Ils peuvent être sucrés ou salés. Ils peuvent même ne pas sentir la banane comme un beaujolais nouveau. Ils peuvent être tout ça et plus encore. Si les pinards d’Henri assument leurs différences, Bruno assure lui aussi totalement sa personnalité faite de contrastes entre politique de Droite et politique de rigueur de Droite, parce que, à Gauche, vous comprenez … Bruno est l’un des fils spirituels de François Fillon pour son humour, et de Margaret Thatcher pour sa sensibilité et son humanité. Comme eux, il a des solutions, des coups de rabot par-ci, des coups de rabot par-là. On oublie tout de suite le rabotage sur les 200 milliards d’aide aux entreprises pour le ruissellement qui ne vient pas, et ne viendra jamais. Les quasi 3 millions d’euros supplémentaires, le surcoût de la démocratie indirecte, distribués aux sénateurs cette année -et les années à venir itou-, on les met aussi dans la case des dépenses indispensables et les acquis sociaux des élites. On va se rabattre sur du sérieux, sur du réel, sur les APL et l’allocation chômage, sur les dépenses de santé aussi.
Gabriel et Bruno sont des gens cultivés et ils ont fait leur la citation d’Alphonse Allais : « Il faut prendre l’argent là où il se trouve : chez les pauvres. D’accord, ils n’en ont pas beaucoup mais ils sont plus nombreux … ».

Fabrice Simoes